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2017-08-07DesonGontmisenplacedesdistributionsderepasgratuitsdansdescolesafricainesparLiXiaoyu

中国与非洲(法文版) 2017年6期

Des onG ont mis en place des distributions de repas gratuits dans des écoles africaines par Li Xiaoyu

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Des onG ont mis en place des distributions de repas gratuits dans des écoles africaines par Li Xiaoyu

OUBLiéeS, les salles de classes vides à l’école

Page Vision ! Située à Mathare – un quartier pauvre de Nairobi, capitale du Kenya – les bancs de cette école primaire ne désemplissent pas depuis mars dernier. « Les enfants viennent régulièrement à l’école, et il n’y a plus d’absentéisme », explique Paul Onyach, le directeur de l’école. Et pour lui, la raison est simple : « Nous proposons des petits déjeuners et des déjeuners gratuits à nos élèves. C’est un moyen de leur faire retrouver le chemin de l’école, ce qui est positif pour eux, mais aussi pour nous. »

S’étendant sur 3 km2, Mathare abrite quelque 600 000 habitants, dont le revenu journalier ne dépasse pas un dollar. Or, dans les 84 écoles primaires du quartier, le déjeuner peut coûter jusqu’à 300 shillings kenyans (3 dollars) par mois à un écolier. Faute de moyens, beaucoup d’enfants ont ainsi dû abandonner leurs études.

Mais en mars dernier, Deng Fei, un philanthrope chinois, la Croix-Rouge chinoise et la Fondation du bien-être social de Chine, ont imaginé ce projet de repas gratuits. Aujourd’hui, plus de 1 000 enfants, dans cinq écoles primaires de Mathare, en bénéf i cient quotidiennement.

La force de l’expérience

Mis en œuvre en Chine depuis près six ans, le dispositif est déployé dans 728 écoles à travers le pays, et a permis de récolter 268 millions de yuans (38,82 millions de dollars). Un succès qui a incité le gouvernement central à mettre en place un large programme national de nutrition pour les élèves des zones rurales, en octobre 2011. Depuis, les autorités y consacrent chaque année plus de 16 milliards de yuans (2,3 milliards de dollars).

« Le bien-être public est sans frontières », aff i rme d’ailleurs M. Deng. C’est à partir de ce postulat qu’il a étendu son programme en Afrique, en tirant parti de l’expérience accumulée en Chine. Mais avant de pouvoir l’accomplir, M. Deng a dû relever de nombreux déf i s.

L’un des problèmes majeurs a consisté à réunir une équipe opérationnelle eff i cace. Mais sa rencontre avec Yin Binbin, fondateur de la Dream Building Service Association, une ONG implantée au Kenya, a changé la donne. En effet, Yin Binbin a participé, au cours des trois dernières années, à la reconstruction de trois écoles dans le bidonville de Mathare. Sur la base de son expérience, il s’est donc vu conf i é la charge du projet.

j’espère que nous pourrons soutenir encore plus d’écoles et (…) contribuer véritablement à lutter – et pour longtemps – contre la faim en Afrique.

Deng Fei, philanthrope chinois

L’autre problème notable concerne la source de fi nancement. Étant donné que les dons réunis jusquelà ont été employés sur le sol chinois, le philanthrope a donc décidé de créer un fonds particulier pour le programme africain, et de ne prendre en compte que les dons étrangers. En parallèle, il a développé un partenariat f i nancier avec la Pearl Humanitarian Rescue Team, une ONG chinoise, qui a doté ce fonds avec un million de yuans (140 000 dollars).

À l’instar de ce qui existe en Chine, toutes les écoles bénéf i ciaires ont ouvert un compte sur les réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter, pour publier régulièrement des informations concernant le programme. De plus, enseignants et élèves mangent ensemble, garantissant cohésion et qualité.

Bien sûr, des ajustements ont été apportés pour adapter le projet à la situation locale. L’unif i cation des normes est entre autres une mesure propre à la version africaine. En fait, l’équipe d’exécution sélectionne des ingrédients qui répondent aux standards prédéf i nis, qui sont ensuite distribués par les fournisseurs – payés le 20 du mois – à chaque école, tandis que les repas sont préparés sur place.

Une chaîne de solidarité

Si ce programme est une belle réussite, d’autres ONG chinoises ont également lancé des projets similaires à travers plusieurs pays du continent, avec des résultats probants.

Les enfants kenyans bénéf i cient du programme Repas Gratuits pour les Enfants.

À ce titre, notons l’exemple du programme « Sourires d’enfants » initié en 2015 en Éthiopie et au Soudan, par la Fondation pour la réduction de la pauvreté de Chine (FRPC). En utilisant les dons recueillis sur les principales plates-formes de f i nancement participatif chinoises, « Sourires d’enfants » offre aujourd’hui des repas gratuits à plus de 4 000 élèves dans 42 écoles éthiopiennes, et plus de 3 600 élèves dans sept écoles soudanaises.

Bien sûr, aucune distinction n’est faite parmi les enfants. Au Soudan, beaucoup sont issus de familles de réfugiés, tandis qu’en Éthiopie, les élèves viennent souvent de familles monoparentales. Mais on compte aussi des orphelins ou des enfants atteints de VIH.

Sur le terrain, les équipes ont pu constater les conséquences visibles et immédiates de ces repas réguliers : les conditions de santé se sont améliorées et les performances scolaires sont en hausse. « Les enfants sont beaucoup plus calmes et semblent et heureux. Ils savent qu’ils pourront manger à leur faim et qu’il n’est plus nécessaire de se battre ou de voler pour se nourrir », explique Howyda Osma Mohamed, responsable du programme Sourires d’enfants au Soudan. Un constat partagé par M. Wu : « Le taux de fréquentation des sept écoles bénéf i ciaires au Soudan a augmenté de 10 % en moyenne sur deux ans. »

Mais plus encore, cette collaboration a porté d’autres fruits de plus long terme. Comme le note encore Madame Mohamed, « la FRPC a contribué au renforcement de notre capacité d’action sur le terrain et notre partenariat a bénéf i cié de manière concrète à la population locale ». De la même manière, l’association Ye Enat Weg, l’un des partenaires éthiopiens, s’est initiée aux méthodes de la FRPC et est parvenu à récolter des fonds auprès de grands groupes locaux, à l’image d’Ethiopian Airlines, Ethio Telecoms ou encore Mid-Rock Group.

Enf i n, un autre aspect important du succès des programmes, repose sur l’implication des bénéf i ciaires. En effet, plusieurs mères de famille sont recrutées pour se charger de l’approvisionnement, de la préparation et de la distribution de la nourriture aux élèves. « Avant de rejoindre nos équipes, beaucoup d’entre elles n’avaient pas d’activité ou de sources de revenus stables. Notre programme, au-delà de la distribution des repas, leur permet d’améliorer leur situation f i nancière en leur offrant un emploi à long terme », précise M. Wu.

En conclusion, malgré une eff i cacité reconnue et de belles réalisations, Deng Fei, notre philanthrope, estime qu’il reste un long chemin à parcourir : « J’espère que nous pourrons soutenir encore plus d’écoles et, à l’instar de ce que nous avons constaté en Chine, contribuer véritablement à lutter – et pour longtemps – contre la faim en Afrique. » CA

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn