Adaptation aux changements
2017-03-30LamultifonctionnalitruraleetlaformedudeoffrevontparticiperauveloppementagricoleenChineparZhengFengtian
La multifonctionnalité rurale et la réforme du côté de l’offre vont participer au développement agricole en Chine par Zheng Fengtian
Adaptation aux changements
La multifonctionnalité rurale et la réforme du côté de l’offre vont participer au développement agricole en Chine par Zheng Fengtian
EN 2017, la Chine va approfondir sa réforme structurelle du côté de l’offre dans l’agriculture et accroître la compétitivité globale du secteur. Ce sont des principaux objectifs que s’est fi xés « le Document central N°1 » publié par le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et le Conseil des Affaires d’État, au lendemain de la fête du Printemps. Il s’agit là de la 14eannée consécutive depuis le début du siècle que la première déclaration de politique de l’année des autorités centrales chinoises porte sur les problèmes liés à l’agriculture, aux paysans et aux régions rurales.
Développer la multifonctionnalité
L’une des nouveautés du document de cette année réside dans son appel à la promotion des nouvelles industries et des nouveaux modes de production agricole pour faire avancer la réforme structurelle du côté de l’offre dans l’agriculture. Les nouveaux modes font principalement référence au développement de la multifonctionnalité rurale. En effet, au cours des dernières années, la communauté académique internationale estime que les régions rurales assument quatre fonctions, mais la Chine n’en assume que deux traditionnelles : ces régions abritent la production agricole et les paysans. Pourtant, la campagne a commencé à assumer diverses fonctions et à devenir l’arrièrecour des villes. Les villages peuvent servir aujourd’hui de sites de tourisme, de loisirs et de détente, et certains sont même susceptibles d’abriter les retraités des villes. Si ces deux nouvelles fonctions ont été valorisées dans les pays développés, elles en sont encore à un stade embryonnaire en Chine en dépit des grandes potentialités.
Le document du Comité central du PCC va dans ce sens. Les nouvelles fonctions devraient devenir un nouveau moteur pour le développement rapide des régions rurales. En fait, les sites naturels, la culture locale et les spécialités régionales sont attrayants. Or, la plupart des villages chinois restent étrangers au reste du monde. Certains villages typiques ne sont pas bien maintenus par manque de fonds, si bien que leur attractivité touristique demeure insatisfaisante. La multifonctionnalité devrait donc être mise en valeur dans le futur développement rural.
Réforme structurelle du côté de l’offre
Le document appelle aussi à promouvoir un mode de production biologique en faveur du développement agricole durable. Cela consiste principalement à renforcer la protection environnementale des sites d’exploitation agricole. En même temps, on devrait appliquer de bonnes pratiques agricoles et accroître l’offre des produits de haute qualité adaptés aux besoins du marché.
L’actuelle structure agricole de la Chine est suff i sante pour satisfaire aux besoins élémentaires du quotidien. Au stade actuel de son développement, atteindre le plus grand rendement possible constitue le principal objectif de la production agricole. Mais la Chine compte aujourd’hui 300 millions d’habitants qui peuvent être considérés comme des consommateurs aisés, et ils sont plus exigeants sur la qualité et la sécurité des produits alimentaires. Ainsi, pour répondre à ces besoins croissants, il est essentiel de conduire la réforme structurelle du côté de l’offre dans l’agriculture et de restructurer la production agricole.
Prenons l’exemple du blé. Au cours des cinq dernières années, la production de blé en Chine a augmenté à un rythme annuel de plus de 2,5 millions de tonnes. Du point de vue de l’offre et de la demande, la production et la consommation de blé en Chine sont essentiellement équilibrées, et un léger excédent de l’offre se dégage parfois. Or, pendant longtemps, le secteur a principalement voulu accroître la production du blé de moyenne et de basse qualité pour la consommation des nouilles, négligeant la culture du blé pour la préparation du pain, des gâteaux ou des biscuits. Pourtant, sous l’inf l uence du mode de vie occidental, la nouvelle génération de Chinois a développé un goût pour ces derniers produits. La demande intérieure chinoise pour le blé riche en gluten a donc rapidement augmenté, entraînant une importation annuelle de plus de deux millions de tonnes de blé de haute qualité.
Pour faire face à ce nouveau déséquilibre, il est nécessaire d’améliorer la production, l’approvisionnement et la commercialisation. À l’heure actuelle, le système chinois en la matière fonctionne de la façon suivante : les agriculteurs cultivent et récoltent du blé, et puis le vendent aux intermédiaires, qui le revendent au stock nationalde céréales ou aux entreprises de transformation. Satisfaisant la demande générale en termes de production de blé, ce système est pourtant susceptible de causer la défaillance du marché lorsque celui-ci exige une plus grande quantité d’un genre spécif i que de blé, comme le blé riche en gluten. Étant donné que le blé de haute qualité ne peut toujours générer un revenu élevé et que son rendement n’est pas garanti en raison d’insuff i sance technologique, les paysans ne veulent pas prendre le risque d’essayer les nouvelles variétés. Ils préfèrent cultiver le blé traditionnel, qui peut être toujours revendu au stock national de céréales.
Ainsi, il s’avère urgent pour la Chine de développer une base de production du blé riche en gluten. Une solution consisterait à mettre en place un système de production, d’approvisionnement et de stockage en fonction d’indicateurs qualitatifs. Pour le moment, la Chine n’a pas encore établi un système de ce genre.
Des exemples à suivre
Le district de Yanjin, situé dans la province du Henan, peut servir d’exemple pour la production de blé de haute qualité en Chine. Actuellement, le district compte 500 000 mu (33 333 hectares) de blé de haute qualité. Le 17 mai 2016, l’Alliance pour l’innovation technologique dans l’industrie du blé de haute qualité a été établie, visant principalement à promouvoir davantage la production de ce type de blé. Par ailleurs, le district a contribué à la création de la société Xinxiang Wheat lndustry Group, qui a établi deux chaînes industrielles : farine – nouilles – pâtisserie – surgelés et alcool – emballage – étiquetage – logistiques. Il s’agit là d’un moyen innovant d’encourager la modernisation de la production chinoise de blé.
De leur côté, les entreprises de transformation sont aussi en quête des solutions pour améliorer leurs produits à base de blé de haute qualité. La société Jinmailang Foods Co. Ltd., un célèbre fabricant chinois de nouilles instantanées basé dans la province du Hebei, a lancé en 2005 un projet portant sur le blé de haute qualité en ouvrant dans le district de Longyao un parc de démonstration agricole étendu aujourd’hui sur environ un million de mu (66 666 hectares). « Nous avons développé du blé de haute qualité et augmenté les revenus des paysans locaux. Nous croyons qu’il faut assurer la qualité de nos produits alimentaires à partir des champs », aff i rme Fan Xianguo, président de Jinmailang Group.
Malgré ces résultats, il reste un long chemin à parcourir pour atteindre une modernisation globale de la production du blé de haute qualité en Chine, et l’une des plus grandes diff i cultés réside dans la réforme du système de culture des semences. CA
(L’auteur est professeur de la faculté d’agriculture et développement rural à l’Université Renmin de Chine, et chercheur à l’Académie nationale du développement et de la stratégie.)
La réforme du côté de l’offre est la principale mesure pour stimuler le développement de l’agriculture en Chine.