La Nouvelle Route de la Soie maritime est propice à la coopération sino-sri-lankaise— Interview de l’ambassadeur du Sri Lanka en Chine, M. Karunasena Kodituwakku
2017-07-05ZHOULINmembredeladaction
ZHOU LIN, membre de la rédaction
La Nouvelle Route de la Soie maritime est propice à la coopération sino-sri-lankaise— Interview de l’ambassadeur du Sri Lanka en Chine, M. Karunasena Kodituwakku
ZHOU LIN, membre de la rédaction
L’année 2017 a marqué le 60eanniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Sri Lanka, ainsi que le 65eanniversaire de la signature d’un premier grand accord entre les deux pays, qui convenait de l’échange de riz chinois contre du caoutchouc sri-lankais. Au cours de l’interview qu’il a gracieusement accordée à notre revue, M. Karunasena Kodituwakku, ambassadeur du Sri Lanka en Chine, souligne que les deux pays affichent un long passé de contacts amicaux et d’échanges commerciaux mutuellement bénéfiques. Ces 60 dernières années qui ont suivi l’établissement de leurs relations diplomatiques ont enregistré des résultats fructueux, ce qui permet au partenariat stratégique Chine-Sri Lanka d’aborder un nouveau départ qui devrait aboutir sur de larges opportunités de développement.
Le Sri Lanka, un vieil ami de la Chine
À l’occasion des 60 ans des relations diplomatiques entre la Chine et le Sri Lanka, les présidents des deux pays, respectivement Xi Jinping et Maithripala Sirisena, ont échangé des messages de félicitations. Les deux chefs d’État ont exprimé leur ferme volonté de développer les relations bilatérales et se sont dit prêts à travailler ensemble pour consolider la confiance politique, élargir la coopération réciproquement favorable et renforcer l’amitié entre les peuples. Dans le cadre de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie et dans le sillage de l’ancienne Route de la Soie maritime, ils souhaitent ouvrir une nouvelle ère de coopération Chine-Sri Lanka caractérisée par un partenariat stratégique bilatéral plus dynamique.
Le 14 décembre 2015, le président Xi Jinping reçoit au Grand Palais du Peuple de Beijing l’ambassadeur du Sri Lanka en Chine, M. Kodituwakku, lequel lui remet les lettres de créance.
Au milieu du siècle dernier, ces deux pays à l’histoire plusieurs fois millénaire sont entrés dans une nouvelle phase de développement, le Sri Lanka en 1948 avec sa déclaration d’indépendance et la Chine en 1949 avec la fondation de la République populaire. Dès 1952, alors qu’ils n’avaient pas encore établi de relation diplomatique officielle, les deux gouvernements ont signé un accord de troc « riz chinois-caoutchouc sri-lankais ». Il s’ensuivit plusieurs décennies de coopération amicale entre les deux pays dans divers domaines tels que l’économie, la politique, la culture, le bouddhisme et l’éducation, qui ont apporté de grands progrès.
Ces 60 dernières années, nonobstant l’évolution de la conjoncture internationale, les deux parties se sont toujours soutenues sur les préoccupations majeures et les questions impliquant les intérêts fondamentaux de l’autre. Plus que bons voisins, la Chine et le Sri Lanka sont des proches amis et des fidèles partenaires d’affaires. M. Kodituwakku a déclaré : « Les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Sri Lanka ont constamment mené une politique extérieure amicale à l’égard de la Chine, la considérant comme un pays ami à la fois fiable et sincère. Cette reconnaissance mutuelle d’ordre politique est tout bonnement essentielle aux relations bilatérales, car elle jette des bases solides pour le développement continu de la coopération économique et commerciale. »
Une coopération gagnant-gagnant prônant la libéralisation du commerce
De nos jours, la Chine se classe deuxième puissance économique mondiale et le Sri Lanka est considéré comme la « perle de l’océan Indien ». Ce sont deux économies qui présentent une forte complémentarité.
M. Kodituwakku dresse un bilan très positif du commerce entre les deux pays. « Depuis les temps anciens, la Chine maintient des échanges commerciaux fréquents avec le Sri Lanka, ce qui a considérablement contribué à la modernisation de ce dernier. Selon des statistiques publiées récemment, à l’heure actuelle, la Chine est le premier pays investisseur au Sri Lanka dans le secteur des infrastructures, injectant des capitaux notamment dans la construction d’autoroutes, de ports et d’installations énergétiques. Le Sri Lanka accorde une profonde importance à ces projets qui favorisent l’interconnexion du pays.
« Afin d’approfondir et de développer la coopération commerciale bilatérale, les dirigeants chinois et sri-lankais appellent vivement à la signature d’un accord de libre-échange entre les deux pays, a révélé M. Kodituwakku. Le 5ecycle de négociations autour d’un tel traité va s’achever prochainement. Dans le cas d’une issue favorable, l’accord devrait être ratifi é d’ici la fin de l’année.
Selon les rapports, le Sri Lanka, aux confins entre le supercontinent Afro-Eurasie et le sous-continent indien en plein essor, constitue, de par sa position géographique privilégiée, un pays majeur le long de la Route de la Soie maritime du XXIesiècle. Ces deux dernières années, la Chine et le Sri Lanka promeuvent avec force la libéralisation du commerce. D’après certains analystes, les exportations jouent un rôle primordial dans le développement économique du Sri Lanka. Or, la Chine est l’un des plus grands marchés commerciaux au monde. Par conséquent, la signature d’un accord de libre-échange entre les deuxpays offrirait au Sri Lanka la possibilité de vendre à l’étranger beaucoup plus de produits à forte valeur ajoutée.
Une Nouvelle Route de la Soie prometteuse
Lorsque nous abordons le sujet de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie proposée par le gouvernement chinois, M. Kodituwakku ne peut cacher son enthousiasme. « Depuis bien longtemps, le Sri Lanka est un nœud important sur la Route de la Soie maritime établie par la Chine. C’est pourquoi le concept de ces Nouvelles Routes de la Soie revêt véritablement un sens profond pour les pays en développement comme le Sri Lanka. »
D’après M. Kodituwakku, le gouvernement sri-lankais est très favorable à cette idée : « la construction des Nouvelles Routes de la Soie a permis au Sri Lanka d’être plus attractif au niveau du commerce et de l’investissement, le pays retenant l’attention d’un nombre croissant d’investisseurs internationaux », décrit M. l’ambassadeur.
Tout d’abord, grâce à cette initiative, les entreprises chinoises investissent massivement au Sri Lanka dans des domaines toujours plus diversifi és, poursuit M. Kodituwakku. Leurs capitaux, traditionnellement orientés vers le tourisme, sont dirigés désormais vers la coopération agricole, le commerce des produits agricoles, l’agroalimentaire, les infrastructures, l’énergie et les communications. Ensuite, les entreprises chinoises disposent de technologies de pointe qui comblent les lacunes observées dans certains secteurs au Sri Lanka, en particulier en matière de protection environnementale et d’utilisation rationnelle des ressources.
« Pour suivre une croissance tous azimuts, le Sri Lanka doit mettre en place une plate-forme logistique et commerciale d’envergure internationale, de manière à ce que le développement économique du pays axé sur les exportations réalise son plein potentiel », confie M. l’ambassadeur.
Citant comme exemples la ville portuaire de Colombo et le port de Hambantota, M. Kodituwakku décrit les efforts déployés par la Chine et le Sri Lanka pour stimuler vigoureusement le développement économique et la construction d’infrastructures dans les zones portuaires sri-lankaises.
« Le port de Colombo, aménagé il y a 400 ans, est l’un des plus vastes ports artificiels au monde. C’est également l’un des plus importants sur le couloir de navigation reliant l’Eurasie, l’océan Pacifique et l’océan Indien », nous informe M. Kodituwakku. Hambantota est un autre port où les entreprises et les banques chinoises investissent en nombre. « La cérémonie de pose de la première pierre pour le parc industriel sino-sri-lankais à Hambantota vient d’avoir lieu, un épisode historique clé dont ont été témoins le premier ministre sri-lankais Ranil Wickremesinghe et l’ambassadeur de Chine au Sri Lanka, Yi Xianliang. Dans un futur proche, ce parc industriel pourrait générer 100 000 postes et près de 5 milliards de dollars d’investissements au profit du Sri Lanka », prévoit M. Kodituwakku.
« Les entreprises chinoises disent vouloir “sortir des frontières”. Or, notre pays a besoin d’un appui financier et technique pour la construction portuaire. Il s’agit d’une situation mettant en jeu des avantages réciproques. Le Sri Lanka ne raterait pour rien au monde cette occasion de développement. »
Le partage des savoir-faire, vecteur d’échanges entre les peuples
M. Kodituwakku raconte qu’après sa prise de fonction en Chine, il a visité de nombreux endroits dont les villes de Beijing et Tianjin, les provinces du Hebei et du Yunnan, ou encore Guangzhou et Hong Kong. Chaque fois, il a été profondément impressionné par la vigueur et le dynamisme qu’exhalent ces lieux aux caractéristiques distinctes, la grande variété de cuisines et de traditions culturelles locales, ainsi que les accomplissements réalisés sur le plan du développement à travers le pays.
« Shenzhen n’était qu’un petit village de pêcheurs il y a une trentaine d’années, tandis qu’aujourd’hui, elle est l’une des villes les plus prospères au monde, précise M. Kodituwakku, admiratif. Les réformes économiques engagées par le gouvernement chinois ont permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté. Par ailleurs, les progrès du développement économique ont été propagés à l’ensemble du territoire chinois. À la différence de la théorie d’économie de marché vantée par les pays occidentaux, la Chine a suivi une voie de développement économique adaptée à ses caractéristiques nationales. »
M. l’ambassadeur espère que le 60eanniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-sri-lankaises donnera lieu à une série de célébrations, dont des visites de troupes artistiques, des expositions photo retraçant l’histoire des relations bilatérales, des festivals de cinéma, des échanges culturels entre étudiants des deux pays. L’objectif est de favoriser la compréhension mutuelle et l’amitié traditionnelle entre les deux peuples, pour que le partage des connaissances et des expériences stimulent le développement à long terme.
Selon les données publiées par les autorités touristiques du Sri Lanka, plus de 270 000 ressortissants chinois se sont rendus au Sri Lanka en 2016, la Chine étant ainsi le deuxième pays d’origine (après l’Inde) des voyageurs débarquant au Sri Lanka. D’après le responsable pour la Chine de l’Office de tourisme du Sri Lanka, le Sri Lanka prête une attention particulière aux voyageurs chinois et s’efforce d’accommoder leur expérience dans le pays. Pendant les vacances de la fête du Printemps, un grand nombre de visiteurs chinois partent à la découverte des plages, des fortifications et des plantations de thé du Sri Lanka, parfois à bord des petits trains caractéristiques qui sillonnent le pays. De quoi donner envie de repousser son vol retour…
De nos jours, SriLankan Airlines a mis en service des lignes directes au départ de Beijing, Shanghai, Guangzhou, Kunming et Hong Kong, auxquelles il faut ajouter le vol direct à partir de Chengdu ouvert cette année par la compagnie Air China, soit six villes chinoises disposant d’une liaison aérienne sans escale avec le Sri Lanka.
« Le Sri Lanka envisage d’attirer 2,5 millions de touristes étrangers en 2017, parmi lesquels 25 % arriveraient de Chine », révèle M. Kodituwakku. En vue d’attirer cette clientèle chinoise, le Sri Lanka organisera cette année des campagnes de promotion touristique à Shenzhen.