La Chine glisse vers son objectif
2017-07-05ANDRPEZRODRGUEZmembredeladaction
ANDRÉS LÓPEZ RODRÍGUEZ, membre de la rédaction
La Chine glisse vers son objectif
ANDRÉS LÓPEZ RODRÍGUEZ, membre de la rédaction
Peu de disciplines sportives sont aussi méconnues et incomprises que le curling, cette compétition que nous avons tous aperçue un jour ou l’autre sur un écran de télévision dans lequel un membre de l’équipe fait glisser vers une cible, sur une piste de glace, un galet poli de 20 kg, tandis que ses coéquipiers armés de balais brossent la glace pour infl échir légèrement sa trajectoire.
Le curling ne jouit pas d’une popularité particulière en Chine, même si l’équipe féminine chinoise a remporté le Championnat du monde en 2009 en Corée du Sud, puis une médaille de bronze aux JO d’hiver à Vancouver en 2010. En 2014, la Chine était l’hôte du Championnat du monde masculin à Beijing, un événement considéré comme le premier test en vue des JO d’hiver de 2022. Cette année, du 18 au 26 mars, la capitale chinoise revêtait à nouveau ses plus beaux atours pour accueillir le 39eChampionnat du monde féminin. Les résultats de cette année ont été à la fois décevants et encourageants, si une telle chose est possible.
Organisation parfaite
Le côté encourageant, c’est que le Palais des sports de la capitale, l’un des temples du sport les plus anciens de Beijing où se déroulait la compétition, n’est pas resté à moitié vide comme on l’avait craint. Il est vrai que les organisateurs ont invité des milliers d’étudiants, parmi lesquels nombreux étaient ceux qui, la veille encore, n’avaient aucune idée de ce qu’était le curling. Mais le but de cette présence massive n’était pas uniquement de remplir les gradins : l’objectif réel était plutôt de faire la promotion de cette discipline sportive parmi les jeunes qui pourront, d’ici quelques années, devenir des spectateurs avertis pour les Jeux Olympiques à venir. C’est pour cela que les organisateurs ont distribué pas moins de 64 000 places de spectateurs à ces jeunes.
Terrain de compétition dans le Palais des sports de la capitale à Beijing
« Je suis vraiment ravie qu’autant de jeunes soient venus prendre part à l’événement, ils représentent l’avenir du curling », affirme Kate Caithness, présidente de la Fédération internationale de curling depuis 2010. Le fait est que les jeunes n’ont pas lésiné sur les encouragements lors de la compétition, à tel point que l’on a craint un moment que les clameurs risquaient de déconcentrer les athlètes.
« Cela n’influe pas sur la communication entre les coéquipiers », rassure l’entraîneur de l’équipe nationale, Marcel Rocque. « Honnêtement, c’est la première fois que l’on voit cela en Chine. C’est formidable tout ce monde, cette excitation et ce bruit ! », affirme-t-il.
Mme Caithness n’a pas hésité à accorder le qualificatif de « première classe » à l’organisation de l’événement, et la barre est placée haut pour celui de Beijing en 2022, où une partie des compétitions olympiques se dérouleront dans le Cube d’eau (Centre national de natation), l’incroyable piscine olympique construite à l’occasion des JO de 2008 à Beijing, temporairement reconvertie en palais des sports de glace.
« Nous parlons tous de l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques, et c’est vraiment un héritage immense », rappelle Mme Caithness en achevant sa visite du Cube d’eau. « Ce bâtiment emblématique de Beijing a été employé depuis pour toute une série d’événements. Ce sera probablement la première fois de l’histoire qu’on pourra ainsi réutiliser un même équipement et le convertir aux sports d’hiver. Une piscine transformée en piste de curling, c’est une performance », ajoute-t-elle.
Déception
Pourtant, pour les spectateurs qui s’étaient rassemblés dans les travées, la déception a pris le dessus lorsque l’équipe chinoise est parvenue à grand-peine à se saisir de l’avant-dernière place de la compétition, devant le Danemark qui n’a enregistré que des défaites. La Chine a sauvé l’honneur avec deux victoires et neuf défaites, ce qui l’a privée d’un billet direct pour les JO de l’année prochaine qui se tiendront à Pyeongchang en Corée du Sud. Pour pouvoir y envoyer sa sélection nationale, il faudra que celle-ci fasse ses preuves lors du tournoi de qualification.
L’équipe chinoise au Championnat du monde féminin de curling 2017, le 20 mars
« Notre équipe est encore jeune, mais il nous reste un peu de temps pour progresser. Bien sûr, il est plus que temps de se préparer pour les éliminatoires, mais j’ai confiance et je pense que nous répondrons présent au rendez-vous des JO à Pyeongchang », affirme Zhou Yan, meilleur joueur de Chine.
En réalité, la Chine a pour l’instant peu de chances d’inquiéter les équipes établies, comme celle du Canada. Même avec son immense population, la Chine compte un très petit nombre de pratiquants du curling. Si on en compte un million et demi, répartis dans un bon millier de clubs au Canada, le nombre de Chinois licenciés est inférieur à 900 et par conséquent le vivier dans lequel sera sélectionné le quatuor de l’équipe nationale est très peu fourni.
« On ne dispose pas de suffisamment de joueurs pour construire une vraie équipe nationale, et le nombre de candidats possibles ne dépasse pas 200 », confirme Tan Weidong, membre de l’équipe des entraîneurs chinois.
En Chine, on espère qu’environ 300 millions de personnes se lanceront dans les sports d’hiver d’ici aux JO de 2022, en particulier dans le curling. La Chine étant d’avance qualifi ée en tant que pays organisateur, il s’agit de donner aux fans chinois la satisfaction de voir gagner leurs équipes nationales. Bien sûr, le public aura l’occasion d’assister à de nombreuses compétitions préparatoires aux Jeux Olympiques à Beijing d’ici 2022. Mais le curling a besoin d’un petit coup de pouce.
« Le curling est un sport totalement différent, et il nécessite des installations spécifiques. Pour nous, le principal défi est de nous assurer d’avoir à disposition suffisamment de sites de curling pour permettre aux gens de le pratiquer », affirme Mme Caithness. De fait, on ne compte qu’une seule et unique piste de curling à Beijing, ce qui limite sérieusement le potentiel de futurs joueurs passionnés par ce sport.
La présidente de la Fédération internationale de curling recommande que les enfants des écoles commencent à s’entraîner sur des pistes similaires mais sans glace. Jusqu’à présent, l’organisation entretient des pistes de glace jusqu’à la fin mars afin de permettre aux fans de tester leurs prédispositions en faisant glisser une pierre vers la cible, un exercice plus compliqué qu’il n’y paraît à première vue. La plupart des personnes qui s’y essaient le constatent : le curling, c’est une sorte de jeu d’échecs sur glace.
« Ce sport demande à la fois un travail d’équipe et une grande intelligence tactique. On peut y jouer à tous les âges. J’espère qu’un jour le curling attirera plus de Chinois », affirme Yue Qingshuang, une joueuse chinoise qui a pris sa retraite après avoir remporté la médaille d’or au Championnat du monde en 2009.
En décembre dernier, l’Association chinoise de curling a signé un accord avec la fédération internationale en vue de travailler main dans la main à la promotion de cette discipline qui sera l’un des atouts fondamentaux des Jeux de Beijing. « C’est une période favorable pour les sports d’hiver en Asie, puisque les deux prochains tournois mondiaux se tiendront d’abord à Pyeongchang en 2018 puis à Beijing en 2022. Le Championnat du monde féminin de curling à Beijing refl ète bien cela et il est venu couronner les efforts consentis par la Chine pour développer notre sport », conclut Mme Caithness.
Le temps presse, et les organisateurs des JO de 2022 travaillent sans relâche. La Chine dispose encore de cinq ans pour s’assurer, d’une part que les JO seront aussi parfaits que le tournoi mondial organisé en mars de cette année, et d’autre part que ses équipes seront suffisamment aguerries pour conquérir, pourquoi pas, la première marche du podium.
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