Une coopération industrielle élargie avec les Nouvelles Routes de la Soie
2017-07-05JIAOFENGmembredeladaction
JIAO FENG, membre de la rédaction
Une coopération industrielle élargie avec les Nouvelles Routes de la Soie
JIAO FENG, membre de la rédaction
Passé l’éclatement de la crise financière, l’économie mondiale connaît une reprise faible, avec une croissance du commerce international plus morose encore. En revanche, l’accélération de la mondialisation économique et l’intégration économique régionale entraînent un profond réajustement de la situation globale sur le plan de la croissance, du commerce et de l’investissement. Tous les pays se trouvent actuellement dans une phase clé de transition économique. Pour ces raisons, il est nécessaire de dynamiser le développement et d’exploiter le potentiel de coopération régionale.
Les pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie comptent plus de 4,4 milliards d’habitants, soit 63 % de la population mondiale ; leur poids économique se chiffre à 21 000 milliards de dollars, soit un tiers du PIB mondial. La coopération dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie devrait avoir des répercussions positives sur toute la planète dans de nombreux aspects (notamment économique, politique et culturel) en faisant naître de nouvelles opportunités d’ouverture et de développement pour tous les pays.
Un grand potentiel de coopération entre les pays riverains
En février dernier, l’Institut d’économie industrielle de l’Académie des sciences sociales de Chine a publié à Beijing le Rapport sur la compétitivité industrielle en Chine (2016).
D’après ce rapport, tous les pays d’Asie du Sud-Est, une région jouant une part active dans l’économie mondiale, ont gagné en compétitivité industrielle ces dernières années. Cependant, excepté à Singapour, les produits et les industries qui présentent un avantage concurrentiel sur les marchés mondiaux se bornent au segment bas de gamme (produits agricoles et minéraux, par exemple). Bien que les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Asie du Sud-Est continuent à se resserrer, la coopération approfondie et les transferts industriels demeurent relativement faibles. Du point de vue des ressources, de la structure industrielle et du niveau de développement affichés par la Chine et les pays de l’Asie du Sud-Est, il existe de vastes possibilités de renforcement de la coopération commerciale, qui passera par la collaboration dans les capacités de production.
Selon des statistiques, le niveau d’industrialisation de 14 des pays au bord des Nouvelles Routes de la Soie est supérieur à celui de la Chine, contre 44 pays ayant un niveau inférieur. La Chine se range donc dans le peloton de tête. Ces pays riverains, aujourd’hui à différents stades d’industrialisation, se sont concentrés sur divers types d’industries et disposent chacun d’atouts propres. Grosso modo, trois échelons se distinguent : les industries à forte intensité technologique et à forte valeur ajoutée, celles à forte intensité capitalistique et celles à forte intensité de main-d’œuvre. Les pays s’inscrivant dans le 1eréchelon industriel, en montant en gamme, entraîneront les pays représentatifs des 2eet 3eéchelons industriels dans leur sillage, ce qui formera ainsi un modèle de coopération en matière de capacités de production marqué par la complémentarité.
Toujours selon le rapport, le caractère limité des exportations chinoises vers les pays riverains et le caractère spécifique des importations chinoises en provenance de ces pays refl ètent d’un certain côté l’énorme potentiel de coopération en matière de capacités de production qui existe le long des Nouvelles Routes de la Soie lancées par la Chine. « Tout en étudiant la complémentarité industrielle et commerciale qui relie la Chine et les pays riverains, nous avons analysé les différents types d’industries. C’est ainsi que nous avons découvert que la complémentarité entre la Chine et ces pays riverains est relativement forte dans les secteurs moyen et bas de gamme, mais faible dans les secteurs haut de gamme. La Chine et les pays riverains sont donc investis de nouvelles missions en faveur de la coopération : cel-les de renforcer leur complémentarité dans les industries haut de gamme et d’élever leur degré de coopération », déclare Zhang Qizi, chercheur à l’Institut d’économie industrielle et responsable de la rédaction du rapport.
Des ouvriers assemblent des téléviseurs dans la filiale égyptienne de Hisense, installée dans la zone économique du Nord-Ouest du golfe de Suez.
La zone de libre-échange du port de Gwadar sur le couloir économique Chine-Pakistan est un des projets exemplaires de la coopération internationale en matière de capacités de production.
« Si la Chine et les pays riverains élargissent leurs échanges commerciaux, ce n’est pas pour se partager le ‘‘gâteau’’ sur la base actuelle, ni pour reprendre des parts de marché à d’autres pays ou régions, mais en vue d’agrandir le ‘‘gâteau’’ à travers une coopération gagnant-gagnant. Tel est l’esprit préconisé par l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie », explique M. Zhang.
Les zones de coopération économique et commerciale, un vecteur important
La coopération internationale en matière de capacités de production est une priorité pour faire avancer la construction des Nouvelles Routes de la Soie. Et les zones de coopération économique et commerciale établies à l’étranger constituent des plates-formes qui permettent aux entreprises chinoises de développer la coopération industrielle extérieure dans les secteurs de l’automobile, la moto, la machinerie, l’électronique, l’industrie chimique, le textile et l’habillement. D’autre part, ces zones aident non seulement les pays hôtes à attirer plus d’entreprises chinoises qui investissent dans des usines, mais jouent aussi un rôle important dans la création d’emploi, l’augmentation des impôts, l’accroissement des exportations et l’alimentation du portefeuille de devises. Enfin, elles accélèrent efficacement le processus d’industrialisation et la modernisation des industries concernées dans ces pays hôtes.
Selon le plan, les Nouvelles Routes de la Soie devraient se développer à l’avenir autour de neuf couloirs économiques, dont Chine-Russie-Mongolie, le nouveau pont terrestre eurasiatique, Chine-Iran-Turquie ou encore Chine-Pakistan. Le long de ces couloirs économiques seront construits une vingtaine de parcs industriels importants, y compris la zone de développement économique de Khorgas, la zone économique spéciale Astana (Kazakhstan)-Xincheng, le parc industriel de Kuantan (Malaisie)-Chine, le parc industriel global Indonésie-Chine, le parc industriel de Jurong (Singapour), etc.
La zone de libre-échange du port de Gwadar, sur le couloir économique Chine-Pakistan, en est un exemple. C’est l’endroit qu’a choisi Linyi Mall, un centre commercial chinois, pour s’implanter. La cérémonie de pose de la première pierre a eu lieu en mai 2016 pour ce centre commercial dont l’investissement est estimé à 250 millions de yuans. La première phase du projet se concentre sur l’aménagement d’une surface de 20 000 m², destinée à l’entreposage et à la présentation des produits, principalement des matériaux de construction et dedécoration dans lesquels Linyi Mall s’est spécialisé : machines pour les travaux, matériel métallique, matériel électronique, équipements de protection individuelle, articles d’usage courant sur les chantiers... La deuxième phase concernera la construction d’un parc logistique d’affaires. Au total, les travaux devraient prendre entre 4 et 7 ans. À l’avenir, ce centre commercial vise à devenir un pôle de vente et de distribution des produits chinois en Asie du Sud, au Moyen-Orient et en Asie centrale, un site de production et de transformation de Linyi Mall à l’étranger, ainsi qu’une base d’approvisionnement en produits importés pour le Pakistan et la région du Moyen-Orient. La zone de libre-échange du port de Gwadar deviendra probablement le « Shenzhen » du Pakistan.
Selon les données émises par le ministère chinois du Commerce, fin 2016, les entreprises chinoises avaient déjà construit 77 zones de coopération dans 36 pays pour un investissement total de 24,19 milliards de dollars. 56 de ces zones se répartissent dans 20 pays riverains des Nouvelles Routes de la Soie, soit un taux de 72,72 %, pour un financement valorisé à 18,55 milliards. Ces zones ont accueilli l’implantation de 1 082 entreprises, affichant une valeur de production cumulée de 50,69 milliards de dollars, lesquelles ont versé aux pays hôtes un total de 1,07 milliard d’impôts, créant ainsi 177 000 postes au profit des populations locales.
Selon le programme, entre 30 et 50 villes localisées sur quatre des axes, comme le couloir Xinjiang du Sud-Pakistan et le couloir transnational de l’Asie centrale, seront sélectionnées, en vertu de leurs avantages de développement et de leur positionnement fonctionnel, en vue de la construction de parcs agricoles, industriels et touristiques. L’objectif consiste à dessiner une coopération économique en forme de collier de perles.
Pour la modernisation industrielle
Selon Zhang Qizi, les pays à revenus faibles et intermédiaires qui veulent se classer parmi les pays à revenus élevés doivent entreprendre une modernisation industrielle pour stimuler leur développement économique. Un défi qui se pose à chacun des pays riverains, y compris la Chine.
Actuellement, la plupart des pays riverains courent le risque d’être « enfermés dans le bas de gamme » de la chaîne de valeur mondiale. Bien que les économies émergentes jouent un rôle de plus en plus majeur dans la division internationale du travail et qu’elles ont connu un essor économique, elles se trouvent encore à un stade de développement s’appuyant sur les ressources et la main-d’œuvre, avec le risque que leurs intérêts commerciaux se détériorent. Les pays dont les intérêts commerciaux sont tributaires des ressources naturelles disposent pour la plupart d’une structure économique unique et dépendent fortement de la demande extérieure. Ces pays s’exposent donc à de gros risques venant de l’extérieur : récession du marché international, ralentissement de la croissance économique mondiale, fluctuations des prix des énergies à l’étranger… Tous ces phénomènes peuvent avoir un impact considérable sur l’économie nationale. Parailleurs, l’apparition de nouvelles sources d’énergie à l’étranger sonnera le glas de l’âge d’or dans ces pays.
Des techniciens surveillent et analysent le fonctionnement des équipements dans la centrale à charbon de China Huadian Engineering Co., Ltd à Bali, en Indonésie.
Les pays qui, de par leur main-d’œuvre à faible coût, sont présents au maillon manufacturier à forte concentration de maind’œuvre de la chaîne de valeur mondiale se reposent beaucoup sur les technologies et les capitaux étrangers, de telle sorte qu’ils se retrouvent rapidement « coincés » dans le bas de gamme. Ils sont, en plus, confrontés à la concurrence de nombreux pays en développement proposant, eux aussi, un coût du travail bas. Leurs intérêts commerciaux internationaux seront donc mis sous pression. Les secteurs gourmands en énergie et hautement polluants dans l’industrie manufacturière provoqueront aussi des effets négatifs, notamment l’épuisement des ressources et la dégradation de l’environnement. Les pays qui se chargent de sous-traiter des services à forte intensité de main-d’œuvre seront, eux aussi, soumis à des risques, en particulier le retard de développement industriel, l’enlisement dans le bas de gamme externalisé, un profit moindre, etc. Dans les pays tournés vers l’agriculture, la chaîne de valeur nationale, trop courte, sera inévitablement source de problèmes (faible valeur ajoutée des produits exportés, faible capacité d’emploi dans l’industrie…), mais aussi de risques (liés aux catastrophes naturelles, aux fluctuations des prix et au changement de la structure de la demande sur les marchés).
Par conséquent, la Chine et les pays riverains ne peuvent pas limiter leur coopération aux industries moyen et bas de gamme, ni se contenter du niveau et de l’envergure de la collaboration actuelle. Ils doivent mettre en jeu les avantages traditionnels de la Chine, ainsi que créer et cultiver de nouveaux atouts à travers des coopérations bilatérales et multilatérales. Ils doivent aussi promouvoir le développement des industries haut de gamme, combler leurs lacunes et développer de nouveaux pôles de croissance pour la coopération commerciale afin d’améliorer le niveau et la qualité des échanges commerciaux.
Selon le document intitulé Construire ensemble la Ceinture économique de la Route de la Soie et de la Route de la Soie maritime du XXIesiècle – Perspectives et actions conjointement publié en 2015 par la Commission nationale du développement et de la réforme, le ministère chinois des Affaires étrangères et le ministère chinois du Commerce ainsi que les pays riverains doivent coopérer de manière approfondie dans les secteurs prometteurs, comme les technologies de l’information de nouvelle génération, la biologie, les nouvelles énergies et les nouveaux matériaux, en respectant les principes de complémentarité, d’avantages réciproques et de gagnant-gagnant. Ils doivent instaurer un mécanisme de coopération pour l’investissement et la création d’entreprise dans les industries émergentes.
Selon M. Zhang, en plus de faire jouer ses propres avantages, la Chine doit mettre en œuvre une politique axée sur l’ouverture et l’innovation et exploiter pleinement les avantages internationaux pour inviter des tiers à contribuer à la construction économique des Nouvelles Routes de la Soie. Il est urgent de développer ensemble de nouveaux marchés et de nouvelles technologies, ainsi que de promouvoir la modernisation industrielle et le développement des industries haut de gamme dans les pays riverains.
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