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Des musées qui bourdonnent

2017-08-08LesjeunesapprennentquaveclabonneapprochemuspeutrimeravecplaisirparXiaYuanyuan

中国与非洲(法文版) 2017年7期

Les jeunes apprennent qu’avec la bonne approche, « musée » peut rimer avec « plaisir » par Xia Yuanyuan

Des musées qui bourdonnent

Les jeunes apprennent qu’avec la bonne approche, « musée » peut rimer avec « plaisir » par Xia Yuanyuan

MALgRÉ ses airs enfantins, Meng Ziyu, huit ans,n’est pas comme les autres enfants de son âge, accro de poupées Barbie ou du dernier f i lm de Disney : elle, elle prend un réel plaisir à visiter les musées avec sa mère le week-end.

Montrant une peinture exposée au Musée d’art de l’Université de Tsinghua, la jeune connaisseuse apprécie les nuances des chefs-d’œuvre de l’artiste français Pierre Soulages.

« Soulages est très imaginatif », déclare la petite f i lle. « Bien que la peinture soit abstraite, je peux la comprendre parce que le guide nous a expliqué comment et pourquoi il a créé ce genre de peinture. Ça me donne beaucoup d’inspiration. »

Traditionnellement, les musées en Chine sont des endroits austères où des collections d’artefacts sont exposées à la vue du public. Mais leur potentiel en tant que plates-formes éducatives pour le jeune public est de plus en plus reconnu, grâce à des entreprises comme Xinyang Shenghuo. Basée à Beijing, la compagnie organise des visites de musées éducatives sur mesure pour les écoliers, comme la petite Meng.

« Les enfants devraient avoir un accès libre et complet à la vie culturelle dès la naissance », explique Pu Hong, fondateur de Xinyang Shenghuo, dont le nom signif i e littéralement « une vie d’air frais ».

Les musées captent l’essence de la civilisation humaine et sont des lieux parfaits pour les enfants ayant soif de connaissances. Les musées peuvent non seulement étancher cette soif, mais aussi stimuler leur intérêt et inspirer les enfants pour leur vie future, ajoute Pu.

Trésors endormis

Pendant longtemps, cela n’a pas été le cas. Le rôle effectif des musées chinois dans l’éducation des enfants a été entravé par une communication inadéquate et des services d’éducation publique médiocres, explique encore Pu.

« J’ai vu beaucoup de musées à Beijing accueillir quelques expositions très rares, avec un nombre de visiteurs très faible car la communication autour de ces évènements était inexistante. D’ailleurs, personne ne peut raconter les histoires à l’origine de ces chefsd’œuvre, car les guides bénévoles sont souvent ennuyeux et dépassés. »

C’est ce qui l’a amené à créer Xinyang Shenghuo il y a deux ans. Son but : ramener le plaisir au musée. « Nous fournissons des services de guide professionnels pour les familles et les écoliers et nous adaptons le programme de manière spécif i que pour chaque exposition. »

Il n’est toujours pas aisé d’expliquer l’origine des peintures ou des reliques d’une manière engageante. Il faut à Huang Ming, guide de Xinyang Shenghuo, beaucoup de temps et de réf l exion pour trouver comment impliquer les enfants et les familles dans une expérience de découverte joyeuse du musée.

« Pour les enfants, le guide devrait être plus intéressant et se concentrer sur la narration. J’ai besoin d’utiliser une communication ludique pour capter leur attention. Et ils apprécient aussi l’humour », déclare Huang.

Chaque fois qu’une exposition d’importance se déroule à Beijing, Pu et son équipe préparent une introduction détaillée aux parents et les encouragent à y participer avec leurs enfants. En moyenne, ils facturent 29 dollars par personne, incluant les services de guide sur mesure et les frais de billetterie.

Avantages de grande envergure

Au cours des dernières années, la Chine a enregistré une augmentation croissante des parents qui envoient leurs enfants à des cours du soir, pour s’assurer qu’ils ne « perdent pas à la ligne de départ. » Cependant, Pu n’est pas d’accord avec cette philosophie.

« Au lieu de perdre dès la ligne de départ, l’enfant peut tout simplement perdre l’intérêt dans la vie », dit-il. Gaver un enfant de connaissances créé un stress inutile qui aggrave simplement la pression scolaire. Et cela peut décourager les jeunes de leurs passions réelles comme les sports et les arts.

« Cependant, les musées en visite peuvent inculquer une ouverture sur notre monde, développer des compétences fondatrices, et susciter un amour de l’apprentissage tout au long de la vie. »

Cui Wei, la mère d’une jeune f i lle participante, estd’accord. Avec sa f i lle, elle a visité de nombreux musées à Beijing, dans le cadre du programme de la Xinyang Shenghuo, et a vu des changements immédiats chez son enfant.

« Ces visites ont une profonde inf l uence sur les enfants. Elles cultivent leurs talents et leurs aptitudes. Après avoir visité les musées, elle en sait plus sur d’autres cultures, et cela l’aide à élargir ses champs d’intérêts », explique la maman àCHINAFRIQUE.

Les jeunes enfants établissent des liens avec qu’ils voient dans les musées, et ils y sont particulièrement réceptifs quand les histoires et leur imagination font partie de l’expérience, développe Pu.

« Je peux voir des choses réelles dans les musées. C’est un sentiment différent de ce que je vois dans mon manuel », raconte la petite Wang Yudong, sept ans.

Des attentes plus élevées

Diplômé d’art contemporain de l’Université de Tsinghua, Pu, 30 ans, se sent un lien spécial avec les musées. Il préfère décrire son travail comme un pont entre les musées et le public, qui sont d’abord et avant tout des écoliers.

Après avoir obtenu son diplôme, Pu a travaillé comme conservateur à Shanghai, Shenzhen et Beijing. Partout, il a constaté que les musées chinois étaient confrontés à un problème commun : ils sont coupés de la population. De nombreux musées donnent plus d’importance à la recherche et à l’exposition qu’à l’éducation du public.

« La plupart des musées en Chine ont des services d’éducation faibles et en sous-effectif. De nos jours, nous devons être capables de raconter des histoires à travers ces expositions, pour expliquer comment et pourquoiles événements historiques se sont déroulés. À cet effet, une place importante doit être donnée à des conservateurs créatifs. »

Des visites sur mesure sont un moyen engageant de faire prof i ter des musées aux enfants.

À la f i n 2015, le nombre de musées enregistrés en Chine a atteint 4 692, dont 85,5 % étaient gratuits, selon les services gouvernementaux du patrimoine culturel. Cependant, l’idée selon laquelle les musées sont des institutions de recherche à destination d’une soi-disant élite sociale perdure, entraînant un grave manque d’engagement du public.

En 2015, 76,3 % des musées chinois appartenaient à l’État, ce qui explique également une partie de cette déconnexion. « Quand un musée est f i nancé par l’État, il a tendance à accorder moins d’attention aux besoins de ses visiteurs », explique Huang Chen, directeur du département de l’éducation et de la publicité du Musée national de Chine.

De plus en plus conscients de ces problèmes, les musées chinois font des changements pour développer une relation plus étroite avec le public. Le premier règlement du pays pour les musées a pris effet en mars 2015, donnant pour la première fois, priorité absolue à la fonction éducative.

« Cela met l’accent sur le rôle des musées dans l’éducation publique », a déclaré Guo Qingsheng, directeur du département de l’éducation du Musée de Shanghai. Depuis lors, l’administration du patrimoine culturel a augmenté le poids de l’éducation publique dans l’évaluation d’un musée à plus de 60 %.

Pu a favorablement accueilli cette nouvelle orientation. « Cela montre un signe d’avancement cognitif sur les musées en Chine et je sens que mon travail sera plus prometteur dans l’avenir. » CA

Pour vos commentaires : xyy@chinafrica.cn