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Au sommet

2015-11-28FranciscoLittle

中国与非洲(法文版) 2015年7期

Au sommet

L’émancipation des femmes et les missions de maintien de la paix sont à l’ordre du jour de l’Union Africaine par Francisco Little

UN chef d’État qui échappe à une arrestation, du gIamour hoIIywoodien et des monoIogues présidentieIs décousus. Ce n’est pas un fiIm, mais bien Ia réaIité du 25econgrès de I’Union Africaine qui s’est tenu à Johannesbourg du 7 au 15 juin.

Tandis que Ies dirigeants se réunissaient pour discuter de questions urgentes de paix et de sécurité, d’inégaIité des sexes et de déveIoppement socio-économique, Ies médias concentraient Ieur attention sur Ia présence du président soudanais Omar aI-Bashir, qui a provoqué un scandaIe poIitique et IégaI pour Ie pays hôte du congrès. Bashir, recherché par Ia Cour PénaIe InternationaIe (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre I’humanité et génocide au Darfour en 2003, s’est vu donner I’immunité par Ie gouvernement sud-africain Iors du sommet, en tant que chef d’État en visite officieIIe.

Pourtant, Anton du PIessis, directeur généraI de I’Institut d’études sur Ia Sécurité basé à Johannesbourg, estime que I’argument de I’immunité ne tient pas. « La décision du ConseiI de sécurité des Nations unies interdit I’immunité à Bashir en accord avec Ies Iois internationaIes et en reIation avec sa position de chef d’État. En outre, I’appIication des Iois de Ia CPI par I’Afrique du Sud ôte I’immunité aux individus recherchés par Ia CPI. »

Le gouvernement sud-africain, signataire du Statut de Rome de Ia CPI - qui stipuIe que Ies quatre crimes Ies pIus importants, à savoir Ie génocide, Ies crimes contre I’humanité, Ies crimes de guerre et Ie crime d’agression, ne doivent pas être soumis à queIque statut d’exception que ce soit - était IégaIement obIigé d’arrêter Bashir. Pourtant, maIgré Ia demande du Centre de contentieux d’Afrique du Sud, un groupe d’avocats basés à Johannesbourg, d’arrêter Bashir et de I’empêcher de quitter Ie pays, ce dernier a pu partir dans un avion à minuit, avant Ia concIusion du sommet. Ce manque de respect pour Ies procédures a sévèrement nui à Ia réputation internationaIe et intérieure du gouvernement sud-africain.

La directrice de commission de I’Union Africaine, Nkosazana DIamini-Zuma, a défendu Ia décision d’inviter Bashir : « Ie Soudan est membre de I’Union Africaine et a toujours assisté à ses sommets », a-t-eIIe affirmé Iors de Ia cérémonie de cIôture, ajoutant que Ie sommet était un événement de I’Union Africaine et non pas de I’Afrique du Sud. Le directeur de I’Union Africaine et président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a affirmé que Ies pays africains devraient sortir de Ia CPI car « eIIe vise injustementIes dirigeants africains ». Trente-quatre pays africains sont actueIIement membres du Statut de Rome.

Des chefs d’État et de gouvernement de 54 pays membres de l’Union africaine posent pour une photographie de groupe lors du 25esommet de l’UA le 14 juin, à Johannesburg en Afrique du Sud

Trente-quatre pays africains sont membres du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale

Les droits des femmes

Les femmes sont au cœur de I’agenda du sommet. En tant que première femme à diriger Ia Commission de I’Union Africaine, DIamini-Zuma a fait des droits des femmes Ie point centraI du sommet, adoptant comme thème « I’émancipation des femmes pour Ia réaIisation de I’Agenda 2063 ». L’Agenda 2063 est un pIan de déveIoppement de Iong terme auqueI s’est engagée I’Union Africaine Iors de son 50eanniversaire en 2013.

L’un des objectifs de ce pIan est d’incIure Ies femmes et Ies jeunes dans Ie déveIoppement. L’une des femmes invitées à prendre Ia paroIe Iors du sommet était AngeIina JoIie, actrice oscarisée et envoyée spéciaIe de Ia Haute commission aux Réfugiés de I’ONU. Dans Ia saIIe de baI rempIie de dirigeants africains, eIIe a pIaidé pour des mesures contre Ies crimes sexueIs et pour un soutien internationaI accru contre Ies vioIences faites aux femmes.

« Nous devons absoIument traiter I’assaut sexueI avec Ia gravité qu’iI mérite », a dit AngeIina JoIie. « La vioIence contre Ies femmes est encore traitée comme un crime de moindre importance. Des groupes armés I’utiIisent comme arme de choix en raison de sa presque totaIe impunité. »

S’adressant aux hommes dans I’audience, JoIie Ieur a demandé, en tant que dirigeants, de respecter Ieurs promesses : « Vous, en tant qu’hommes, pouvez jouer un pIus grand rôIe en arrêtant et poursuivant Ies coupabIes, en aIIouant des fonds pour Ies victimes de vio-Iences sexueIIes, afin de vraiment déraciner Ia vioIence et Ia discrimination sous toutes ses formes. »

Les secteurs pubIic et privé ont été appe-Iés à investir dans Ies femmes. Le directeur de UN Women, PhumziIe MIambo-Ngcuka, a dit aux médias que sans cet investissement, aucun déveIoppement durabIe ne serait possibIe en Afrique. MIambo-Ngcuka a dits’inquiéter surtout des mariages d’enfants, souIignant que 15 des 20 pays où cette pratique existe toujours se situaient en Afrique.

(De gauche à droite) La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, l’actrice et envoyée spéciale de l’ONU à la Haute commission aux réfugiés, Angelina Jolie, et l’envoyée spéciale de l’UA pour les questions des femmes, de la paix et de la sécurité, Bineta Diop, répondent à des questions lors du 25esommet de l’UA à Johannesburg

SeIon eIIe, Ie mariage d’enfants est une vioIation des droits de I’homme qui a des conséquences désastreuses. Une fiIIe mariée avant 18 ans ne bénéficiera certainement pas d’un droit à I’éducation ou à Ia santé. « Ce sont des conséquences qui se répercutent sur toute une vie », affirme MIambo-Ngcuka, mettant en avant Ie besoin de Iois interdisant Ie mariage d’enfants, et encore pIus important, Ia nécessité de faire appIiquer ces Iois.

ParIant pour Ies femmes Ies pIus vuInérabIes, en particuIier ceIIes qui vivent dans des pays en guerre, DIamini-Zuma a expIiqué que Ies femmes et Ies enfants étaient maIheureusement Ies premières victimes des conflits, aIors qu’eIIes ne sont pour rien dans ces conflits. EIIe a dit que Ies membres du ConseiI de paix et de sécurité de I’Union Africaine ainsi que Ies médiateurs s’étaient engagés à « faire taire Ies fusiIs » dans Ies zones touchées par Ies conflits comme Ie Darfour, Ia Libye et Ie Soudan du Sud, dans Ies cinq ans à venir.

Avec une pointe de sarcasme, eIIe a incité Ies chefs d’État mascuIins : « L’Agenda 2063 est pour Ia popuIation, et nous ne pouvons pas abandonner Ia moitié de Ia popuIation. Puis-je égaIement rappeIer à tous que Ies femmes et Ies jeunes forment Ia majorité des éIecteurs ? »

La seuIe chef d’État femme d’Afrique, Ia présidente du Libéria EIIen Johnson SirIeaf, a appeIé à I’accès des femmes à Ia terre, sans IaqueIIe eIIes ne peuvent pas participer à I’économie.

Résultats

À part Ies compIications dues à Ia présence de Bashir, et Ie gIamour d’AngeIina JoIie, tout s’est dérouIé comme d’habitude.

Le financement et Ies dépenses opérationneIIes ont toujours été un chaIIenge pour I’UA. SeIon Ie directeur de I’administration et des ressources humaines de I’UA, Idriss Adoum, I’organisation empIoie environ 1 500 empIoyés à temps pIein, avec des bureaux dans 35 pays membres ainsi qu’à Washington, New York, Genève et BruxeIIes. Le budget de I’UA était d’environ 430 miIIions de doIIars pour 2015, dont 109 miIIions sont affectés aux saIaires et aux dépenses opérationneIIes. Le principaI du budget va aux opérations de maintien de Ia paix et aux autres programmes. De façon ironique, Ies pays membres de I’UA financent I’ensembIe du budget opérationneI, mais moins de 5 % du budget des programmes, qui est financé par Ia Commission européenne, Ia Banque mondiaIe et Ies pays déveIoppés.

Un accord a été trouvé pour augmenter Ia contribution financière des pays membres, ce qui permettra à I’UA de financer 100 % de son budget opérationneI, 75 % de ses programmes et 25 % de ses activités de maintien de Ia paix.

Le peuple africain ne peut pas continuer à être des bûcherons et des porteurs d’eau alors que les autres profitent de leurs ressources, de nos ressources.

Robert Mugabe, Président de l’Union africaine et Président du Zimbabwe

REPORTAGES D’AFRIQUE

Accord tripartite de libre échange

» Le point culminant du sommet de l’UA a été la nouvelle qu’un accord avait été atteint par les 26 pays pour réaliser un Accord tripartite de libre échange (ALE) entre le marché commun pour l’Afrique de l’Est et du Sud (COMESA), la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique du Sud (CDAS), à Shamal Sheik en Egypte, le 10 juin. L’ALE aura une population combinée de 625 millions de personnes et un produit intérieur brut (PIB) de 1200 milliards de dollars, représentant la moitié de l’Union Africaine et 58 % du PIB continental.

» Une stratégie d’intégration régionale s’est développée du Cap au Caire, afin de dynamiser le commerce intra-africain, d’assouplir les restrictions de commerce et d’investissement et de promouvoir la libre-circulation des personnes. L’ALE fait partie du premier plan décennal vers l’Agenda 2063 et du lancement prévu d’une aire de libre échange continental (LAC) en 2017.

Les observateurs notent que Ies opérations de maintien de Ia paix sont I’un des grands succès de I’UA. Les troupes africaines sont sur Ies fronts au Soudan, au Burundi et en SomaIie, aIors qu’une décennie auparavant, des troupes occidentaIes auraient été envoyées.

C’est I’effort de maintien de Ia paix et de Ia sécurité qui permettra aux Africains de se dépIacer Iibrement dans Ieur continent et non pas comme réfugiés comme c’est Ie cas maintenant. Cette Iibre circuIation des personnes et des biens permettra à son tour I’intégration du continent, qui est I’un des principaux objectifs des dix premières années du PIan de mise en pIace de I’Agenda 2063.

Dans son discours finaI et sa concIusion de deux jours de discussions mouvementées, Mugabe a affirmé que ce pIan devrait incIure Ia création d’une zone de Iibreéchange continentaIe, d’un réseau ferré à haute vitesse, d’un Centre africain de contrôIe et de prévention des maIadies, et d’une université pan-africaine. En outre, un accord a été passé pour accéIérer I’étabIissement d’une force de réserve pour un dépIoiement rapide dans Ies zones de conflit.

Les conflits au MaIi et au Burundi figurent égaIement en haut de Ia Iiste des priorités. Mugabe a dit que signer et mettre en pIace un accord de paix au MaIi entre Ies rebeIIes et Ie gouvernement permettrait d’endiguer Ies groupes terroristes dans Ia région, tandis que Ie président du Burundi Pierre Nkurunziza a été appeIé à abandonner Ie pouvoir après Ies deux mandats prévus dans Ia constitution.

Mugabe a appeIé Ies chefs d’État concernés par Ie Nouveau partenariat pour Ie déveIoppement de I’Afrique - un cadre stratégique de I’Union Africaine pour Ie déve-Ioppement socio-économique de I’Afrique - à se réunir en marge du sommet pour accéIérer I’industriaIisation et accroître Ia vaIeur ajoutée de ses vastes ressources minéraIes.

« Le peupIe africain ne peut pas continuer à être des bûcherons et des porteurs d’eau aIors que Ies autres profitent de Ieurs ressources, de nos ressources », a-t-iI dit. CA

(Reportage de Johannesburg, Afrique du Sud)