La place des femmes est de partout
2017-03-30
La place des femmes est de partout
La parité est toujours une question importante dans le développement social de chaque pays ; les pays africains ne font pas exception. Avec le développement économique rapide du continent, le statut des femmes est également en progression, selon les observateurs. À l’occasion de la couverture de CHINAFRIQUE sur la Journée internationale des Femmes le 8 mars, nous avons demandé à trois ambassadrices africaines en Chine – Tania Romualdo, ambassadrice du Cap-Vert ; Lebohang Ntsinyi, ambassadrice du Lesotho ; et Dolana Msimang, ambassadrice d’Afrique du Sud – de partager avec nous leurs opinions sur les progrès réalisés et les déf i s qui persistent dans leurs pays respectifs pour la marche des femmes vers l’égalité des sexes.
Tania Romualdo Ambassadrice du Cap-Vert en Chine
Faire une différence positive
Au Cap-Vert, les femmes jouent un rôle essentiel dans la société, pas seulement en tant qu’éducatrices au sein de la famille et de la société, mais également en tant que professionnelles. Les femmes jouent un rôle important dans l’éducation des enfants et dans le façonnage de leur comportement en société. C’est la raison pour laquelle les femmes sont dans une position particulièrement adéquate pour exercer leur inf l uence sur l’esprit des gens. Bien entendu, cela ne peut se réaliser rapidement et il s’agit d’un processus qui prendra plusieurs années.
Nos accomplissements en matière d’égalité des sexes sont formidables. Dans notre précédent gouvernement, deux tiers des ministres étaient des femmes ; et à travail égal, nous recevons un salaire égal. Nous avons également un accès équitable aux opportunités dans l’éducation et l’emploi. Mais il nous reste encore un long chemin à parcourir. Au parlement, le nombre de femmes est relativement faible, pas parce qu’il y a des restrictions sur l’accès des femmes, mais parce que le nombre de femmes jouant un rôle majeur en politique n’est pas suff i samment élevé. Dans les zones rurales, les femmes ont une vie diff i cile et doivent affronter des déf i s très importants, qui le sont d’autant plus pour les mères célibataires ou les femmes dont les maris ont émigré à la recherche de conditions meilleures pour leur famille.
La coopération sino-africaine peut émanciper les femmes en mettant en place les dix plans de coopération adoptés lors du Sommet de Johannesburg sur la Coopération sino-africaine fi n 2015. En particulier, les projets traitant de la modernisation agricole, du développement vert, de la réduction de la pauvreté, de la santé publique, ainsi que des échanges culturels et interpersonnels, peuvent jouer un rôle important dans ce domaine.
Au Cap-Vert, l’Institut cap-verdien pour l’égalité des genres et la parité s’occupe de faire progresser l’égalité des genres. J’aimerais promouvoir le contact direct entre leur président et les dirigeants d’institutions similaires en Chine, af i n d’établir un partenariat entre les institutions homologues.
Je pense que les femmes chinoises et africaines peuvent apprendre beaucoup plus, si elles privilégient le dialogue et commencent à partager leurs expériences. Cela peut déf i nitivement nous aider à atteindre nos objectifs de compréhension et de respect mutuels, d’échange d’expériences et d’apprentissage les uns des autres. Les femmes africaines vivant en Chine doivent saisir cette magnif i que opportunité de vivre dans un pays aussi riche au niveau culturel que la Chine. Elles devraient explorer la Chine de toutes les façons possibles pour promouvoir leur propre pays et continent, et favoriser non seulement le dialogue politique, la coopération et les relations commerciales, mais également les échanges culturels et interpersonnels. Après tout, c’est cela qui nous rapprochera et fera de ce monde un endroit meilleur. CA
Lebohang Ntsinyi Ambassadrice du Lesotho en Chine
Émanciper les femmes
D’un point de vue historique, le Lesotho a toujours été encerclé par l’Afrique du Sud et depuis longtemps, les hommes du Lesotho sont nombreux à émigrer en Afrique du Sud pour travailler dans les mines, tandis que leurs sœurs et leurs femmes restent à la maison. Par ailleurs, lorsque les garçons sont un peu plus grands, beaucoup d’entre eux vont travailler dans les mines ou surveillent les animaux, tandis que leurs sœurs vont à l’école.
Du fait de ce contexte culturel, le Lesotho possède plus de fi lles éduquées que de garçons, contrairement à de nombreux pays africains où les fi lles sont désavantagées en matière – entre autres – d’éducation. Mais ce fossé a tendance à se réduire, car les temps changent. C’est également la raison pour laquelle le Lesotho possède aujourd’hui un taux d’alphabétisation supérieur à 90 % : les hommes et les femmes sont éduqués de façon égale. Au niveau de l’emploi, le Lesotho n’a jamais fait de distinction entre les hommes et les femmes. Il n’y a pas de discrimination : à travail égal, salaire égal. Il s’agit d’une tradition au Lesotho.
Cependant, en matière de politique, les femmes continuent d’être en retrait. Elles hésitent à assumer ouvertement une position politique, par peur de s’engager dans la mêlée. De plus, les femmes ont tendance à choisir de rester à la maison et d’élever leurs enfants. Cela a un impact sur leur carrière professionnelle. C’est pourquoi j’espère que nous parviendrons à trouver un moyen de faire partager cette responsabilité [d’élever un enfant] entre l’homme et la femme.
Nous espérons que la coopération sino-africaine favorisera la décentralisation et aidera certaines entreprises ou certains autres types de secteurs à se développer dans les villages, af i n qu’il y ait moins de migration urbaine. Si les femmes peuvent trouver du travail dans leurs propres zones rurales, elles y resteront. Cela permettra de s’assurer que les familles ne soient pas morcelées. Socialement, cela bénéf i ciera également aux enfants. J’ai remarqué qu’en Chine, il est possible de trouver des femmes à des postes de cadres intermédiaires, mais il y en a très peu dans les postes plus élevés. Au Lesotho, l’égalité se trouve jusqu’en haut de l’échelle. CA
Dolana Msimang Ambassadrice d’Afrique du Sud en Chine
S’unir pour un futur meilleur
Les femmes à travers le monde ont un sens inhérent des responsabilités et la volonté de faire des sacrif i ces pour le bien-être des autres. Ces qualités chez les
femmes à travers l’ensemble du spectre de la société sont ce qui nous donne espoir pour l’avenir.
L’année dernière, l’Afrique du Sud a célébré son 60eanniversaire de la Marche des femmes vers les Bâtiments de l’Union [N.D.T. : le siège du gouvernement] à Pretoria en 1956. Le 9 août de cette année-là, l’un des événements historiques les plus marquants dans la lutte pour la liberté et les droits des femmes en Afrique du Sud s’est déroulé à Pretoria, la capitale administrative du pays.
Plus de 20 000 femmes de tous horizons ethniques ont marché vers les Bâtiments de l’Union pour protester contre la législation visant à renforcer le contrôle du gouvernement d’apartheid sur la circulation des femmes noires en zones urbaines. Elles protestaient également contre l’idée selon laquelle « la place des femmes est en cuisine », aff i rmant au contraire que celle-ci se trouvait « de partout ». Cette foule digne et disciplinée démontra la force et la détermination des femmes lorsqu’elles sont unies, se battant pour l’égalité des droits, la démocratie et la légitimité.
Les femmes – que ce soit en Afrique, en Asie ou ailleurs – ont le désir intrinsèque de faire du monde un endroit meilleur. Il est donc essentiel pour elles de s’assurer qu’elles aient leur place légitime en politique, dans le gouvernement, au sein des entreprises et de la société civile. Il faut que les femmes et les fi lles de tout âge aient accès à une éducation de qualité, aux soins de santé universels, à une alimentation et un logement adéquats, ainsi qu’à un environnement paisible et sûr.
Il s’agit des objectifs de nombreux pays, gouvernements et organisations internationales. Af i n d’assurer notre futur pour les générations à venir, il est de notre devoir, en tant que femmes et indépendamment de notre âge, emploi ou statut, d’internaliser ces objectifs et de contribuer à leur réalisation avec force et détermination, dans le cadre d’un projet plus global visant à faire du monde un endroit meilleur pour chacun. CA