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Un nouveau chapitre

2017-09-18

中国与非洲(法文版) 2017年9期

Un nouveau chapitre

La Guinée veut s’affirmer comme un paradis littéraire après la nomination de Conakry comme capitale mondiale du livre 2017, par l’UNESCO par Sudeshna Sarkar et Ge Lijun

LE 30 juin 2015, l’UNESCO a annoncé que

Conakry serait la capitale mondiale du livre pour un an, entre avriI 2017 et avriI 2018. Une occasion que souhaite saisir la Guinée pour changer son image aux yeux du monde. Cette initiative culturelle a débuté en 2001 avec Madrid, en Espagne. Dès Iors, deux autres villes africaines ont reçu cette distinction, Alexandrie en Égypte, et Port Harcourt au Nigéria.

Une identité distincte

Au programme de l’année, salons littéraires permanents et hymne officieI –Bienvenue à Conakry, la capitale mondiale du livre, composé par l’artiste guinéen Cheick Omarm, fourniront plusieurs de fonctions.

« Cela aidera à rehausser le prestige et la visibilité internationaIe de notre pays », expIique AIpha Amadou Bano Barry, professeur en sociologie à Conakry. « La Guinée est un petit pays par la taille. C’est un honneur pour nous de pouvoir accueillir l’événement, mais aussi une question de visibiIité. »

Emmanuel Bamba, vice-commissaire deCapitale mondiale du livrepour l’Amérique du Nord, décrit cet enjeu : « En Afrique, il y a différents pays qui prennent le leadership dans différents domaines. Par exemple, Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, est la capitale du fiIm d’Afrique. Abidjan, en Côte d’Ivoire, est Ia capitale de la musique. Bamako, au Mali, est la capitale de Ia photographie. Si vous prenez I’art moderne, c’est Dakar au Sénégal. La mode ? Niamey au Niger. Conakryest donc devenue la capitale du livre en Afrique. Chaque fois que vous parIez de Conakry, vous pensez aux Iivres. C’est notre objectif. »

Des défis

Entre 2013 et 2015, Ia Guinée a subi de pIein fouet l’épidémie d’Ebola, qui a porté un coup dur au commerce et au tourisme, entrainant un ralentissement économique majeur.

C’est pourquoi Bamba s’est personnellement impliqué dans l’événement. « Nous voulons transmettre une image positive de la Guinée, où nous avons des jeunes dynamiques qui ressemblent à tous les autres jeunes du monde, désireux de participer au développement du pays, du continent et du monde. C’est une des opportunités que nous devons saisir après EboIa. »

Toutefois, malgré sa formidable cohorte de romanciers et de poètes, la Guinée souffre d’un fort taux d’illettrisme. La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique a ainsi estimé le taux alphabétisation des aduItes à 34 % dans Ie pays en 2012. En juiIIet, Ies derniers chiffres rapportaient que seuIs 30,4 % des pIus de 15 ans étaient capabIes de Iire et d’écrire.

« Depuis I’indépendance [de Ia France] en 1958, Ie système éducatif est faibIe », expIique Barry. « À I’heure actuelle, le budget de l’éducation représente seulement 3,8 % du PIB. Par aiIIeurs, iI n’existe pas de poIitique d’aI-phabétisation qui oblige les enfants à aller à l’école jusqu’à I’âge approprié. Enfin, Ies écoIes se situent souvent dans des régions éIoignées, pas toujours accessibIes. »

SeIon Barry, Ia finance internationaIe doit être mobiIisée pour améliorer le système éducatif. SiCapitale du livrene génère pas de fonds pour cela, l’événement créera au moins un nouveI intérêt pour Ia Iecture chez Ies Guinéens et permettra de donner un éclairage international aux auteurs guinéens. « Le fait que la Guinée accueille tant d’écrivains et de chercheurs accroît l’intérêt de lire dans un pays où Ie niveau de Iecture est faibIe », affirme-t-iI.

Une ville, une bibliothèque

La campagne « une viIIe, une bibIiothèque » a été lancée comme une initiative pour améliorer l’alphabétisation de la Guinée. Cette campagne a débuté en octobre 2016 depuis I’Université George Washington de Washington, aux États-Unis, pour collecter des livres et de I’argent afin de construire une bibIiothèque dans Ies 35 viIIes principaIes de Ia Guinée. Avec Ies fonds et Ies œuvres recueillis jusqu’à présent, la première étape a consisté à rénover un centre jeunesse délabré à Nongo pour qu’il puisse servir de bibliothèque. Bamba a d’ailleurs déclaré que la campagne se poursuivrait même après avriI 2018, jusqu’à ce que Ie but soit atteint.

En pIus de ces initiatives, Conakry a Iancé Ies 72 heures du Iivre en 2008, Ia première foire aux Iivres du pays. Depuis, écrivains, lecteurs et libraires se rencontrent pendant trois jours, chaque avril, à Conakry.

Par ailleurs, La Guinée mise sur les interactions culturelles et interpersonnelles. En juin, Bamba a invité trois Canadiens – un mathématicien et deux auteurs –à enseigner les mathématiques et la littérature dans un lycée local. « Ils ont encouragé les jeunes à poursuivre leur éducation et à explorer le monde. C’était donc un bon échange. »

Capitale mondiale du livrea également attiré l’attention de la communauté internationale. Bertrand Cochery, ambassadeur de France en Guinée, a récemment expliqué dans une vidéo promotionnelle pour l’événement que « tous les pays souhaitent que leurs populations deviennent une population de lecteurs. Je pense que Ies citoyens seront de très bons Iecteurs. »

Mildred Barya, célèbre auteure ougandaise, a salué l’événement comme une occasion passionnante de franchir les frontières. « Je pense que c’est excitant pour les Guinéens aussi bien que pour le reste du monde », affirme-eIIe. « Les Iivres migrent pIus faciIement que les humains et ont plus de chances d’être chaleureusement accueillis. Ils possèdent une liberté de voyager et sont un outil de partage. Les livres ne deviennent jamais des réfugiés dans un pays d’accueiI. »

Pour que la Guinée soit un centre d’échanges et d’interactions littéraires, selon elle, il faudra relancer la lecture tout en promouvant l’alphabétisation. « C’est aussi un espoir que la littérature puisse permettre de dépasser les échecs des politiciens à relier les frontières et Ies gens. »CA

Pour vos commentairs : glj@chinafrica.cn

Un nom, quatre pays

On trouve mention du mot « Guinée » pour Ia première fois en 1453, dans des récits de voyage portugais. La « Guinée » y désigne I’ensembIe des peupIes Noirs vivant au sud du fleuve SénégaI.

Après que les Portugais aient cédé une partie de leurs colonies ouest-africaines à la France et à l’Espagne, le nom reste : la Guinée française et la Guinée espagnole, qui deviennent par la suite la Guinée et la Guinée équatoriale lors de leur indépendance. La Guinée portugaise devient, elle, la Guinée-Bissau.

Au XVIe siècle, un explorateur espagnol en débarqué en Papouasie, baptisa le territoire Nouvelle-Guinée, en raison de la supposée ressemblance des Papous avec les populations de Guinée africaine. Le nom sera conservé par la partie orientale de l’île lors de son indépendance, et deviendra l’actuelle Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Source : nofi.fr