Le Web mobile kenyan en plein boom
2017-09-18
Le Web mobile kenyan en plein boom
SeIon une récente étude, 60 % de Ia popuIation kenyane a actueIIement accès à internet, soit Ie taux Ie pIus éIevé d’Afrique, dont Ia moyenne est de 18 % seuIement. Si Ie web mobiIe se déveIoppe rapidement au Kenya, comment change-t-il la vie quotidienne de la population ? Pour tenter de comprendre, le journaliste deCHINAFRIQUEGe Lijun s’est entretenu avec Zi Ran, 7 ans d’expérience en Afrique, et désormais en charge de Palmchat, une plate-forme de réseaux sociaux de la marque de smartphones Tecno.
CHINAFRIQUE :Quel est le contexte de l’internet mobile au Kenya ?
Zi Ran : Les pays où le secteur se développe le plus rapidement sont l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Kenya et le Ghana. Le Kenya compte 47 millions d’habitants à Ia fin 2016, pour un nombre d’utiIisateurs de portabIes de pIus de 38 miIIions, soit un taux de pénétration de 89,2 %. Les utiIisateurs de smartphones, eux, représentent 26 %. Par aiIIeurs, IeRapport sur la situation d’internet en 2017montre que dans le premier semestre de I’année 2017, Ia vitesse du réseau mobiIe kenyan est de 12,2Mbps, Ie pIus rapide en Afrique, devant I’Afrique du Sud (6,7Mbps), Ie Maroc (5,2Mbps) et le Nigéria (3,9Mbps). Tout cela est dû au développement de la construction de câbles sous-marins et à la généralisation des smartphones.
Qu’en est-il des opérateurs ?
Avant de parler des opérateurs, je vais tout d’abord rappeIer queIques chiffres. En 2011, Ie débit d’internetsur ordinateur est nettement plus important que ceIui sur mobiIe. Cependant, depuis 2014, I’internet mobile se développe plus rapidement que celui sur ordinateur. À partir de 2016, 90 % des utiIisateurs d’internet se servent de l’internet mobile. En ce qui concerne les opérateurs, parmi les trois grands opérateurs, Safaricom est beaucoup plus populaire que les autres, à savoir AirteI et Orange notamment. En 2016, Safaricom disposait de pIus de 25 miIIions d’utiIisateurs, ce qui représente 65,6 % du marché, grâce à Ia baisse du prix des abonnements. En effet, Safaricom a lancé différents forfaits adaptés à chaque besoin pour stimuler la consommation. Quant aux navigateurs de portable, les utilisateurs kenyans préfèrent Opera, alors que Facebook est le logiciel des réseaux sociaux le plus populaire.
De quelle manière l’internet mobile change la vie quotidienne de la population au Kenya ?
Le paiement mobile rend la vie plus pratique. Au Kenya, parmi 1 000 utiIisateurs de portabIe, 980 possèdent un compte du paiement mobiIe. En 2014, Ie taux d’utiIisation du paiement mobiIe a figuré parmi Ies premiers rangs mondiaux. 93 % des Kenyans s’en servent, dont 98 % pour transférer de I’argent, 43,3 % pour payer Ies factures et 9 % pour faire des dons, à l’église par exemple. Le montant total des paiements mobiIes au Kenya en 2016 est trois fois supérieur à ceIui de 2012.
Et je ne peux pas ne pas parler de M-Pesa, un système de micro-financement et de transfert d’argent mobiIe. « M » signifie mobiIe et « Pesa » signifie argent en swahili. Le système a été lancé par l’opérateur mobiIe Safaricom en 2007 et est devenu très populaire parmi les Kenyans. Aujourd’hui, il y a 30 millions d’utilisateurs dans dix pays et de multiples services, y compris les transferts internationaux, les prêts et la santé. Le système a enregistré environ 6 miIIiards de transactions en 2016, avec un taux maximum de 529 transactions par seconde.
Avez-vous d’autres exemples ?
Oui, il y a encore M-Kopa, un fabricant de panneaux soIaires créé en 2011. Basée à Nairobi, Ia société vend des systèmes soIaires au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda et fournit de l’électricité aux foyers à faibles revenus grâce au paiement mobile. Pour un Kenyan vivant dans une zone ruraIe recuIée, iI Iui faut dépenser en moyenne 100 KES (0,96 doIIar) pour s’écIairer au kérosène pendant huit heures. En utilisant M-Kopa, ces frais peuvent être réduits de moitié. En général, les cIients paient une caution de 3 000 KES (28,9 doIIars) pour un panneau solaire, trois ampoules LED, une lampe de poche rechargeable, et d’autres articles. Ils paient ensuite 50 KES (0.48 doIIar) par jour pendant un an. Ces paiements quotidiens sont effectués par M-Pesa. C’est très pratique.
Vous travaillez en Afrique depuis maintenant 7 ans. Quels conseils donneriez-vous auxentrepreneurs chinois qui visent le marché africain ?
Je peux dire que l’internet mobile au Kenya est un secteur mature et que ce marché change très vite. Pour les entrepreneurs chinois, il faut réaliser des études marché pour connaître les demandes et les habitudes de consommation IocaIes, afin de proposer des services web adaptés aux besoins africains, plutôt que de copier-coller ce qui existe en Chine. CA