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Les ressorts de l’aide humanitaire

2017-08-07

中国与非洲(法文版) 2017年6期

Les ressorts de l’aide humanitaire

Les Nouvelles Routes de la Soie concernent le développement. Et le développement requiert la paix et la stabilité. Si ces conditions ne sont pas réunies, l’action humanitaire doit alors prendre le relais. Fournir une assistance neutre, impartiale et indépendante dans des situations de conf l it et de violence parfois durables, peut créer un environnement favorable au développement. Mais comment peut-on y parvenir ? Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), était à Beijing pour le Forum de la Ceinture et la Route pour la coopération internationale, les 14 et 15 mai derniers. Liu Jian, notre reporter, a eu l’occasion de le rencontrer pour parler de la contribution potentielle de son organisation, af i n de répondre aux besoins le long des Nouvelles Routes de la soie, ainsi que d’autres aspects du travail humanitaire dans la mondialisation actuelle.

CHINAFRIQUE : Comment le CiCR peut-il partager son expérience et ses connaissances et apporter de la valeur ajoutée aux nouvelles Routes de la soie ?

Peter Maurer : Le CICR intervient de manière signif i cative et sur le long terme dans 40 pays le long des Nouvelles Routes de la soie, et comprend parfaitement la dynamique sécuritaire et humanitaire locale, tout comme les déf i s au développement. Il peut apporter une contribution en encourageant des partenariats solides avec la Croix-Rouge de Chine pour la coopération à long terme dans ce cadre.

À l’avenir, tout dépendra de la manière dont ces pays vont interagir avec des organisations comme le CICR et du type de plate-forme qui sera établie. Nous pouvons beaucoup apporter.

Quel rôle le CiCR va-t-il jouer pour relier les gens dans les pays le long des nouvelles Routes de la soie ?

Nos activités prennent appui sur la société civile, et nous répondons aux besoins des gens. Le meilleur moyen de le faire, c’est de toujours travailler ensemble. C’est bien de parler, mais c’est encore mieux de travailler ensemble. Le CICR apporte de l’expérience où les gens de tous horizons, de cultures et de sociétés différentes travaillent pour répondre aux besoins.

Nous relions les gens, répondons à leurs besoins et les rapprochons pour surmonter leurs différences. Nous souhaitons que la Chine contribue davantage encore à certaines initiatives de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et du CICR en particulier. J’espère que les Nouvelles Routes de la soie seront tout d’abord un outil qui rapproche la Chine des actions du CICR.

Quelle assistance humanitaire à long terme le CiCR fournit-il ?

L’expérience que le CICR a retirée en fournissant de l’assistance humanitaire à long terme, c’est qu’il faut éviter l’effondrement total des infrastructures et des services de base pour répondre aux besoins urgents et prévenir des revirements dans le développement qui pourraient entraver la reprise et la reconstruction. Notre assistance à long terme est semblable au travail de développement, mais dans des contextes instables et de violence. Elle doit suivre un mode opératoire spécif i que. Par exemple, le CICR répare et met en place des infrastructures pour l’eau et l’énergie, et nous aidons les hôpitaux et les centres orthopédiques. Nous formons des locaux et nous aidons les gens à créer des entreprises durables. Nous créons ainsi de la stabilité et préparons le terrain, et lorsque les combats cessent, la reprise, la reconstruction, le développement et l’économie peuvent s’installer plus rapidement.

Les pays sont tous différents. Comment le CICR peut-il répondre spécif i quement aux problèmes ?

Sur les 16 000 personnes qui travaillent pour le CICR, 13 000 sont recrutées localement. De plus, nous appartenons au mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, avec plus de 17 000 volontaires dans plus de 190 pays. Nous sommes une organisation à la fois locale et globale. Nous avons toujours voulu être proches des gens, bien interpréter les besoins des locaux, et être avec la société. Je pense que cela nous a permis de nous concentrer sur les spécif i cités dans tous les contextes.

Peter Maurer, président du CICR.

Nous n’avons pas d’approche sur mesure. Nous commençons avec les besoins des gens, nousanalysons les contextes spécif i ques et donnons des solutions en fonction du contexte. Ce qui aide, c’est que la Croix-Rouge nationale et les sociétés du Croissant-Rouge font partie du même mouvement, liées par les mêmes principes. C’est ce qui nous aide à interpréter les contextes nationaux plus précisément. Nous sommes devenus une organisation « glocale », comme beaucoup disent.

C’est aussi d’une importance stratégique pour les Nouvelles Routes de la soie. Nous devons fournir des solutions adaptées localement, mais aussi une communauté globale qui traite directement de ces questions. Il faut une perspective locale et globale : une stratégie globale et une mise en place locale. Je pense que le CICR, le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peuvent bien répondre à ce déf i.

Des réfugiés au Sud-Soudan attendent l'assistance du CICR.

Quels sont les principaux déf i s en Afrique ?

Nous sommes aujourd’hui tout d’abord face au fait qu’en Afrique, les conf l its et la violence annihilent les progrès du développement. Ce que nous voyons en Somalie, au Soudan du Sud et au Mali, c’est la combinaison de conf l its et de catastrophes naturelles liés au changement climatique et aux modif i cations dans les précipitations. Le changement climatique et la violence sont un mélange dangereux, et les sociétés explosent. Dans les pays touchés par la famine, c’est un cercle vicieux avec le cumul de la violence et des catastrophes naturelles, générant ce que j’appelle l’hyper-fragilité. C’est une fragilité extrême où les catastrophes naturelles, la violence, la corruption, et l’absence de gouvernance et d’État de droit, tout cela s’agrège et une partie considérable de la population est en détresse.

Quand nous parlons aujourd’hui de la famine en Afrique, c’est en fait plus que de la famine. C’est la famine plus le manque de ressources en eau, de subsistance, de développement économique et de développement de la communauté. Une perception naïve, c’est que si vous envoyez de la nourriture en Afrique, tout le monde ira bien. C’est plus complexe.

De quelle manière attendez-vous que la communauté internationale contribue aux activités humanitaires à l’avenir ?

Je dirais que, dans certains contextes, travailler dans le domaine humanitaire signif i e donner de l’argent.

J’en ai vu un exemple étonnant à Myitkyina, dans l’Etat du Kachin au Myanmar, où des réfugiés avaient reçu un prêt de 200 dollars sur deux ans. Aujourd’hui, les cent personnes qui en ont bénéf i cié ont toutes leur petite affaire, font vivre leur famille et envoient leurs enfants à l’école. C’est la meilleure aide humanitaire que j’ai vue depuis longtemps, car les gens décident par eux-mêmes de ce dont ils ont besoin. On ne décide pas à leur place.

Nous devons débattre de ce que doit être une bonne aide humanitaire aujourd’hui. Dans certains endroits, l’argent n’est pas la solution. Il y a quelques semaines, je me trouvais dans le sud du Niger, où j’ai vu des centaines de milliers de personnes qui se trouvaient au milieu de nulle part. On ne peut pas leur donner de l’argent, parce qu’il n’y a tout simplement rien à acheter ou à vendre. Dans ce cas précis, on doit leur fournir des biens de première nécessité pour les aider à survivre. CA