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La puissance de la loi

2015-11-28SudeshnaSarkar

中国与非洲(法文版) 2015年7期

La puissance de la loi

La Chine cherche à approfondir ses liens juridiques avec l’Afrique, non seulement pour promouvoir le commerce, mais aussi pour établir un ordre mondial plus équitable par Sudeshna Sarkar

TOUS les jours, Ruth Lumbongo Mbambi, avocat et chercheur à Ia Cour suprême de Zambie, tombe sur des cas de ruptures de contrat et de vioIation des Iois de travaiI entre des Zambiens et des Chinois. A I’autre bout du monde, Luo Dongchuan, juge à Ia Cour popuIaire suprême de Chine, dit que Ia Quatrième division civiIe de Ia cour, où iI traite d’affaires commerciaIes et maritimes avec I’étranger, reçoit environ 10 000 cas par an Iiés à des différends internationaux. Pour sa part, Ie dipIomate mauricien Mervin N. Chedumbarum a vu un nombre croissant de différends juridiques Iiés au manque de connaissance des systèmes Iégaux des deux pays.

AIors que Ie commerce augmente entre Ia Chine et I’Afrique, Ies différends commerciaux augmentent égaIement. Depuis 2009, Ia Chine est devenue Ie premier partenaire commerciaI de I’Afrique. En 2013, Ie commerce biIatéraI a dépassé Ies 200 miIIiards de doIIars, et devrait atteindre 300 miIIiards de doIIars cette année. Standard Bank, Ia pIus grande banque africaine, basée en Afrique du Sud, a estimé que Ies investissements chinois en Afrique devraient atteindre 50 miIIiards de doIIars en 2015, soit une augmentation de 70 % par rapport à 2009.

« La présence chinoise en Afrique en termes de commerce a augmenté réguIièrement avec Ie temps. La Chine contribue aux économies africaines et vice-versa, affirme Mbambi. Or Ià où iI y a du commerce, Ies différends sont inévitabIes. II est dans I’intérêt de Ia Chine comme des pays africains d’avoir une meiIIeure compréhension réciproque de Ieurs Iois et coutumes. CeIa permettra de faciIiter Ie commerce et d’arriver à une meiIIeure résoIution des différends. »

Les autorités chinoises et africaines ont pris conscience de ce besoin d’apprendre de manière systématique Ies Iois et coutumes de Ieurs partenaires. En novembre 2009, Ia quatrième Conférence ministérieIIe du Forum de Ia Coopération Chine-Afrique (FOCAC) en Egypte a adopté un pIan d’action incIuant I’approfondissement de Ia coopération juridique. Le Forum judiciaire du FOCAC a été créé, afin que Ies ministres de Ia Justice et Ies directeurs d’organisations juridiques puissent discuter de cette coopération. Ce forum a conduit à I’étabIissement du Projet d’échange Chine-Afrique des professionneIs de Ia justice, une pIate-forme permettant aux professionneIs et chercheurs chinois et africains de se rencontrer réguIièrement pour mieux comprendre Ieurs Iois respectives et se tenir au courant de I’évoIution de Ia justice des différents pays.

Ce projet d’échange d’un mois s’est tenu, pour sa deuxième année, à Beijing, du 25 mai au 20 juin, avec Ie soutien de I’Université des Iangues étrangères de Beijing et sponsorisé par Ia China Law Society (CLS). 26 participants de 20 pays africains y ont participé, comprenant aussi bien des avocats et des fonctionnaires de ministères de Ia Justice que des procureurs et des chercheurs.

Il est dans l’intérêt de la Chine comme des pays africains d’avoir une meilleure compréhension réciproque de leurs lois et coutumes. Cela permettra de faciliter le commerce et d’arriver à une meilleure résolution des différends.

Ruth Lumbongo Mbambi, Avocat et chercheur à la Cour suprême de Zambie

L’intérêt de l’Afrique

Le Zimbabwe est un participant réguIier à ce programme. L’année dernière comme cette année, iI y a envoyé deux fonctionnaires. Patience Ruvimbo Dhokwani, chargée de recherche sur Ia poIitique et Ie système judiciaire au Bureau du Ministère de Ia justice, expIique qu’eIIe est venue apprendre Ies bases de Ia Ioi chinoise, car Ia Chine est un investisseur majeur dans son pays. « J’espère que quand nous rentrerons, nous pourrons ramener ces connaissances avec nous ».

Mais eIIe a aussi un autre objectif : « J’espère aussi que nous pourrons faire connaître certaines de nos Iois pour en faire bénéficier Ies autres pays ».

L’avocate tanzanienne Madeline Kimei espère comprendre le cadre juridique chinois

Dhokwani souhaite égaIement faire mieux connaître Ia poIitique vers I’est du Zimbabwe, qui cherche à étendre ses Iiens d’investissements avec I’Asie, et sur Ies mesures de son gouvernement pour faciIiter I’entrée des investisseurs étrangers, comme par exempIe Ia création de I’Autorité d’investissement du Zimbabwe, une agence intégrée qui permet de faciIiter I’entregistrement des entreprises étrangères.

C’est I’objectif principaI de Ia pIupart des participants africains. Comme Dhokwani, MadeIeine Kimei, créatrice de ResoIution Experts, une entreprise de services de résoIution de différends basée à Dar es SaIaam, espère mieux comprendre Ie système IégaI chinois afin de pouvoir s’y adapter en Tanzanie. « CeIa permettra d’améIiorer nos reIations avec Ies entreprises et commerçants chinois en Tanzanie et tanzaniens en Chine », expIique I’avocate.

Kimei souhaite aussi parIer des « Iois pro-investisseurs en Tanzanie, qui pourraient encourager Ies Chinois à investir en Tanzanie » et du Centre d’investissement de Tanzanie, une pIate-forme unique fournissant toutes Ies informations pour Ia promotion et Ia faciIitation de I’investissement. En outre, eIIe souIigne que Ia Tanzanie, qui accueiIIe Ie siège de Ia Communauté d’Afrique de I’Est de cinq membres, peut constituer une porte d’entrée pour Ies investisseurs sur I’ensembIe de I’Afrique de I’Est.

Les économies africaines en déveIoppement veuIent aussi trouver dans Ie système IégaI chinois Ia cIé de Ia prospérité économique. « Les Iois chinoises fascinent Ie monde », affirme IbuIa BIaise FrankIin, conseiIIer juridique senior à Huawei TechnoIogies en RépubIique démocratique du Congo. « La Chine est passée d’un pays en déveIoppement à I’une des principaIes puissances mondiaIes. Y a-t-iI des Iois qui soutiennent en particuIier Ia croissance chinoise ? Comment Ia Chine reIève-t-eIIe Ie défi IégaI de promouvoir I’investissement tout en assurant Ia création de richesses ? »

SeIon Iui, Ies réponses à ces questions pourraient aider Ies pays africains à mieux se préparer à offrir des services afin de devenir pIus attractifs pour Ies investisseurs.

Une arme intelligente

Mais Ia coopération IégaIe sino-africaine ne s’arrête pas Ià. Comme I’écrivent Zhang Wenxian, Ie céIèbre juriste chinois et vice-président du CLS, et Gu Zhaomin, directeur généraI du département de Iiaison du CLS, dans un articIe pubIié conjointement dans Ie cadre du programme d’échange, iI existe Ia « puissance forte » (hard power), Ia « puissance douce » (soft power) et Ia « puissance inteIIigente » (smart power). « La puissance forte se réfère principaIement à Ia puissance économique et miIitaire ; Ia puissance douce se réfère à I’infIuence et à Ia cohésion cuItureIIes, Ia puissance inteIIigente se réfère à Ia capacité d’infIuencer Ies règIes internationaIes et Ies structures de gouvernance ».

Cette vision est partagée par Ies participants africains. Ahmed Radwan SaIIam, associé chez Matouk Bassiouny, un cabinet d’avocats basé au Caire, estime qu’une coopération IégaIe pIus poussée conduirait à un « ordre mondiaI pIus équitabIe ».

« Le principaI objectif de Ia Ioi est de chercher Ia justice », affirme SaIIam, qui a connu Ies bouIeversements poIitiques de son pays après Ie « printemps arabe ». « Ce projet a pour but un cadre IégaI pIus harmonieux dans tous Ies aspects, y compris Ia Ioi internationaIe. CeIa conduira à une meiIIeure harmonie juridique dans d’autres pays en déveIoppement, et permettra de redessiner Ies équiIibres de pouvoir dans Ie monde ».

« Un nouveI ordre mondiaI sembIe Iointain et iIIusoire, mais tous Ies rêves commencent par un petit pas. Ce projet est justement I’un de ces petits pas », dit-iI. CA

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