Mille et une nuits en Afrique : du choc culturel à l’assimilation
2017-09-18
Mille et une nuits en Afrique : du choc culturel à l’assimilation
Grâce à ses facultés d’adaptation et son esprit d’ouverture, Bo Wen, un agronome chinois, profite de sa mission de trois ans au Nigéria pour s’imprégner pleinement du mode de vie local par Li Xiaoyu
À la différence de la plupart des agronomes chinois dépêchés en Afrique, Bo Wen, expert en aquaculture de 41 ans, ne se borne pas aux affaires purement techniques. Comme en témoigne son livre intituléLes mille et une nuits en Afrique, recueil d’extraits de son journal, rédigé pendant son séjour au Nigéria entre 2004 et 2007, et qui détaiIIe son expérience, notamment sur le plan humain. Observation, communication, mais aussi ouverture d’esprit lui ont ainsi permis de se dégager de nombreux clichés sur l’Afrique, et de s’immerger complètement dans une culture qu’il admire aujourd’hui.
Mais le chemin a parfois semblé long avant d’en arriver Ià. Retour sur ses premiers jours au Nigéria…
Mode caméléon
En mars 2004, Bo Wen est envoyé dans I’État de Bauchi au Nigéria dans le cadre du programme de la coopération Sud-Sud de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Mais ses débuts sont difficiIes. Pendant Ie premier mois, Ies experts chinois logent à l’hôtel et ne peuvent pas travailler, en raison de problèmes logistiques. C’est durant cette période d’inactivité que Bo Wen s’intéresse de plus près aux us et coutumes locaux. S’il se montre réservé dans un premier temps, sa curiosité le pousse finaIement à se joindre aux conversations. Si I’expérience est bien entendue enrichissante, elle lui permet aussi de s’acclimater progressivement à la vie locale. Comme il le note lui-même : « le choc culturel, je l’ai connu aussi. Mais plutôt que de nous plaindre, il vaut mieux changer notre manière de traiter avec les gens sur pIace, et nous adapter à Ieur cuIture. »
Ce que j’ai d’ailleurs conseillé à mes collègues chinois, c’est de s’adapter. « Puisque nous étions au Nigéria, c’était à nous de nous habituer au rythme IocaI, pas I’inverse », assure-t-iI. De fait, en adaptant ses exigences et ses habitudes, il s’est tout de suite senti beaucoup plus à l’aise.
De la compréhension à l’admiration
Pendant son temps libre, il détaille ses expériences professionnelles et des anecdotes dans son journal, qu’il envoie par courriel à sa famille et ses amis une fois par semaine. Ainsi, au bout de trois ans, il parvient à rédiger pIus de 800 000 mots. Son récit de voyage I’incite à pénétrer plus avant dans son exploration. Parmi les 36 États nigérians, iI en visite 31 à titre personneI, aIors que sa mission se déroule principalement dans l’État de Bauchi.
L’agronome et auteur chinois Bo Wen.
Dans la rue, il voit souvent des femmes nigérianes porter des paniers sur la tête. Si cette méthode paraît archaïque à certains, lui, la trouve pleine de sagesse : cela leur permet non seulement de se protéger du soleil, mais aussi d’avoir les mains libres. « Un comportement qui existe de longue date doit certainement avoir sa raison d’être », constate Bo Wen.
Parfois, il voit de parfaits étrangers se saluer pendant pIusieurs minutes. Un contraste flagrant avec Ies Chinois, qui sont d’un naturel plutôt réservé à l’égard des inconnus. Si cette manière de se saluer lui semble un peu étrange à première vue, il s’y habitue rapidement. De retour en Chine, il conserve d’ailleurs cette habitude en saluant les inconnus qu’il croise dans la rue. « Un geste très simple, mais très humain, n’est-ce pas ? », note-t-iI en souriant.
Mais ce qui Ie touche Ie pIus chez Ies Nigérians, c’est leur optimisme. « C’est aussi la source de leur bonheur », estime Bo Wen.
Revivre son émotion autrement
Dix ans après son retour en Chine, Bo Wen conserve un souvenir très vif de son séjour au Nigéria. Les nuits étoilées et les lucioles couvrant la pelouse lui manquent, et il espère pouvoir retourner un jour en Afrique. Mais en attendant, il se contente de lire de temps à autre son journaI. Au fiI des années, une idée lui est ainsi venue : partager ses histoires avec le plus grand nombre. D’où la publication de son livre. « Je souhaite faire connaître aux lecteurs la véritable Afrique, qui est pIuricuItureIIe et magnifique. »
Il forme également un autre souhait : tourner un fiIm sur I’Afrique, « sur I’authentique mode de vie », libéré des clichés habituels. « Je veux diffuser un message positif et laisser voir aux spectateurs l’Afrique telle qu’eIIe est », concIut Bo Wen, dont Ie scénario, conçu à partir de ses expériences au Nigéria, est déjà prêt… CA
Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn