APP下载

Les laques, entre tradition et modernité

2017-08-08LeslaquesdeFuzhouadaptentlaformeartistiquetraditionnelleauxcritresmodernesparMaLi

中国与非洲(法文版) 2017年7期

Les laques de Fuzhou adaptent la forme artistique traditionnelle aux critères modernes par Ma Li

Les laques, entre tradition et modernité

Les laques de Fuzhou adaptent la forme artistique traditionnelle aux critères modernes par Ma Li

AUx premiers rayons de soleil, un certain

atelier de fabrication de laques ouvre ses portes à Fuzhou. Son propriétaire, Li Changmin, est un artiste expérimenté de la seconde génération de fabricant de laques sans carcasse de Fuzhou, dans la province orientale du Fujian, un art inscrit sur la liste nationale du patrimoine immatériel en 2006.

La fabrication de laques nécessite de nombreuses étapes et les laques sans carcasse sont l’une des formes artistiques les plus f i nes de Fuzhou, datant de plus d’un millénaire. Aujourd’hui, avec l’initiative des « Nouvelles Routes de la soie », Li Changmin et son f i ls Li Qiang s’efforcent de les remettre au goût du jour.

Des traditions innovantes

Cette famille vit dans le village de Gushanzhou, dans le district de Minhou. Pendant des siècles, cet endroit a été célèbre pour ses laques. Certaines familles ont créé leur propre style, qu’elles ont transmis. De nombreux maîtres ont été formés dans ce village, et Li Changmin est l’un d’eux.

Les laques sans carcasse sont l’un des « trois trésors » de l’artisanat traditionnel chinois, avec les cloisonnés de Beijing et la porcelaine de Jingdezhen. Depuis 1910, les laques sans carcasse ont été présentés dans de nombreuses expositions internationales et ont reçu récompenses et prix, à tel point qu’on les a appelés des « trésors orientaux ».

À la f i n des années 1980, les usines gérées par l’État dans la fabrication des laques ont fermé les unes après les autres faute d’une bonne gestion. Beaucoup d’ouvriers ont été licenciés, la plupart abandonnant le secteur. Li Changmin est l’un de ceux qui ont voulu persister. « Si nous avions tous quitté le secteur, l’art traditionnel aurait disparu. Cela aurait été vraiment dommage », constate-t-il. Malgré l’opposition ferme de sa famille, il a réuni plusieurs anciens collègues pour créer l’usine artisanale Minhou County Minxin Craft Factory, tournée vers le marché. Il s’est promis de faire revivre cette forme d’art. Son usine a reçu de nombreuses commandes du Japon et de la Corée du Sud en raison de sa capacité d’innovation.

En 1995, alors que les affaires allaient de mieux en mieux, Li Changmin a pris la décision inattendue d’aller se former au Japon. « J’étais fasciné par les techniques japonaises de fabrication des laques. Leurs laques n’étaient pas toxiques, elles étaient inodores, les rendant populaires dans les foyers qui les considéraient comme des bijoux de famille. Dans les foyers chinois, on ne les voyait que comme des objets décoratifs sans importance. »

Célèbre au Japon

Après une année d’études, M. Li a pu extraire 43 nouveaux types de pigments bruts pour les laques, non toxiques et inodores. Il a aussi eu la chance de se faire connaître de ses homologues japonais. Grâce à ces liens, il a recueilli de nombreuses commandes. Ainsi, Nippon Telegraph and Telephone est l’un de ses clients réguliers depuis 17 ans.

Parlant de sa décision de créer une usine pour réemployer des ouvriers et des artistes licenciés, M. Li estime que « c’était le meilleur moyen de préserver la technique à cette époque. Les ouvriers et les artistes n’ont eu la motivation nécessaire pour former des apprentis que lorsqu’ils ont senti que leurs revenus étaient assurés. » Après plus de 30 ans, M. Li a formé plus d’une centaine d’apprentis.

Il a aussi invité les artistes Gao Konghao et Li Changguang pour qu’ils prodiguent leurs conseils pour les procédés de vernissage, de polissage et de brunissage. Après avoir lu de nombreux documents et dossiers, M. Li a fusionné les techniques de ces deux maîtres, ainsi que la « mouture de laque claire » de son oncle Li Zhenrong, pour créer une nouvelle technique : l’art du « ver doré ». Cet art nécessite la pose de balle de riz sur l’article après le vernissage, de la retirer après 30 minutes, et de procéder au polissage et au brunissage. Un tel laque possède une surface brillante avec des marques subtiles et délicates.

Li Changmin travaille sur un bol en laque dans son atelier du village de Fuzhou.

En 2012, son f i ls Li Qiang, alors jeune diplômé de l’université, avait trouvé un emploi dans la banque. Deux ans plus tard, il quittait son travail pour apprendre auprès de son père. La persévérance de son père pour préserver cet art traditionnel l’a touché, explique-t-il. Li Qiang a également créé une boutique en ligne en 2014 pour vendre dans toute la Chine des laques produits par l’usine de son père. Les critiques qu’il a reçues de ses acheteurs lui ont fait prendre conscience de certains problèmes : si la qualité était au rendez-vous, le style, lui, était démodé.

Li Qiang a donc aidé son père à changer le style et les motifs de ses laques et, sans toucher à la qualité, ils ont intégré des conceptions modernes et des styles abstraits dans les techniques traditionnelles.

Telle mère, tel f i ls

Ou Rurong est née à Putian, dans le Fujian. Sa famille collectionne les laques de longue date. Seules les familles riches pouvaient se le permettre. « Je vais souvent dans des expositions pour ma collection. En 2013, j’ai été fascinée par les produits de Li Changmin », se souvient Mme Ou. Durant l’été 2014, Mme Ou et son f i ls Ou Yu, qui étudiait en Australie, ont visité son atelier. De là est née leur amitié. « Quand j’étudiais en Australie, j’ai été inspiré par les accessoires des grandes marques internationales. Je pense que nos laques peuvent aussi servir d’accessoires, pour faire des bagues, des bracelets et des colliers que l’on peut vendre dans le monde », explique Ou Yu. Il a voulu créer une entreprise pour promouvoir les laques sans carcasse. En 2016, avec Li Qiang, ils ont fondé la société Fuzhou Red and Purple Lacquer Cultural Development Co. Ltd. « Le rouge et le pourpre sont les deux plus beaux pigments du laque, c’est pour cela que nous avons donné ce nom à la société, dit Ou Yu. Notre objectif est d’adapter l’art traditionnel à la vie moderne. En plus du laque, nous allons créer des accessoires de luxe pour les consommateurs dans le monde entier. »

Une cause commune

Le laque relie les deux familles. « Notre but commun est de populariser l’art traditionnel dans les foyers ordinaires », dit Ou Rurong.

Pour Li Changmin, les laques peuvent avoir un usage quotidien. « Ils peuvent être conçus et fabriqués en combinant d’autres matériaux comme le bambou, le tissu, la pierre et le cuir. Nous devons innover pour préserver notre art. » Aujourd’hui, il tente d’incorporer les formes artistiques dans l’ameublement, les services à thé, les coques de portables et les accessoires de voitures. « La tradition perdure quand les laques se vendent », dit Li Qiang.

Pour Ou Yu, le marché intérieur reste l’objectif principal pour le moment. Une plate-forme en ligne va aussi être créée pour promouvoir cet art et les talents qui y contribuent. « Avec cette plate-forme, les consommateurs vont pouvoir commander des produits sur-mesure. » CA