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Exploiter l’or vert

2017-09-18

中国与非洲(法文版) 2017年9期

Exploiter l’or vert

Les artisans de bambou éthiopiens et chinois travaillent ensemble pour développer le potentiel de la plus grande forêt de bambou en Afrique par Xia Yuanyuan

Des artisans éthiopiens apprennent les techniques de confection du bambou deXiaoyu, pour augmenter la résistance et la durabilité des produits.

L’ARTISANAT est l’art de créer de la beauté de quelque chose de brut. Concernant le bambou, la technique consiste à en couper la tige, puis la mesurer et la percer. Ensuite, les morceaux sont attachés et vissés ensemble et la laque est appliquée. En quelques heures, un meuble fait de bambou a pris forme.

Addisu Hailu est l’un de ces artisans éthiopiens qui travaille en partenariat avec ses homologues chinois de Yiyang, Ia « capitaIe du bambou » en Chine, dans Ia province du Hunan.

« C’est très différent de notre technique », expIique Addisu, propriétaire de SA Bamboo Manufacturing Plc, à Addis Abeba. Il y a peu, Addisu avait suspendu sa production en raison de l’homogénéité excessive du marché du bambou en Éthiopie.

« En Éthiopie, la conception et la fabrication de la plupart des produits en bambou sont similaires. Si je ne peux pas faire mieux et de manière plus originale, je préfère m’arrêter », a-t-iI décIaré àCHINAFRIQUE. Mais aujourd’hui, Addisu a retrouvé confiance. Cette année, en effet, Addisu a fait partie des 41 stagiaires d’un atelier sur la culture et I’utiIisation du bambou, financé par Ie ministère chinois du Commerce. La formation, organisée par le Réseau international de recherche sur le bambou et le rotin (INBAR) et le Développement fédéral des micro et des petites entreprises de l’Éthiopie (FeMSEDA) à Addis Abeba, s’est tenue du 13 juin au 15 juiIIet dernier.

L’occasion pour les participants de se concentrer sur la conception et la fabrication de meubles en bambou, la protection de I’arbre et d’autres techniques pratiques afin de promouvoir le développement durable de l’industrie de bambou en Éthiopie.

Une ressource à fort potentiel

Le bambou a de multiples fonctions, du combustible, aux ustensiles de cuisine, en passant par les matériaux de construction. Symbole asiatique, le bambou est aujourd’hui considéré comme une clé du développement durable en Afrique.

« En dehors du fait qu’il peut pousser à peu près sous tous les climats, le bambou a un potentiel énorme pour Ia croissance économique du continent », précise Dai Honghai, responsable de l’INBAR.

Jusqu’à aujourd’hui, cette ressource stratégique et polyvalente était restée largement inexploitée en Afrique. Mais la donne change progressivement.

L’Éthiopie possède la plus grande forêt de bambou (environ un million d’hectares) inexploitée en Afrique de l’Est. Toutefois, la production de meubles dans ce matériau respectueux de l’environnement permet de lui faire rapidement gagner en popularité sur le plan local.

Mais il reste encore des obstacles.

« Le manque de technologie et d’équipement consistent Ia principaIe difficuIté pour I’industrie du bambou en Éthiopie », expIique Asfaw Abebe, directeur adjoint du FeMSEDA. De fait, la plupart des meubles en bambou sont fabriqués par de petits entrepreneurs, qui n’ont que des moyens limités. « Cet atelier est une bonne occasion pour améliorer les compétences des artisans éthiopiens, accroître la diversité des produits et éIargir Ie marché des meubIes en bambou », ajoute tout de même Asfaw.

Plus de diversité

Wang ShengIian, Wu Yiren et Wu Yiping, Ies trois artisans chinois en charge de la formation à Addis Abeba, ne sont pas des artisans ordinaires.

Ils sont considérés comme des maîtres duXiaoyuune forme d’artisanat traditionnel inscrit au patrimoine cuItureI immatérieI de Ia Chine en 2010, aIIiant esthétisme et résistance. S’il s’agit de la première expérience des trois maîtres à l’étranger, les échanges entre leXiaoyuet I’Afrique remontent déjà aux années 1980.

La fabrication traditionnelle deXiaoyurepose sur la yu. Une technique consistant à percer des trous dans le bambou pour en Iier Ies différents morceaux par de fines bandelettes, avant de les adoucir au feu et de pouvoir leur donner la forme voulue. Une fois que le bambou a refroidi, les pièces de jonction sont renforcées avec des broches, également en bambou, constituant le secret de l’élasticité et de la résistance du matériau.

Au cours de la formation, les stagiaires ont pu acquérir des compétences telles que la sélection ou la coupe du bambou, ainsi que le processus traditionnel de fabrication des meubles. Désormais, Addisu et les autres participants sont donc en mesure de concevoir une bien plus grande variété de meubles.

Récolte

« C’est un honneur pour moi d’aider les artisans éthiopiens à profiter des ressources de Ieur pays, et de participer à une dynamique économique. Le travail que nous effectuons maintenant sera bénéfique sur du Iong terme ! », se réjouit Wang ShengIian.

De fait, l’une des clés pour transformer les compétences en bénéfices économiques reste Ie déveIoppement durable, principe fondamental du Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC) de Johannesburg, en 2015. Lors de Ia réunion, Ie Président chinois Xi Jinping avait d’ailleurs évoqué le partenariat stratégique de la Chine avec I’Afrique, promettant 60 miIIiards de doIIars d’investissements pour son développement durable au cours des trois prochaines années.

« Si le développement durable est un sujet majeur dans les relations sino-africaines, le bambou doit jouer un rôIe pIus important. Si nous en profitons bien, cette ressource polyvalente pourrait stimuler la croissance économique en Afrique », appuie encore Hans Friederich, directeur général de l’INBAR.

Selon Addisu, le marché éthiopien est très prometteur pour les fabricants de bambou. Aussi, peu de temps après la formation, l’entrepreneur a ouvert sa boutique de nouveau et s’est remis au travail, grâce à une commande massive de 2 000 ensembIes de tabIe et de chaise pour les quatre campus de l’École de Demain, situés à Addis Abeba et Hawassa. CA

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