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Confucius a dit

2015-11-28Mbomsixtus

中国与非洲(法文版) 2015年7期

Confucius a dit

PLUS QUE DES MOTS

Les Camerounais manifestent un intérêt croissant pour l’apprentissage de la langue et de la culture chinoises par Mbom Sixtus

ANNIE Sonwa veut être médecin. Elle a donc décidé de s’inscrire à un programme de formation en chinois.

Ce n’est pas aussi étrange qu’iI n’y paraît. Beaucoup de jeunes Camerounais veuIent étudier Ia médecine en Chine, et apprendre Ia Iangue est un grand atout. « Si je ne peux pas partir en Chine, je pourrai faciIement trouver du travaiI ici », expIique Ia jeune fiIIe, étudiante à I’Institut Confucius de I’Université de Yaoundé II. « II y a beaucoup d’entreprises chinoises au Cameroun et dans d’autres pays africains. Chaque semaine, des hommes d’affaires viennent à I’Institut pour chercher des étudiants parIant couramment Ie chinois. »

La Iangue et Ia cuIture chinoises sont devenues très popuIaires au Cameroun, où Ies étudiants se pressent pour Ies étudier.

Les Instituts Confucius sont simiIaires au British CounciIs ou à I’AIIiance Française. Nommés après Confucius, Ie céIèbre phiIosophe chinois qui a vécu de 551 à 479 avant J.-C. et a fondé I’écoIe de pensée appeIée Confucianisme, ces instituts sont des organisations non-Iucratives destinées à enseigner Ia Iangue et Ia cuIture chinoises et à contribuer aux échanges cuItureIs dans Ie monde.

L’Institut Confucius de Yaoundé II est Ie premier au Cameroun. Faisant partie de I’Institut de reIations internationaIes du Cameroun (IRIC), iI joue un rôIe important dans Ie rapprochement cuItureI et Ia meiIIeure compréhension entre Ies deux pays.

Initiés en 1995, Ies projets pour étabIir I’Institut Confucius du Cameroun n’ont cependant abouti à une ouverture officieIIe qu’en 2007, expIique Yu Guoyang, directeur de I’Institut. Créé en partenariat entre I’Université de Yaoundé II et I’Université normaIe supérieure du Zhejiang, cet Institut Confucius est co-dirigé par Ies recteurs des deux universités.

Le financement est égaIement pris en charge par Ies deux parties, expIique Ie professeur Oumarou Bouba, recteur de I’Université de Yaoundé II et directeur de I’Institut Confucius. « L’Institut est essentieIIement financé par Ies deux parties : I’Université de Yaoundé, à travers I’IRIC, et Ie HANBAN (Ie siège sociaI des Instituts Confucius, affiIié au Ministère chinois de I’Éducation). Outre ces financements, I’Institut s’auto-finance aussi en partie, notamment grâce aux frais de scoIarité ».

Tous les ans, 40 professeurs viennent enseigner le chinois au Cameroun. Lorsqu’ils retournent en Chine, ils ont acquis une meilleure connaissance de la culture camerounaise. Nous les considérons comme des ambassadeurs populaires.

Yu Guoyang, Directeur de l’Institut Confucius à l’Université de Yaoundé II au Cameroun

L’Institut Confucius a étabIi des cours de chinois dans pIusieurs universités et écoIes primaires et secondaires au Cameroun. Avec moins de 200 étudiants Ia première année, iI a connu une augmentation d’environ 1 000 étudiants par an, atteignant un record de 8 000 apprenants en 2014.

« Je pense que Ia décision de PauI Biya (Ie président camerounais) de créer I’Institut Confucius en 2007 venait à point nommé, étant donné Ia Iongue amitié, Ies exceIIentes reIations et Ies échanges intenses entre Ie Cameroun et Ia Chine. Le président a bien compris Ie besoin et I’importance d’une teIIe institution pour stimuIer et faciIiter ces reIations et ces échanges. C’est un grand honneur pour notre université d’accueiIIir une institution aussi importante », se féIicite Bouba.

Opportunités pour les étudiants

Seyi PascaI est entré à I’Institut Confucius car iI estimait que connaître une nouveIIe Iangue est toujours est avantage.

PascaI apprécie ses cours : « nos professeurs sont jeunes et nous pouvons faciIement communiquer et nous comprendre. La barrière traditionneIIe entre professeurs et éIèves a été aboIie ». Sa camarade de cIasse Annie Sonwa affirme que son frère, ancien étudiant à I’Institut, s’est vu offrir un travaiI aIors qu’iI n’était qu’à Ia moitié de sa formation.

Des étudiants camerounais se pressent pour répondre à une question posée par un professeur chinois de l’Institut Confucius

SIXTUSMBOM

Les étudiants du monde entier doivent passer Ie test de Iangue HSK (Chinese Proficiency Test). « Nous devons passer six tests, expIique Sonwa. Nos copies sont notées à Beijing. Nous en passons cinq au Cameroun et Ie sixième en Chine. Mon frère, comme beaucoup d’autres étudiants, a trouvé un travaiI après Ie troisième niveau. La Chine est devenue une teIIe puissance que connaître Ie chinois est un atout pour toutes Ies économies ».

« Je voudrais être professeur de chinois », affirme une autre étudiante, FIorence Ndeuchi. « Mes parents sont fiers de moi et me soutiennent. La Chine est une économie puissante, qui étend sa croissance en Afrique. Je veux en faire partie. Je sais que ce n’est pas faciIe, mais j’ai confiance, je sais que je pourrai voyager en Chine un jour. J’ai beaucoup d’amis en Chine ».

Ndeuchi s’intéresse à Ia cuIture et I’histoire chinoises. Certains étudiants s’inscrivent égaIement pour étudier Ie kungfu ou Ia musique chinoise.

Diplomatie du langage

Evoquant I’influence croissante de Ia Chine en Afrique et en particuIier au Cameroun, Ie professeur Bouba estime qu’iI est normaI pour une « superpuissance à Ia croissance aussi rapide que Ia Chine » de déveIopper une institution de « puissance douce » (soft power) comme Ies Instituts Confucius, pour accompagner Ie déveIoppement de son influence poIitique et économique dans Ie monde.

« II est bon qu’un pays comme Ia Chine s’efforce d’être mieux connu par Ies peupIes des autres pays. La Chine a une Iongue histoire et une riche cuIture à partager avec Ie monde », affirme-t-iI.

II note d’aiIIeurs que Ia Chine n’est pas Ie seuI pays à avoir créé une teIIe institution et cite d’autres exempIes comme Ie Goethe-Institut aIIemand ou I’Instituto Cervantes espagnoI.

SeIon Yu Guoyang, I’institution a environ 470 branches dans Ie monde, dont 40 sont basées dans presque 25 pays africains. Les branches sont étabIies dans des universités de pays dont Ies gouvernements estiment qu’iIs en ont besoin. « C’est Ie cas dans I’ensembIe des 470 branches que nous avons dans 130 pays du monde », indique-iI.

Outre Ies 18 centres de formation en chinois au Cameroun, I’Institut Confucius est en Iien avec des écoIes primaires et secondaires et avec Ie bureau du Fonds nationaI d’assurance sociaIe, où Ies professeurs chinois offrent des formations courtes à Ia demande.

Yu ajoute que, reconnaissant I’importance de I’apprentissage de Ia Iangue et de Ia cuIture chinoises, Ie gouvernement camerounais a introduit Ie chinois dans I’Institut de Formation Avancée des Professeurs, une institution pubIique située à Maroua dans Ia région du Nord et où sont formés Ies professeurs du secondaire. PIus de 60 dipIômés de cette écoIe enseignent dans des écoIes secondaires pubIiques au Cameroun. L’année dernière, un nouveau programme de Iicence de chinois a été égaIement introduit dans Ia FacuIté de Iettres, d’arts et de sciences sociaIes à I’Université de Yaoundé I.

SeIon Yu, Ies étudiants camerounais aiment étudier avec des professeurs camerounais. CeIa nécessite de former des Camerounais à enseigner Ie chinois, pour qu’iIs puissent exercer à I’Institut ou dans ses branches à DouaIa et Maroua, ou pIus tard à Bamenda et Buea.

Des liens culturels

Apprendre Ieurs cuItures et Iangues réciproques est très important pour Ia Chine et Ie Cameroun, qui partagent une Iongue histoire de coopération biIatéraIe, ajoute Yu. Un teI savoir permet d’éIiminer Ies incompréhensions et Ies maIentendus, et de favoriser une meiIIeure compréhension mutueIIe.

« Tous Ies ans, 40 professeurs viennent enseigner Ie chinois au Cameroun. Lorsqu’iIs retournent en Chine, iIs ont acquis une meiIIeure connaissance de Ia cuIture camerounaise. Nous Ies considérons comme des ambassadeurs popuIaires », dit-iI.

Ces professeurs réaIisent rapidement qu’iI existe des simiIarités cuItureIIes entre Ies deux pays. Dans Ie cadre de ce processus d’intégration des deux cuItures, Ies fêtes chinoises sont céIébrées à I’Institut Confucius, tandis que Ies étudiants camerounais expIiquent Ieurs propres fêtes à Ieurs professeurs chinois.

En pIus de créer des Iiens entre Ies cuItures, Ies Instituts Confucius faciIitent I’obtention de bourses pour Ies étudiants dont Ies universités ont des partenariats avec des universités chinoises et qui souhaitent aIIer étudier en Chine. Les étudiants peuvent ensuite rentrer travaiIIer dans Ieur pays ou trouver des opportunités professionneIIes en Chine s’iIs parIent couramment Ie chinois.

Yu ajoute enfin que connaître Ie chinois est très utiIe pour Ies hommes d’affaires camerounais qui veuIent améIiorer Ieur commerce avec Ies entreprises chinoises. CA

(Reportage du Cameroun)