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L’enjeu des puces électroniques

2018-06-14parZhouXiaoyan

中国与非洲(法文版) 2018年6期

par Zhou Xiaoyan

En Chine, le secteur national des puces électroniques s’unit face au différend actuel avec les États-Unis

Un employé de Newland Group montre une puce de décodage de conception chinoise lors d’un sommet sur l’industrie numérique à Fuzhou, dans la province du Fujian, le 23 avril.

Dans le contexte de la controverse sur l’interdiction imposée au mois d’avril par les États-Unis sur le géant technologique chinois ZTE d’acheter des technologies américaines clés, notamment des puces électroniques, en raison de sa violation présumée des termes d’un règlement en matière de sanction, puis de l’assouplissement américain pour sauver l’entreprise et sa main-d’œuvre, une dure réalité est apparue : la Chine est dépendante des importations de puces électroniques, ce qui entraîne une stagnation du développement des puces chinoises, un composant essentiel des équipements de télécommunications.

Le pays est le plus grand marché au monde pour les circuits intégrés (CI) et représente plus de la moitié du total de la consommation mondiale. Cependant, la Chine repose principalement sur les importations de puces pour les produits majeurs comportant des CI. D’après les données de l’Administration générale des douanes, elle a importé pour 200 milliards de dollars de puces électroniques par an depuis 2013, avec un sommet atteint en 2017 avec 260,1 milliards de dollars, soit près du double de la valeur de ses importations en pétrole brut.

Les données de l’Institut de recherche CCID, un think-tank affilié au ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information, montrent que 13 des 20 principaux fabricants de semi-conducteurs dans le monde sont situés aux États-Unis,avec des ventes atteignant 66,7 milliards de dollars sur le marché chinois en 2017.Les principaux fabricants américains de puces électroniques, comme Qualcomm,Broadcom et Micron, réalisent ainsi la moitié de leurs ventes mondiales en Chine.

La Chine accuse un retard

Selon Gu Wenjun, analyste en chef chez ICwise, un fournisseur leader dans la recherche et le conseil sur le marché des semi-conducteurs et de l’électronique en Chine, le pays dépend aussi fortement des importations de puces électroniques, car les fabricants chinois sont en retard par rapport à leurs homologues internationaux à presque tous les égards, et chacun possède une part de responsabilité dans cette carence.

« Les utilisateurs de puces électroniques préfèrent les fournisseurs internationaux par rapport aux fabricants locaux, sauf si ces derniers proposent la même performance à moindre coût. », explique Gu Wenjun à CHINAFRIQUE. La marge de proflt des fabricants chinois de puces électroniques aurait ainsi été réduite de manière signiflcative.

« C’est la même chose lorsqu’il s’agit des fabricants de puces. Ils préfèrent eux aussi les fournisseurs internationaux aux fournisseurs nationaux de matières premières et réduisent continuellement la marge de proflt de leurs fournisseurs », note Gu Wenjun.

Au cours des dernières décennies, les puces chinoises fabriquées localement ont eu un certain succès, mais principalement dans le cas de technologies ou d’entreprises spéciflques, et non dans la chaîne industrielle toute entière. D’après Gu Wenjun, le secteur des semi-conducteurs est complexe et dynamique, couvrant des dizaines de sujets, des centaines de technologies, des milliers de produits et des dizaines de milliers d’entreprises. Aucun pays au monde n’a de chaîne industrielle entièrement indépendante, complète et gérable.

Si un pays essayait de bâtir une chaîne industrielle complète, il s’agirait d’un objectif stratégique à long terme, qui pourrait prendre 30 à 50 ans, voire plus, explique-t-il.

Yuan Lanfeng, chercheur associé à l’Université des sciences et technologies de Chine, estime que les répercussions de la crise avec ZTE ont permis d’éveiller une certaine conscience sociale sur l’autosuffi-sance technologique, ce qui pourrait représenter une opportunité de développement précieuse pour les fabricants chinois de puces électroniques.

Selon lui, le secteur est extrêmement intensif en capitaux, nécessitant des investissements substantiels pour réaliser des percées technologiques fondamentales.

« Les utilisateurs et les fabricants de puces électroniques doivent coopérer dès le départ, adaptant les puces en fonction des demandes des utilisateurs et les testant dans un environnement réel, avant de pouvoir commencer la production. Le coût du développement et des essais d’une seule sorte de puce peut facilement atteindre des dizaines de millions de yuans avant même la production », explique Yuan Lanfeng.

« La Chine a trop peu investi dans le secteur de la production des puces électroniques. Ella a établi un Fond pour les CI en 2014, qui a permis d’investir dans le secteur 81,8 milliards de yuans (12,94 milliards de dollars) en cumulé entre 2014 et 2017. Cependant, Intel a investi 12,7 milliards de dollars en 2016 uniquement. Vous ne pouvez pas attendre des chercheurs chinois, qu’ils réalisent plus que leurs homologues internationaux avec moins deflnancements », insiste-t-il.

Les utilisateurs de puces électroniques préfèrent les fournisseurs internationaux par rapport aux fabricants locaux, sauf si ces derniers proposent la même performance à moindre coût.GU WENJUN,analyste en chef chez ICwise

À la recherche de l’avantage

En tant que fondement du secteur de l’information moderne, les spécialistes pensent que le secteur chinois des puces électroniques devrait entrer dans une nouvelle phase de développement du fait de l’interdiction américaine.

« Lorsque de plus en plus d’utilisateurs de puces électroniques réaliseront qu’ils ne peuvent pas compter sur les produits étrangers, ils commenceront à utiliser des puces chinoises. Bâtir une ligne de production nécessite un investissement considérable, mais lorsque la production démarre,le coût marginal pour produire davantage de puces sera plus faible avec l’augmentation des commandes », explique Yuan Lanfeng.

Selon lui, le fait que la Chine soit le plus gros consommateur de puces électroniques au monde constitue une arme stratégique,qui pourrait avoir un effet transformatif si elle est utilisée correctement : « Si nous utilisons la taille du marché chinois pour négocier collectivement avec les fournisseurs étrangers, nous pourrions gagner des conditions plus favorables et créer un développement miracle, permettant à la Chine de surpasser ses concurrents, comme ce fut le cas pour le secteur du rail à grande vitesse. »

« Les entreprises chinoises devraient renforcer leur contrôle interne, intensifler les investissements en R&D, et attacher une plus grande importance à leur compétitivité fondamentale, explique Gu Wenjun. Les fabricants chinois d’équipements de télécommunication devraient diversifler leur structure d’approvisionnement et donner une chance aux fournisseurs nationaux. »

Le gouvernement est en train de renforcer son soutien à ce secteur. Depuis le 1erjanvier de cette année, les fabricants nationaux de puces électroniques bénéflcient d’exemptions de taxes allant de 2 à 5 ans sur les puces bas, milieu et haut de gamme utilisées dans les appareils électroniques comme les ordinateurs et les smartphones.

En juin 2014, la Chine a publié une directive sur le développement de l’industrie des CI,prédisant que le revenu annuel du secteur en Chine atteindrait les 870 milliards de yuans en 2020, avec des technologies dans les domaines clés pour atteindre un niveau avancé sur le plan international, ainsi que des matériaux et des équipements intégrant la chaîne logistique mondiale. Un fonds industriel a également été mis en place pour soutenir le développement du secteur.

D’après les experts de ce secteur, l’intelligence artiflcielle et l’Internet des objets (IdO)basé sur le cloud (informatique en nuage)sont deux domaines majeurs, où les puces chinoises ont une bonne chance de pouvoir concurrencer les acteurs internationaux.

Le géant chinois du e-commerce Alibaba a annoncé le 20 avril, qu’il avait racheté Hangzhou C-SKY Microsystems, une société spécialisée dans la conception de circuits intégrés, afln de renforcer sa propre capacité de production de puces électroniques.Alibaba avait précédemment investi dans cinq fabricants de puces, dont un concepteur américain de puces utilisées en intelligence artiflcielle, Kneron et Barefoot Networks.

La DAMO Academy, c’est-à-dire l’institut de recherche d’Alibaba, développe aujourd’hui une puce à réseau neuronal pour l’intelligence artiflcielle. En-dehors d’Alibaba,le géant chinois des moteurs de recherche Baidu a sorti la puce intelligente DuerOS en mars 2017 et débuté une coopération stratégique avec des fabricants chinois et étrangers de puces électroniques. En août 2017, Baidu a lancé un nouveau type de puces en collaboration avec Xilinx, un fabricant chinois basé à Shenzhen. CA