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Afrique : l’urbanisation est en marche

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中国与非洲(法文版) 2017年6期

relever le déf i de la structuration immobilière par françois essomba

Afrique : l’urbanisation est en marche

relever le déf i de la structuration immobilière par françois essomba

en accueillant presque la moitié de la

population africaine – estimée à un milliard d’habitants – les villes africaines sont désormais confrontées aux effets de la croissance urbaine. Constructions anarchiques dans des zones à risque, occupation de l’espace sur la voie publique, nuisances sonores, insalubrité et insécurité sont autant de facteurs liés à la montée en puissance démographique dans la plupart des grands centres urbains d’Afrique.

L’enjeu est donc de taille pour les dirigeants africains. Plus de cinquante ans après les décolonisations, les zones urbaines africaines se sont peuplées et étendues à un rythme effréné, que les infrastructures et les services n’ont pas suivi. L’Afrique connait une transition démographique massive, et voit sa population s’accroitre massivement, avec la baisse de la mortalité infantile notamment et un taux de natalité en nette progression.

Concentrant 70 à 75 % du PIB à l’échelle du continent, les villes africaines commencent toutefois à prendre conscience que l’urbanisation reste un facteur de développement économique de taille, lorsqu’elle est bien gérée. Ce qui sous-entend également de ne pas négliger le développement de la ruralité. Nombre d’urbanistes africains soutiennent d’ailleurs fermement qu’une modernisation effective passe nécessairement par les villes, mais aussi les campagnes.

Un bilan mitigé

Les bidonvilles dans les grandes métropoles africaines constituent l’une des principales causes d’insécurité.

Ces quartiers, principalement composés d’habitations insalubres, connaissent des problèmes sociaux structurels très importants, à l’instar d’une criminalité massive, de la prostitution, d’absence de services publics et d’infrastructures, du manque d’eau potable et d’électricité, etc. En outre, des mouvements souvent hostiles aux différents pouvoirs en place voient régulièrement le jour, et reposent principalement sur la jeunesse, plongée dans une grande misère sociale et qui constitue l’essentiel des habitants de bidonvilles.

Pour éviter ces situations délicates, les gouvernements africains doivent mettre la priorité sur la construction et la rénovation des infrastructures publiques de base telles que les routes, l’acheminement de l’eau potable, la distribution de l’électricité et des autres équipements communautaires. À ce titre, des pays comme l’Angola, la Guinée équatoriale, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Kenya, l’Éthiopie ou l’Afrique du Sud sont considérés comme des leaders en la matière.

À l’inverse, d’autres pays comme le Cameroun, le Tchad ou la RCA sont à la traine. La volonté des autorités tchadiennes de procurer des logements décents à l’ensemble de ses administrés a été diluée avec la chute des cours du pétrole et la crise économique qui s’est ensuivie : les projets à l’étude dans la périphérie de N’Djamena sont donc restés dans les cartons. Au milieu des années 2000, un plan de développement urbain et d’amélioration de l’habitat avait pourtant été lancé, avec l’aide des Nations Unies, pour la réalisation de 135 000 logements sur l’ensemble du territoire. Une centaine seulement a vu le jour, à des prix de vente bien supérieurs aux objectifs initiaux. La Banque de l’habitat du Tchad (BHT), fondée en 2016 pour soutenir f i nancièrement les projets, n’est, elle, toujours pas opérationnelle.

Au Cameroun, les villes s’élargissent à un rythme soutenu, le plus souvent dans une anarchie totale. Douala, la capitale économique, accueille près de 100 000 nouveaux habitants chaque année, ce qui rend la tâche des autorités locales très complexe, entre manque de routes, voiries engorgées, problèmes de stationnement, développement de l’économie informelle, installations anarchiques, mais aussi adaptation des nouveaux habitants compliquée. Pour y remédier, l’État a initié des projets d’envergure. On relèvera notamment la construction d’une série de logements à Yaoundé.

Alors que l’habitat des classes démunies demeure un problème récurrent dans les grandes villes d’Afrique subsaharienne, les politiques de « logement social » pilotées par les États après les indépendances, puis par le biais des bailleurs de fonds, ont presque toujours bé-néf i cié à une certaine catégorie. Aujourd’hui, d’autres options permettent d’imaginer un nouveau modèle pour le logement social sur le continent africain.

Il revient donc aux gouvernants africains de maximiser les investissements, af i n d’accroitre les chances de toutes les couches sociales d’accéder au marché immobilier.

La cité Ongola à Yaoundé, Cameroun.

L’appui du secteur privé à capitaliser

Pour résorber le déf i cit immobilier qui persiste dans bon nombre des pays du continent, les États africains au sud du Sahara, doivent, en dehors des efforts des gouvernements, s’appuyer sur l’apport non négligeable du secteur privé qui constitue un levier capital.

Pour prévenir ces situations qui compliquent la bonne marche de l’urbanisation des villes africaines, un forum a réuni, en mars dernier, des universitaires et des experts de l’urbanisme à l’université de N’Gaoundéré (capitale de la province de l’Adamaoua, située dans la partie septentrionale du Cameroun), pour une réf l exion pouvant permettre de trouver les stratégies liées à la réduction des bidonvilles en Afrique.

Pour le Pr. Mathias Eric Owona Nguini, « il s’agit de savoir comment les sciences sociales et politiques peuvent d’abord appréhender les désordres urbains, pour offrir un certain nombre de moyens, en vue de solutionner le problème ». Un autre participant a fait savoir àCHINAFRIQUEque « les résolutions qui ont été formulées au terme de ces assises de deux jours ont permis d’améliorer le cadre de vie des populations ». CA

(Reportage du Cameroun)

il s’agit de savoir comment les sciences sociales et politiques peuvent d’abord appréhender les désordres urbains, pour offrir un certain nombre de moyens, en vue de solutionner le problème.

Mathias Eric Owona Nguini, docteur camerounais en science politique