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La chasse aux trésors culturels est ouverte

2017-08-08GrceauveloppementdutourismeculturellestrsorshistoriquescommearchitectureetlesartstraditionnelsconnaissentaujourdhuiunregaindevieauXinjiangparLiXiaoyu

中国与非洲(法文版) 2017年7期

Grâce au développement du tourisme culturel, les trésors historiques, comme l’architecture et les arts traditionnels, connaissent aujourd’hui un regain de vie au Xinjiang par Li Xiaoyu

La chasse aux trésors culturels est ouverte

Grâce au développement du tourisme culturel, les trésors historiques, comme l’architecture et les arts traditionnels, connaissent aujourd’hui un regain de vie au Xinjiang par Li Xiaoyu

À neuf heures du matin, dans un quartier

séculaire non loin du centre-ville, le silence est rompu par le battement des grelots attachés au collier des chevaux. Le site de Kazanqi, situé dans le sud d’Yining, chef-lieu de la préfecture autonome kazakhe d’Ili, dans le Xinjiang, accueille les premiers visiteurs du jour. Mais ici, pas de bus ni de voiture, les touristes découvrent le quartier en chariot, un ancien moyen de transport local qui se fait rare dans la société moderne.

Le site chargé d’histoire, et marqué principalement par la culture ouïgoure, est baptisé « musée de l’habitat ». Une dizaine d’ethnies, telles que les Ouïgour, les Kazakh, les Han ou les Hui, y cohabitent. Chaque maison possède une double grille en bois à l’entrée, et la façade offre un portique à colonnes sur deux rangées. Le bleu et le blanc sont les couleurs les plus communes – symbolisant le ciel et la pureté, selon la tradition ouïgoure. Les personnes âgées, sur les bancs, observent, amusés, les badauds qui s’émerveillent devant les portes d’entrée, volontairement laissées ouvertes, pour donner vue sur les cours intérieures.

Après une dizaine de minutes, on descend des chariots pour visiter la maison d’Asiyam Iz, 54 ans, qui fait partie des quelque 20 000 habitants du quartier. Construite il y a près d’un siècle, la bâtisse a abrité trois générations de sa famille, et porte une histoire forte. Devant la porte d’entrée, une étroite allée décorée de f l eurs mène les visiteurs à une grande cour ombragée. La maison, placée à environ un mètre au-dessus du sol, se trouve derrière une terrasse couverte, où sont exposés de petits objets d’art traditionnel ouïgour, comme le tambourin. Avant d’entrer, les visiteurs sont priés d’enlever leurs chaussures. Dans chaque pièce, les sols et les murs sont couverts de tapis antiques à la persane. Les visiteurs peuvent d’ailleurs s’asseoir sur des coussins à côté d’une longue table de bois pour déguster du thé au lait et des gâteaux préparés par la maîtresse de la maison. À ce titre, aux yeux d’Asiyam Iz, la vie d’aujourd’hui est bien meilleure qu’autrefois.

En effet, par le passé, le vieux bâtiment mal entretenu, menaçait de tomber en ruine. Il en allait d’ailleurs de même pour tout le quartier. « Auparavant, la route était en terre. Au soleil, elle était poussiéreuse, et sous la pluie, elle était boueuse », se souvient-elle. En 2006, l’administration locale a donc entamé la remise en état de ce quartier historique, en équipant les maisons centenaires de toutes les commodités nécessaires, et en fournissant des installations comme l’eau courante, l’éclairage public et des routes goudronnées, pour un coût total de 114 millions de yuans (17 millions de dollars). Deux ans plus tard, le quartier rénové a ainsi vu croître sa popularité et attire depuis de nombreux visiteurs.

En plus des travaux, l’administration locale reverse une partie des revenus de billetterie aux familles dont les maisons sont ouvertes aux visiteurs. De fait, plus les visiteurs sont nombreux, plus les compensations sont élevées. Sans avoir à se déplacer, Madame Iz peut désormais toucher plus de 2 000 yuans (300 dollars) par mois pendant la pleine saison. « Je suis maintenant f i nancièrement indépendante », assure-t-elle. Pourtant, Madame Iz n’est que l’une des nombreux bénéfi ciaires de ce système. Selon l’Of fi ce de tourisme de la ville d’Yining, pour la seule année 2015, le site de Kazanqi a accueilli 30 000 visiteurs, et généré un revenu de 1,5 million de yuans (210 000 dollars), dont plus de la moitié a été redistribué aux familles locales. « En prenant appui sur les richesses culturelles et historiques, nous comptons également donner une nouvelle impulsion à notre économie, et améliorer les conditions de vie de nos habitants », aff i rme Tang Xiaorong, maire adjoint de la ville d’Yining.

grâce aux efforts du gouvernement, nous pouvons non seulement réveiller chez les jeunes générations la passion de l’art traditionnel, mais aussi partager nos trésors historiques avec les visiteurs et les spectateurs étrangers.

Abdukadir Musha, maître de l’art du muqam

La protection et la mise en valeur des arts traditionnels ethniques

Un autre exemple de la préservation des trésors historiques concerne les arts traditionnels. Sur le site de la tribu des Dolan, dans le district d’Awat de la préfecture d’Aksu, dans le sud du Xinjiang, les visiteurs peuvent désormais apprécier le muqam, une forme d’art ouïgoure classique, autrefois menacée de disparition. Sur trois grandes estrades, placées sous une treille, Abdukadir Musha, 74 ans, maître de l’art du muqam, ainsi qu’une cinquantaine d’artistes – qui sont tous ses élèves – entament le rituel. À genoux, la troupe entame des ballades populaires qui ref l ètent l’histoire et la vie actuelle du peuple ouïgour, tout en jouant des instruments de musique traditionnels, comme la harpe arquée, la cithare, le hautbois, les tambours ou la fl ûte de pan. Devant eux, une quarantaine de personnes dansent d’un air joyeux au rythme de la musique, en costume traditionnel.

Des musiciens Ouïgours entretenant leurs traditions.

Il s’agit là d’une scène que l’on aurait pu trouver fréquemment dans les fêtes ou les cérémonies de mariage ouïgoures. « Mais de nos jours, les célébrations comme le meshrep, où tout le monde participe au muqam, sont de plus en plus rares. Et l’intérêt des jeunes pour nos coutumes décline peu à peu », regrette Abdukadir Musha. Comme souvent, les mutations sociales qui résultent de l’urbanisation et de l’industrialisation, ainsi que l’exode des jeunes Ouïgours vers les villes pour travailler, sont les principales raisons de ce déclin.

Un phénomène également constaté par l’administration locale, qui n’a pas tardé à agir. Dans les années 1980, des troupes artistiques et des instituts de recherche réservés au muqam du Xinjiang ont été créés, en vue de rassembler, ordonner, étudier et pratiquer la musique classique, le chant et la danse populaires des Ouïgours, constitués principalement par le muqam. En 2005, celui-ci a été inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Depuis, les autorités accordent une attention particulière aux maîtres du muqam, comme M. Musha, en les nommant garants du patrimoine culturel et en leur versant des subventions mensuelles. À ce titre, M. Musha peut toucher environ 1 000 yuans (150 dollars) par mois, contre lesquels il propose des formations. Jusqu’à présent, le maître a formé plus de 300 personnes.

Par ailleurs, il donne des représentations avec ses élèves dans des sites culturels traditionnels, à l’instar de la tribu des Dolan, qui a accueilli près de deux millions de visiteurs du monde entier au cours des neuf dernières années, selon les statistiques de l’Off i ce de tourisme du district d’Awat. « Je suis la sixième génération de ma famille qui s’applique à transmettre le muqam. Par le passé, j’étais inquiet de l’avenir de cet art, mais je ne m’en fais plus aujourd’hui », assure-t-il àCHINAFRIQUE. « Par contre, grâce aux efforts du gouvernement, nous pouvons non seulement réveiller chez les jeunes générations la passion de l’art traditionnel, mais aussi partager nos trésors historiques avec les visiteurs et les spectateurs étrangers », conclut-il. CA

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