L'amour,le plaisir et la colère des Québécois
2015-04-17魁北克大学蒙特利尔分校SylvainStAmand
● 魁北克大学蒙特利尔分校 Sylvain St-Amand
L'amour,le plaisir et la colère des Québécois
● 魁北克大学蒙特利尔分校 Sylvain St-Amand
Quand on lit des romans québécois,quand on regarde des films tournés ici,ou quand on écoute des chansons du Québec,inévitablement on va croiser des personnages qui voudront exprimer desémotions fortes,de plaisir ou de colère.Pour les comprendre,on aura besoin de clefs pour décoder les expressions populaires et comprendre ce que veulent dire leurs auteurs.Je vais essayer de démêler un peu certaines façons de faire et de dire qui sont ici très courantes.
L'amour.D'abord,quand les Québécois parlent de leurs amis,de leur amoureux ou de leurs connaissances,les Québécois ont des codes bienàeux qui reflètent nos mœurs très ouvertes.La copine d'abord sera juste pour une fille une bonne amie,mais pour un garçon elle désigne la petite amie.A l'inverse,le copain est le petit ami(amoureux)d'une fille ou d'un garçon homosexuel(gai).L'expression chum est aussi très utilisée par les filles pour parler de leur copain,alors que les garçons parleront plutôt de leur blonde pour parler de leur amante.Un chum de gars ou une chum de fille cependant n'implique aucun lien amoureux,juste d'amitié.
Conversation entre deux chums de filles,Cynthia et Rachel:«As-tu un chum?»demande CynthiaàRachel.«Je pensais que oui,son nom est Simon,et on est sorti ensemble pendant trois semaine(nous nous sommes fréquentés pendant trois semaines).Mais finalement,je me suis aperçu qu'il me trompait et qu'il avait déjàune blonde!Ma copine Alexandra l'a vu bécoter une fille,dit-elle,et voilàque cette fille qui s'appelle Mylène,c'est la coloc(colocataire,qui partage un appartement avec quelqu'un)de son chum Paul!»Cynthia dans tous sesétats lui dit:«Merde,c'est terrible,le monde est vraiment petit.Et ce coloc de Simon,son copain c'est André,non?»«Oui,Simon,Paul et Andrésont tous des chums de secondaire(ils se sont tous connusàl'école secondaire,l'équivalent du lycée en France),mais je ne pensais pas que Paul et Andréétaient ensemble,et je ne me suis jamais méfiée de Mylène puisqu'elle vivait avec André.»Pas facileàsuivre,hein?
Pour la vie amoureuse avec un Qúebécois ou une Québécoise,connaissez bien les expressions et le mode de progression intime,pour ne pas vous mettre dans de mauvais draps et profiter de la vie au Québec.Un couple commence par se donner des becs(des baisers),puis de façon mutuellement consentante pourra se mettreàfrencher(French kiss);ils passeront ensuiteàdes attouchements plus intimes,et ils finiront si tout va toujours bien par coucher ensemble(faire l'amour).Et peut-être vivront-ils heureux jusqu'àla fin des jours.Nos voisins du Sud,les Américains comparent cette progression intime au jeu du base-ball:premier coussin(first base),deuxième,troisième,et coup de circuit(homerun).Ce sont des codes qu'utilisent parfois les jeunes hommes pour décrire oùils se sont rendus dans le domaine de l'intimitéavec leur blonde.
Le plaisir.Entre amis,on se fait du fun,c'est-à-dire que l'on veut avoir du plaisir.Quand c'est plaisant,c'est au boutte,c'est cool,ça peut mêmeêtreécœurant,ouécœuramment le fun.Attentionàla façon paradoxale d'exprimer des choses positives par des expressions contraires.Je connais une jeune française qui s'est fait dire par quelques garçons qu'elleétait vraimentécœurante et quiétait dévastée par l'effet qu'elle avait.On a dûlui expliquer que ce que les garçons disaient était en fait un très beau compliment sur son apparence.Paradoxe québécois.
Au Québec,on utilise en effet beaucoup la forme négative pour exprimer quelque chose de positif.Je ne sais pourquoi,peut-être cela vient-il d'une tradition paysanne prudente ou modeste,d'un fonds superstitieux qui veutéviter d'attirer l'attention sur son bonheur.Par exemple,quand on demandeàquelqu'un commentça va,on répondra pas mal(comme vous direz«bu cuo»),pas pire,ou pas si pire,et si tout va vraiment bien,on dira pas pire pantoutte(pantoutte voulant dire habituellement pas du tout,mais qui ici veut dire vraiment).Quand c'est agréable,on dira que c'est pas platte(féminin de plat,qui luiévoque quelque chose d'ennuyeux,gris,beige,sanséclat ni surprise),ou pas triste.Ou bien sûr,pas pire.«Ça va?»demanda-t-il.«Oui,pas pire,je dirais même pas pire pantoutte.C'est vraiment pas platte ces jours-ci»,répondit-elle.
On dira aussi:«Ça pourrait aller mieux,mais cela coûterait plus cher.»«Ça va comme c'est mené.»(réponse ambiguë,qui dit que si on s'arrange bien,les choses iront bien,ou au contraire,si on ne sait mener ses affaires,tout va de travers.)«Cela pourraitêtre pire,cela pourrait aller plus mal.»
La colère.La colère s'exprime d'abord par les jurons,qui au Québec réfèrent presque toujours aux objets sacrés utilisés dans les rites catholiques:le calice,le tabernacle,l'hostie,ou alors Jésus-Christ,le Christ,ou sa mère Marie la Vierge.Cela deviendra calisse,tabarnaque,osti,crisse,viarge.«Je suis en colère»pourra alors se dire«Chus(forme compresse de je suis)en calice,en tabarnaque ou en osti».On peut même faire des additions pour marquer notreémotion,en disant par exemple«chus en osti de calisse».Les jurons peuvent aussi devenir des verbes:«Je m'en calisse(Je m'en fous)»,ou encore«Je vais te crisser dehors(Je vais te foutreàla porte)».
«Tu as l'air fâché? »lui dit-il.«Chus en tabarnak de calice,je me suis fais volémon bicycle(vélo)»,lui répondit-elle sur un ton hargneux.
Pour insulter ou pour injurier,on dira:«Tu es un enfant de chienne»,«Mange de la marde(merde)»,«Tu me fais chier»,«Tu n'es rien qu'un trou de cul»,etc.
(本文作者:魁北克大学蒙特利尔分校国际关系处主任桑贤文)