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Un nouveau chapitre numérique

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中国与非洲(法文版) 2017年7期

une audience mondiale croissante devrait permettre de hisser les romans numériques chinois au rang de la culture populaire internationale par ji jing

Un nouveau chapitre numérique

une audience mondiale croissante devrait permettre de hisser les romans numériques chinois au rang de la culture populaire internationale par ji jing

LES œuvres littéraires contemporaines

chinoises gagnent en popularité à l’étranger, grâce à l’émergence de forums de traduction en ligne comme Wuxiaworld.com, qui se consacre à la traduction du chinois vers l’anglais de romans d’arts martiaux fantastiques.

Lai Jingping, ancien diplomate américain, a mis en place ce site internet en 2014, lequel comporte aujourd’hui les traductions complètes de sept ouvrages, notammentHorizon,Bright MoonetSabrepar le romancier Gu Long (1938-1985), ainsi queSeven KillersetStellar Transformationsde Zhu Hongzhi, qui fut propulsé vers la gloire en publiant des romans en ligne sous le nom de plume « I Eat Tomatoes ».

Le termewuxia, qui signif i e « héro martial », désigne un genre littéraire de f i ctions, dans lesquelles des humains ordinaires acquièrent des capacités surnaturelles au combat par un entraînement aux arts martiaux et l’entretien de leur énergie interne. Les thèmes les plus courants sont la chevalerie, la tragédie, la revanche et la romance.

Publication en ligne

Le site Wuxia World comporte actuellement plus de 30 projets en cours, dans lesquels les traductions sont régulièrement mises en ligne – chapitre par chapitre – et proposées gratuitement aux lecteurs. Pour ses revenus, il compte sur la publicité et les dons.

La traduction de romans fantastiques forme la majeure partie des projets en cours. Certains sont inspirés par le taoïsme et impliquent de la magie, des démons, des fantômes et des immortels. Les protagonistes tentent généralement de cultiver l’immortalité, recherchant la vie éternelle et la puissance ultime. Certains romans mélangent même le folklore chinois à la mythologie, avec un cadre et des éléments étrangers.

Comparés aux romans d’arts martiaux traditionnels, qui sont fortement chargés d’histoire et de culture chinoises, les romans fantastiques résonnent plus facilement chez les lecteurs étrangers, car ils se déroulent souvent dans un cadre f i ctif et empruntent des éléments aux genres homologues étrangers, ainsi qu’aux jeux vidéo en ligne.

Selon Wuxiaworld.com, le site possède 2,5 millions d’utilisateurs actifs. Il a fait l’objet de 4 millions de clics et reçu près de 300 000 visiteurs quotidiennement au cours des deux premiers mois de l’année.

Les traducteurs qualif i és soutiennent le succès du site. D’après Lai Jingping, le traducteur idéal est un Chinois fan d’arts martiaux, qui vit à l’étranger et sait comment employer un langage compréhensible pour les lecteurs étrangers – notamment lorsqu’il s’agit de traiter des concepts chinois peu familiers – plutôt que de simplement transcrire ces termes en utilisant lepinyin.

« La popularité de la littérature chinoise en ligne est sans précédent à l’étranger, voire incroyable. Cela permettra de stimuler grandement la conf i ance du secteur », explique Shao Yanjun, professeur de la Faculté de chinois et de littérature de l’Université de Pékin.

Une analyse du site internet de Lai Jingping montre que ses lecteurs se trouvent dans plus de 120 pays : 35-40 % en Amérique du Nord, 25 % en Asie du Sud-Est et 20 % en Europe occidentale. Par ailleurs, plus de 85 % des lecteurs sont des hommes âgés entre 18 et 30 ans. « Une telle proportion est similaire à la composition des lecteurs sur le plan national. Les lecteurs chinois et étrangers recherchent tous un sentiment de plaisir en lisant des œuvres de ce genre », explique Lai Jingping.

L’engouement pour les wuxia

Né à Chengdu, la capitale provinciale du Sichuan dans le sud-ouest de la Chine, Lai a émigré aux États-Unis avec ses parents à l’âge de 3 ans. Il se souvient encore très clairement de son effervescence le jour où il a regardé pour la première fois un f i lm hongkongais dekung-fuen 1995. Incapable de comprendre le cantonais ou les sous-titres en mandarins, il a cherché sur internet des versions traduites de romans d’arts martiaux. Cependant, les traductions existantes à cette époque n’avaient quasiment aucun sens pour les lecteurs issus d’un milieu culturel différent.

Poussé par son amour pour les romans d’arts martiaux, Lai Jingping a commencé à apprendre le chinois avec l’aide de ses parents. Il a pris égalementle chinois en option lors de ses études en relations internationales à l’Université de Californie à Berkeley.

Photo de tournage de la série dramatique « La légende de l’Épée de jade », annoncée pour cette année. La série est adaptée d’un roman en ligne « Desolate Era », écrit par « I eat tomatoes », qui a été traduit sur le site Wuxia World.

Lai Jingping a commencé à traduire des romans d’arts martiaux – commeDemi-dieux et semi-démonsde Louis Cha, plus connu sous son nom de plume « Jin Yong » – alors qu’il était à l’université. Il les postait sur un site de revue de feuilletons télévisés produits en Asie de l’Est, mais ses traductions initiales ne générèrent que peu d’intérêt parmi les lecteurs étrangers. Cependant, il tombe par la suite surCoiling Dragonécrit par « I Eat Tomatoes », qu’il a également traduit en anglais. Ce roman était si populaire que Lai a créé le site Wuxia World en décembre 2014.

Jonglant diff i cilement entre son passe-temps et les exigences de sa carrière, il f i nit par quitter son poste de diplomate à la f i n 2015. Lai Jingping est donc rentré dans sa ville natale – Chengdu – et a commencé à traduire des romans et à gérer son site à temps plein.

Envoyé culturel

Lorsqu’il est devenu diplomate, Lai Jingping rêvait d’améliorer les relations sino-américaines. Cependant, il a désormais choisi une autre voie pour atteindre le même objectif, à savoir la promotion de la culture chinoise à l’étranger.

De son point de vue, la communication internationale de la Chine insistait trop sur une culture sérieuse, ce qui explique en partie pourquoi elle n’était pas très eff i cace. Selon lui, la culture populaire est la clé pour répandre la culture chinoise à l’étranger : « La culture européenne et américaine s’est-elle répandue en Chine par les œuvres de Shakespeare ? Non. [Elle s’est répandue en Chine] par le biais des f i lms et des séries d’Hollywood, commeGame of Thrones,Prison BreaketFriends. »

Cet entrepreneur fait cependant plus que de simples traductions de romans. Le site internet de Lai comporte une section spéciale expliquant les concepts chinois comme le Tao, également romanisé sous la forme « Dao », le Yin et le Yang, ainsi que les Cinq éléments.

En Chine, le nombre de lecteurs de littérature en ligne a atteint les 333 millions en décembre 2016, représentant 45,6 % des internautes chinois, selon le Centre d’information du réseau internet de Chine.

Lai pense que son site internet développera chez les lecteurs étrangers qui ont l’habitude de suivre la publication de romans chapitre par chapitre. Cependant, comparée à la quantité colossale de littérature créée chaque année en ligne en Chine, la quantité diffusée à l’étranger reste très limitée.

Shao Yanjun estime que la littérature en ligne, qui a atteint une audience mondiale, comporte très peu d’éléments chinois car les œuvres ayant un fort caractère chinois ne sont pas seulement diff i ciles à traduire, mais elles éveillent peu l’intérêt des lecteurs étrangers. Il suggère de développer les feuilletons télévisées, les animations et les jeux liés aux romans en ligne, af i n d’accélérer leur mondialisation. CA