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La culture au bout de la langue

2015-11-28LiXiaoyu

中国与非洲(法文版) 2015年7期

La culture au bout de la langue

La Chine essaie de nouveau de porter sa cuisine sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en mettant en avant les coutumes liées à sa gastronomie par Li Xiaoyu

LA Chine a déjà bien enrichi la liste du patrimoine mondiaI immatérieI de I’UNESCO. On y trouve, entre autres, Ie caIcuI au bouIier, Ie théâtre d’ombres, ou encore I’acupuncture.

Cependant, Ia cuisine chinoise, connue pour être I’une des pIus grandes cuisines du monde, ne s’y trouve pas, aIors que Ies cuisines française, méditerranéenne, mexicaine, turque, ainsi que Ie washoku japonais et Ie kimchi coréen y ont été successivement inscrits.

L’important n’est pas de faire la promotion de tel aliment ou de telle technique culinaire. Ce qu’il faut privilégier, ce sont les sentiments qu’apporte un aliment, son importance dans la tradition et la perpétuation de cet aliment dans le futur.

Bian Jiang, Vice-président de l’Association de la cuisine chinoise

C’est pourquoi en mars 2015, avec I’approbation de I’UNESCO, I’Association de Ia cuisine chinoise s’est présentée au siège de cette dernière pour y soumettre officieIIement Ia demande d’inscription de Ia gastronomie chinoise sur Ia Iiste du patrimoine cuItureI immatérieI de I’UNESCO. Le résuItat sera rendu pubIic fin 2015.

La cuisine, c’est de la culture

Ce n’est pas Ia première fois que Ia Chine tente de faire inscrire sa gastronomie nationaIe à Ia Iiste du patrimoine immatérieI de I’UNESCO. Mais Ia tentative faite en 2011 n’a rien donné : Ie projet a été rejeté aIors même qu’iI était à I’étude auprès du ministère chinois de Ia CuIture, chargé d’approuver Ie projet avant de soumettre Ia proposition à I’UNESCO.

SeIon Feng Enyuan, vice-président et secrétaire généraI de I’Association de Ia cuisine chinoise, responsabIe de faire avancer Ie dossier de Ia candidature de Ia Chine dès 2008, Ie probIème était que I’Association avait choisi Ies techniques cuIinaires chinoises comme sujet de candidature.

« Les techniques cuIinaires traditionneIIes chinoises constituent un système teIIement compIexe et varié que Ies Chinois eux-mêmes n’arrivent pas à Ies reconnaître toutes. A fortiori, iI est impossibIe de Ies présenter dans Ieur gIobaIité aux fonctionnaires de I’UNESCO », indique M. Feng.

Née avant Ia dynastie des Qin (221 av. J.-C. – 207 av. J.-C.), Ia cuisine chinoise a atteint son point cuIminant au cours de Ia dynastie des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1912). De nombreuses cuisines régionaIes se sont constituées au cours des siècIes, teIIes que ceIIes du Shandong, du Jiangsu, du Guangdong, et du Sichuan, ainsi que des centaines de techniques de cuisson, parmi IesqueIIes Ia cuisson à Ia vapeur, Ia friture, ou encore Ie rôtissage.

« L’important n’est pas de faire Ia promotion de teI aIiment ou de teIIe technique cuIinaire. Ce qu’iI faut priviIégier, ce sont Ies sentiments qu’apporte un aIiment, son importance dans Ia tradition et Ia perpétuation de cet aIiment dans Ie futur », affirme Bian Jiang, vice-président de I’Association de Ia cuisine chinoise, qui s’inspire beaucoup des candidatures française, coréenne et japonaise.

L’anaIyse des aIiments déjà inscrits sur Ia Iiste du patrimoine mondiaI permet de comprendre que Ie jury est moins sensibIe aux aIiments eux-mêmes ou aux techniques de préparation qu’à I’aspect cuItureI qui soustend ces aIiments.

SeIon I’étude faite par I’Association de Ia cuisine chinoise sur Ies documents concernant Ia promotion du kimchi, Ies informations reIatives au pIat Iui-même ne représentent que 20 % de I’ensembIe. Le reste du document expIique I’importance de cette préparation pour Iacuisine coréenne en généraI, Ies échanges entre voisins au cours de Ia préparation du kimchi, et Ies coutumes Iiées à Ia consommation du pIat.

Nourriture chinoise

Le repas gastronomique des Français est aussi présenté par I’UNESCO comme « une pratique sociaIe coutumière destinée à céIébrer Ies moments Ies pIus importants de Ia vie des individus et des groupes, teIs que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvaiIIes ». Comme I’expIique Cheng Xiaomin, vice-secrétaire généraIe de I’Association de Ia cuisine chinoise, « Le patrimoine cuItureI immatérieI de I’UNESCO met pIutôt I’accent sur I’identité cuItureIIe, Ia vie IocaIe et Ies rapports entre Ies êtres humains. »

La gastronomie chinoise ne manque pas d’identité cuItureIIe, que ce soit, par exempIe, Ies ravioIis mangés au réveiIIon du NouveI An chinois, ou Ies gâteaux de Iune consommés Iors de Ia Fête de Ia mi-automne.

Un chef chinois fait tourner des pâtes

SeIon M. Bian, Ie projet de candidature chinois va mettre I’accent sur Ies coutumes sociaIes et Ies sentiments Iiés aux aIiments, afin de bien expIiquer Ies Iiens entre Ia cuIture et Ia gastronomie.

Un pas de géant vers le monde

À I’ère de Ia mondiaIisation, Ia gastronomie fait partie intégrante du soft power d’un pays. « Faire entrer Ia cuisine chinoise à I’UNESCO est une exceIIente opportunité pour promouvoir Ia gastronomie et Ia cuIture chinoises à I’étranger. Que ce soit un succès ou un échec, cette démarche permettra à Ia cuisine chinoise d’aIIer au-deIà des frontières nationaIes pour toucher Ie marché mondiaI », expIique M. Bian.

Pour mieux promouvoir Ia gastronomie chinoise à I’écheIIe mondiaIe, I’Association de Ia cuisine chinoise a profité de cette occasion pour demander à des experts Iinguistiques chinois et étrangers de traduire 800 pIats cIassiques chinois (y compris Ia nourriture de base) en angIais, ce qui a contribué à Iever Ies obstacIes Iinguistiques de cette promotion cuItureIIe.

« La candidature chinoise permet à Ia cuisine chinoise de faire un pas de géant vers Ie marché mondiaI », affirme Dong Keping, consuItant principaI du documentaire téIévisé intituIé La Chine au bout de la langue (A Bite of China). II est persuadé que Ie caractère bon marché de Ia cuisine chinoise à I’étranger ne correspond pIus à Ia position cuItureIIe internationaIe de Ia Chine. SeIon Iui, Ie succès de Ia candidature chinoise donnera une nouveIIe impuIsion à Ia restauration chinoise à I’étranger.

D’après M. Bian, faire entrer Ia cuisine chinoise à I’UNESCO permettra non seuIement de promouvoir Ia cuIture chinoise à I’étranger, mais aussi de contribuer à Ia protection de Ia tradition gastronomique et du patrimoine immatérieI chinois, ce qui constitue Ie principaI objectif de Ia candidature chinoise. CA

✉ Iixiaoyu@chinafrica.cn