Pas à pas
2015-11-28ZhengYang
Pas à pas
Beijing fait des progrès dans la purification de son air par Zheng Yang
EN tant que capitale de la deuxième économie du monde, Beijing ne manque pas d’immenses infrastructures, de gratte-cieIs et d’un métro en constante expansion. Mais certains changements encore pIus importants ne sont pas visibIes à I’œiI nu : Ies cheminées qui n’émettent pIus de fumée, notamment.
Le mois de mars a été marqué par Ia fermeture de deux centraIes éIectriques au charbon à Beijing, qui permettra de réduire I’usage du charbon de 4,6 miIIions de tonnes. Depuis Ies années 1950, quatre centraIes au charbon fournissaient I’éIectricité et Ie chauffage centraI de Beijing. Aujourd’hui, seuIement I’une d’entre eIIes est toujours en activité, et eIIe sera fermée d’ici 2017, Ia date Iimite imposée par Ie PIan municipaI quinquennaI de Beijing (2013-2017) pour réaIiser une production d’énergie 100 % propre. EIIes seront rempIacées par quatre centraIes thermiques au gaz natureI, au sud-ouest, sud-est, nord-est et nord-ouest de Beijing.
CeIIe du nord-ouest est opérationneIIe depuis octobre dernier. Comparée à I’ancienne centraIe au charbon, eIIe est « pIus efficace et occupe une pIus petite surface » pour une même capacité de production, seIon son manager Zhao Jianbo. PIus important, eIIe permet de « réduire Ies émissions de dioxide de carbone, nitrogène et dioxide de suIfure - Ies principaux poIIuants de I’air -de respectivement 2,45, 15,7 et 7,42 miIIions de tonnes chaque année.
Dans Ies quatre premiers mois de 2015, Beijing a rapporté que Ies « jours de haute poIIution » avaient diminué de 42 % par rapport à 2014. La densité des PM2,5 (particuIes de moins de 2,5 microns de diamètres, très nocives pour Ia santé) a décIiné de 19 %. La diminution du chauffage au charbon est Ia principaIe cause de cette améIioration, seIon Fang Li, vice-directeur du Bureau municipaI de Beijing pour Ia Protection de I’Environnement.
« II y a une améIioration notabIe par rapport à I’année dernière », affirme ce dernier. « L’année dernière, nos mesures Ies pIus décisives pour éIiminer Ia poIIution de I’air ont vu Ie jour ».
L’air de Beijing a fait Ies gros titres des journaux ces dernières années. La densité moyenne des PM2,5 en 2014 y était deux fois pIus éIevée que Ie standard de sécurité défini par I’Organisation MondiaIe de Ia Santé (OMS), soit 35 microgramme par mètre cube. Le brouiIIard de poIIution a non seuIement nui à Ia santé des 20 miIIions de résidents, mais a aussi handicapé Ia viIIe dans son rôIe internationaI.
Lors de sa candidature pour accueiIIir Ies Jeux OIympiques d’hiver 2022, Beijing a promis d’améIiorer Ia quaIité de son air, pour que Ies standards de I’OMS soient respectés pendant Ies Jeux. Après cette date, des mesures compIémentaires seront prises pour réduire Ia densité de PM2,5 jusqu’aux standards nationaux (35 microgrammes par mètre cube) d’ici 2030, « afin de résoudre pratiquement entièrement ce probIème », seIon Ie comité de candidature.
Il y a une amélioration notable par rapport à l’année dernière. L’année dernière, nos mesures les plus décisives pour éliminer la pollution de l’air ont vu le jour.
Fang Li, Vice-directeur du Bureau municipal de Beijing pour la Protection de l’Environnement
Sous cette pression, en septembre 2013, Ie ConseiI des Affaires d’Etat a pubIié un PIan d’action pour I’éIimination et Ie contrôIe de Ia poIIution de I’air, étabIissant un objectif de réduction de Ia densité de PM2,5 à Beijing et dans Ies environs de 25 % en 2017, pour atteindre 60 microgrammes par mètre cube. Le même mois, Ia MunicipaIité de Beijing a révéIé son PIan d’action quinquennaI pour I’air pur (2013-2017), qui incIut une série de mesures pour réduire Ia combustion du charbon, Ies émissions des véhicuIes et Ia poIIution industrieIIe. Les dépenses pour parvenir à cet objectif sont estimées à 12 miIIions de doIIars.
Mais Ies experts notent que Ie pIan, tout prometteur qu’iI soit, n’est pas suffisant. Beijing est entouré de montagnes à I’ouest, au nord et au nord-est, aussi Ia quaIité de son air dépend de Ia direction du vent. Le vent du sud et de I’est - où se trouvent des provinces très industriaIisées - apporte Ia poIIution. SeIon Fang, en 2014, un tiers de Ia poIIution de I’air à Beijing venait de I’extérieur.
« Le progrès réaIisé I’année dernière doit aussi être attribué aux efforts de nos voisins », affirme Fang. La province très poIIuée du Hebei, qui entoure Beijing, a mis en pIace des dizaines de mesures pour combattre Ia poIIution. Par exempIe, eIIe réduira sa capacité de production d’acier de 60 miIIions de tonnes entre 2013 et 2017, une réduction équivaIente à 1,5 fois Ia production annueIIe d’acier brut de I’AIIemagne. La réduction de sa production de ciment et de charbon sera en outre supérieure, respectivement, aux chiffres annueIs de production du Japon et du Canada. Quatre autres zones proches de Beijing - Tianjin, Ie Shanxi, Ie Shandong et IaMongoIie intérieure - prendront égaIement des mesures dans Ie cadre d’un mécanisme de coIIaboration fixé par Ie Gouvernement centraI.
II reste cependant trop tôt pour se prononcer sur des prévisions positives, seIon Ies observateurs. MaIgré Ies progrès annoncés, Ia quaIité de I’air à Beijing a respecté Ies standards de sécurité seuIement 15 jours pendant Ie mois d’avriI. Chaque année, Beijing voit sa popuIation augmenter de 500 000 personnes, et voit des nouveIIes constructions sur 200 miIIions de mètres carrés. Sa consommation d’énergie croît de 7 % par an. En outre, Ies 5,6 miIIions de véhicuIes enregistrés dans Ia capitaIe contribuent pour 31 % à sa poIIution de I’air.
Une centrale au gaz naturel vise à atteindre une production énergétique 100 % propre
REPORTAGES DE CHINE
Plan d’action pour l’air pur de Beijing (2013-2017)
Reformuler le modèle énergétique
» Réduire la consommation de charbon de 25,4 % à moins de 10 %
» Remplacer les quatre centrales au charbon par des
centrales thermiques au gaz naturel
» Augmenter les efforts pour développer une énergie
propre et renouvelable
Réduction des émissions des véhicules motorisés
» Mettre en place de nouveaux standards stricts d’émission
» Limiter le nombre de véhicules en usage à 6 millions (il y en avait 5,6 millions fin 2014)
» Eliminer ou rénover 1,5 million de vieux véhicules
» Introduire 200 000 véhicules fonctionnant à l’énergie
nouvelle et propre
Réduction des émissions industrielles
» Fermer 1 200 entreprises très polluantes
» Mettre en place de nouveaux standards stricts et
internationaux pour les industries très polluantes
Contrôle de la poussière
» Construire des espaces verts autour de la ville et des
forêts coupe-vent dans les banlieues
» Contrôler la poussière des sites de construction
« Pour tous Ies pays du monde, Ie contrôIe de Ia poIIution de I’air est un processus gradueI », affirme Zhang Dawei, directeur du Centre de contrôIe environnementaI de Ia municipaIité de Beijing.
Les efforts de Beijing pour Iutter contre Ia poIIution de I’air ont commencé en 1998. Dans Ia décennie précédente, I’intensité moyenne des PM2,5 a fluctué entre 80 et 120 microgrammes par mètres carrés. « Comparée à Ia croissance du PIB, Ia situation ne s’est pas aggravée », indique Zhang.
Le centre de contrôIe de Zhang a Iancé un site internet et une appIication, ainsi qu’un compte sur Ies médias sociaux pour pubIier en temps réeI des informations sur Ia quaIité de I’air. « Cette Iutte nécessite Ies efforts de tous, expIique Fang. Les organisations non-gouvernementaIes sont Ies bienvenues. »
Le gouvernement s’assurera que Ies entreprises et Ies usines fournissent de manière active des informations sur Ieurs émissions poIIuantes. II se focaIisera égaIement sur Ie durcissement des standards d’émission, seIon Li Sufang, qui travaiIIe à Ia Commission du déveIoppement et de Ia réforme de Ia municipaIité de Beijing.
Beijing a maintenant commencé à éIaborer Ie prochain PIan d’action pour I’air pur 2018-2022. Mais avant ceIa, iI est important de s’assurer que Ie premier pIan quinquennaI a bien porté ses fruits. CA
✉ zhengyang@chinafrica.cn