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Faiseuses et précurseuses

2017-03-30

中国与非洲(法文版) 2017年3期

Faiseuses et précurseuses

De plus en plus de femmes se lancent dans l’aventure entrepreneuriale pour répondre à leurs envies créatives. Sudeshna Sarkar de CHINAFRIQUE a rencontré deux d’entre elles, basées au Nigeria et en Chine, pour découvrir ce qui motive leur passion.

Doux rêves

POUR Princess Odiakosa, une seule petite chose avait le pouvoir d’amoindrir la joie de voyager à l’étranger : le chocolat. Chaque fois qu’elle partait à l’étranger, les membres de sa famille et ses amis lui demandaient de rapporter du chocolat. Par ailleurs, elle n’avait jamais de bon chocolat à offrir à ses amis à l’étranger. Pour cette responsable en formation et marketing chez dbrownconsulting, une entreprise en conseils fi nanciers basée dans la ville côtière de Lagos, c’était absurde : le Nigeria est l’un des principaux producteurs de cacao en Afrique, le principal ingrédient du chocolat… ll y avait même un cacaoyer planté par sa sœur, qui poussait juste devant la maison familiale.

Odiakosa commença donc à vouloir fabriquer ellemême ses chocolats : « J’ai toujours voulu fabriquer du chocolat, parce que j’adore le chocolat... et j’adore également mon pays », explique la jeune femme qui, avec ses deux professions et un emploi du temps très chargé, a trouvé le temps de partager son rêve entrepreneurial avec CHINAFRIQUE. « Je voulais que nous ayons notre propre chocolat… quelque chose à offrir aux autres, mais aussi à nous. Quelque chose qui nous appartienne. »

Odiakosa ne parvenait cependant pas à trouver de formation pour apprendre à fabriquer du chocolat à Lagos et c’est seulement lorsqu’elle se rendit en Suède pour rendre visite à un ami, qu’elle fi nit par en trouver une. Elle décida donc de retourner en Suède et de trouver une formation courte dans le chocolat, coïncidant avec son voyage. Cela se matérialisa en 2014 et deux années plus tard, elle lança Kalabari Gecko, sa marque de chocolat - un chocolat à base de fèves de cacao 100 % nigérianes.

La jeune femme de 37 ans reçoit désormais ses fèves d’un agriculteur de conf i ance dans l’état d’Ondo et se procure tous les autres ingrédients localement. Ce nom pittoresque, aussi attractif que ses chocolats, avec le petit gecko noir à bandes colorées, vient d’une connaissance qui lui a conseillé de choisir un nom nigérian. Les Kalabari sont une tribu ancienne, qui vivait dans le delta du Niger.

Kalabari Gecko est un exemple de passion et de bonne gestion du temps : « Mon atelier est basé chez moi, explique Odiakosa. Je n’ai pas encore d’employés. Habituellement, je produis le matin avant d’aller au travail ou après, en fi n de journée. J’arrive à produire 800 truffes en quatre jours. »

En tant que petite entreprise, elle a décidé de ne pas demander de crédit bancaire pour son activité. Le capital initial provient de son travail journalier. Pour faire des ventes, elle utilise Internet et les réseaux sociaux. Les commandes peuvent se faire par l’intermédiaire du site Kalabari Gecko, ses pages Twitter et Instagram, ainsi que les amis et les fans qui transmettent également le mot. Elle a également exporté des échantillons vers le Royaume-Uni pour tâter le terrain à l’international.

Les ventes de l’année dernière, dont l’objectif était de tester le marché, furent encourageantes. Cette année, elle a vu ses commandes augmenter brusquement : « La StValentin était un peu diff i cile pour moi… J’ai dû refuser certaines commandes, car mon travail de jour était très exigeant. Aujourd’hui, je m’ajuste plus au palais nigérian. Il faut vraiment aimer le chocolat pour en faire. Vous devez en apprécier chaque facette, ainsi que le plaisir qu’il procure. »

Pour une mère divorcée, qui se bat depuis dix ans pour obtenir la garde de ses trois enfants, le temps est précieux : « Mon travail actuel est très exigeant. Jongler entre chaque chose peut parfois être un peu extrême. J’essaie de garder le cap sur mes objectifs, et de rester concentrée et positive. »

Son projet pour 2017 est de démissionner en novembre et de devenir chocolatière à plein temps.

Princess Odiakosa.

Princess Odiakosa peut fabriquer 800 truffes au chocolat en 4 jours dans ses heures de loisir.

Abenet Papy à Beijing pour la promotion de la culture éthiopienne et d’Habesha Coffee.

Une tasse de culture

POUR Abenet Papy, le café n’est pas seulement une boisson, c’est aussi une introduction à la culture de son pays. « J’aime le café et j’aime mon pays, explique cette entrepreneur éthiopienne de 26 ans, qui a appris à faire le café à l’éthiopienne, lorsqu’elle avait neuf ans grâce à sa grand-mère. C’est ce qui m’a décidée à me lancer dans le business du café. »

Papy est arrivée en Chine en 2010, lorsqu’elle n’était encore qu’une adolescente spontanée, pour étudier l’ingénierie grâce à une bourse du gouvernement chinois. Après avoir obtenu sa licence, elle prépare aujourd’hui son master à l’Université de technologie de Beijing. Au cours de ces sept années passées à Beijing, il lui est arrivé de travailler, principalement comme agente commerciale dans des expositions et démonstratrice lors d’événements culturels.

« Lors d’événements comme les expositions touristiques, où il faut promouvoir la culture de votre pays, comme il s’agit d’une partie de la culture éthiopienne, on me demandait de montrer comment préparer du café, explique la jeune femme. L’Éthiopie est le lieu de naissance du café, qui tire son nom de la province du Kafa, d’où est originaire l’Arabica sauvage. Nous avons plus de 58 saveurs dans le café, incluant la plupart des saveurs de fruits contenues dans le thé. Pourtant, peu de gens savent cela. Beaucoup de gens en Chine pensent que le café vient d’Amérique latine, du Brésil ou de Colombie. »

Alors qu’elle travaille avec un important vendeur de café en Chine, elle fut choquée de la façon dont celui-ci gérait son activité : « C’était très commercial et entièrement orienté vers le prof i t, explique-t-elle. Je trouvais que c’était un manque de respect pour notre culture. En Éthiopie, on ne boit jamais le café seul. On le boit toujours avec ses voisins. On sert également des desserts et des noix avec le café, et les gens viennent et parlent de leurs problèmes, des potins et ils partagent. » C’est la raison pour laquelle Abenet Papy a lancé en 2015 sa propre entreprise à Beijing, Habesha Coffee. « Habesha » signif i e « le peuple du Nord de l’Afrique ». « J’ai commencé avec 35 kg de café acheté en Éthiopie et mes parents ont payé pour l’ensemble de l’entreprise. Il s’agissait de tâter le terrain », explique Papy.

Son café fut tout d’abord vendu sur la plate-forme chinoise de e-commerce Taobao, par l’intermédiaire de l’application WeChat, dans quelques points de vente et au cours d’expositions. La réponse fut suff i samment bonne pour continuer. Papy achète ses grains de café dans un commerce d’État à Addis-Abeba et les fait torréf i er là-bas également. Cela ajoute un risque et un coût pour l’entreprise, car les grains torréf i és doivent être consommés sous un certain délai pour ne pas perdre leur fraîcheur. Cela signif i e qu’elle doit faire venir sa marchandise par avion. Même si cela coûte moins cher par bateau, l’envoi prendrait au moins trois semaines.

Il n’en reste pas moins que son entreprise a connu un succès suff i sant pour que Papy prévoie d’ouvrir cette année un café-restaurant à Beijing, ainsi que des points de vente dans d’autres villes majeures de Chine ayant une population africaine suff i sante, comme Shanghai et Guangzhou. Papy discute également avec un investisseur chinois intéressé pour voir si le café peut être torréf i é en Chine, ce qui donnerait à son entreprise une plus grande marge de manœuvre.

Avec le café, elle vend également des tasses éthiopiennes en céramique et l’indispensable cafetière éthiopienne en argile, façonnée à la main. En 2018, une fois qu’elle aura fi ni son master en ingénierie structurelle, Papy prévoit de travailler à la fois comme ingénieure et de gérer son affaire de vente de café : « J’aime les deux et je veux faire grandir les deux de façon simultanée. »

Elle aime également les déf i s : « En Chine, les gens ne boivent pas vraiment de café, ils boivent du thé. Je veux apporter quelque chose de nouveau à la culture chinoise du thé. » CA

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