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Un entrepreneur camerounais à la conquête de la Chine

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中国与非洲(法文版) 2017年7期

Hermann Mef i re, un camerounais de 32 ans, a récemment créé son entreprise de consulting à Beijing. Son objectif ? Faciliter le business entre la Chine et l’afrique et faire évoluer le regard porté sur le continent. Entre portrait et analyse économique,est allé à la rencontre de cet entrepreneur aux idées audacieuses par Koceila Bouhanik

Un entrepreneur camerounais à la conquête de la Chine

Hermann Mef i re, un camerounais de 32 ans, a récemment créé son entreprise de consulting à Beijing. Son objectif ? Faciliter le business entre la Chine et l’afrique et faire évoluer le regard porté sur le continent. Entre portrait et analyse économique,CHinaFRiQuEest allé à la rencontre de cet entrepreneur aux idées audacieuses par Koceila Bouhanik

Nous voulons ouvrir le marché africain à la Chine, mais de manière équitable. Alors ensemble, travaillons pour l’Afrique !

Hermann Mef i re, entrepreneur camerounais à Beijing, directeur de Zhou Hua International Business Consulting Ltd.

PATiEnCE est mère de toutes les vertus,dit-on. Et de la patience, Hermann Mef i re en a à revendre. En 2008, il n’a que 23 ans lorsqu’il débarque en Chine, mais déjà, l’ambition chevillée au corps : c’est ici qu’il connaîtra le succès.

Après un bachelor en économie et commerce international, puis un MBA qu’il choisit d’effectuer en chinois, « pour négocier sur un pied d’égalité », il f i nit par décrocher un stage au sein du Groupe Hanglong Mining. Il est alors envoyé au Cameroun en qualité de médiateur, précieux gage de conf i ance, pour faciliter les négociations que mène l’entreprise dans le pays. Par la suite, il intègre la China Petroleum South West Group, qui le missionne également sur le terrain en Afrique.

Mais au f i l de ses expériences et de ses rencontres, il remarque que la majorité des structures de consulting concernant le marché africain sont… chinoises ! « N’est-il pas logique de penser que ce sont les Africains qui connaissent le mieux l’Afrique ? », interroge-t-il en souriant. Si la question peut sembler légère, elle part cependant d’un constat très sérieux, qui le décide f i nalement à créer sa propre société en 2017 : Zhou Hua International Business Consulting Ltd. est née.

Petit poisson deviendra grand

Pragmatique, Hermann a vite cerné les besoins des entreprises chinoises. Dans la gamme de prestations qu’il propose, outre le consulting à proprement parler, le néo-entrepreneur offre également des services de traduction et de formalités administratives, dont l’obtention du visa. « Il s’agit d’un point stratégique car cela me permet de connaître la raison précise pour laquelle une société souhaite se rendre en Afrique. Je peux alors proposer une prestation de conseil personnalisée », explique-t-il. Mais son cœur de métier consiste à connecter les acteurs économiques chinois avec les décideurs africains. En effet, la plupart des contrats concernent des projets d’envergure à l’échelle étatique, comme la construction d’infrastructures. Mais pour Hermann Mef i re, les entrepreneurs africains doivent aussi être intégrés à ces projets qui, s’ils sont bons pour les économies africaines, doivent pouvoir être pérennisés par de l’emploi durable. À ce titre, les entrepreneurs locaux représentent des relais primordiaux dans une perspective d’industrialisation et de transfert de technologie. Et de poursuivre : « je recherche avant tout des projets sur la durée. Mon objectif n’est pas fondamentalement l’argent. À terme, je veux surtout permettre aux habitants du continent, à mon pays, de mieux connaître la Chine et les opportunités qui existent. Je suis dans une optique de partage plus que de travail. »

Hermann, représentant l’Afrique subsaharienne lors de l’émission téléviséeUnoff i cial Talks, sur Hubei TV, livrant son point de vue sur les différences culturelles entre la Chine et l’Afrique.

ÉCoNomiE

Lexique

Zhou Hua, le nom de l’entreprise d’Hermann Mef i re tire son origine deFeizhou, « Afrique » en chinois etHua, l’une des appellations de la Chine. Selon l’entrepreneur, sa société se veut être « une plate-forme d’échanges pour le business entre l’Afrique et la Chine et inversement ».

Les yeux dans les yeux

Lorsque l’on demande à l’entrepreneur de préciser sa pensée, celui-ci répond : « je souhaite développer des partenariats équitables. Depuis 30 ans, la majeure partie des exportations africaines vers la Chine concernent des matières premières. Cette approche n’est plus d’actualité, elle évolue, et il faut désormais industrialiser le continent, avec le soutien de la Chine, car nous pouvons transformer les produits agricoles directement sur place. Je pense à l’arachide du Sénégal ou au cacao de Côte d’Ivoire, par exemple. Le prix des matières premières brutes est volatil et l’Afrique ne se développera qu’en y apportant une valeur ajoutée. Il faut donc diversif i er cette coopération entre le continent et la Chine. » Avant d’ajouter : « les Nouvelles Routes de la soie représentent une opportunité majeure pour l’Afrique de s’imposer comme un fournisseur et un support incontournable de cette initiative. Il faut en prof i ter. »

Mais changer la stratégie de coopération passe aussi par une prise de conscience des entrepreneurs et des hommes d’affaires africains qui doivent envisager la relation sur un pied d’égalité. Avec la nouvelle génération de leaders africains, selon Hermann, la donne va changer. « La Chine et l’Afrique ont une histoire similaire de par les luttes qu’elles ont menées pour leur libération. Je reste persuadé que la Chine est le pays qui peut comprendre et aider le mieux notre continent », conclut-il.

« Nous devons penser plus grand »

Au cours de son analyse, l’entrepreneur camerounais s’attarde longuement sur les différences entre les approches chinoise et africaine. Il explique ainsi que l’un des problèmes majeurs tient au fait que les Africains ne ressentiraient pas cette f i erté de l’appartenance. « Pourtant, nous pèserions plus lourd, et notamment en Chine. L’Afrique devrait aimer l’Afrique », assène Hermann.

« Nos politiques devraient travailler dans ce sens en encourageant, par exemple, des associations ou des clubs rassemblant les entrepreneurs et les hommes d’affaires africains, pour réf l échir à la manière dont nous pourrions nous compléter. Nous pouvons aussi imaginer une chambre de commerce africaine qui rassemblerait plusieurs nations africaines au sein d’une structure commune. La Chine est un marché bien trop important pour un seul pays... » De fait, à l’heure actuelle, l’Union africaine ne dispose d’aucune représentation en Chine. Une situation qu’Hermann juge anormale : « cette organisation doit prendre ses responsabilités, à l’image de l’Union européenne qui impose des standards pour tous les prodauits qui entrent sur son territoire. Nous pourrions, nous, imposer l’industrialisation de nos pays ou fonctionner en termes de package sur chaque projet, qui permettrait de créer de l’emploi sur la durée. L’Union africaine doit se battre pour le droit des Africains ! »

Au f i l de la conversation, il évoque son quotidien en Chine – après neuf années de découverte, de leçons de vie et de rencontres – un retour au pays qu’il espère gagnant, ses ambitions. « Dans un avenir proche, mon objectif est de me faire reconnaître. C’est ma bataille ». Alors, au bout du compte, comment ramener Hermann Mef i re, cet entrepreneur camerounais qui prône à la fois la Chine et l’Afrique, le business et le partage, à de simples épithètes ? « Aujourd’hui, je suis sans doute un peu tout cela à la fois, admet-il. Au-delà de ma simple personne, j’espère que les jeunes générations d’Africains sauront négocier la façon dont la coopération s’opère sur le terrain. Nous voulons ouvrir le marché africain à la Chine, mais de manière équitable. Alors ensemble, travaillons pour l’Afrique ! » CA

Pour vos commentaires : koceilabouhanik@chinafrica.cn