Festicacao 2015
2017-01-04CacaolaforcetranquilledeconomiecamerounaiseparFranoisEssomba
Cacao : la force tranquille de l’économie camerounaise par François Essomba
Festicacao 2015
Cacao : la force tranquille de l’économie camerounaise par François Essomba
Malgré l’augmentation continue de la production cacaoyère, le taux de transformation est relativement bas, soit 15 % par an de la production nationale.
Michael Ndoping, directeur général de l’ONCC
INSTALLÉ au 5erang planétaire des nations
productrices de cacao, Ie Cameroun reste fortement soutenu par Ia fiIière cacao, qui constitue Ie premier produit d’exportation du secteur primaire. Conscientes de Ia pIace qu’occupe Ie cacao dans I’économie camerounaise, Ies autorités du pays ont Iancé en 2011 un festivaI internationaI dédié à Ia fiIière, Ie Festicacao. L’objectif principaI de I’événement est d’accroître Ies performances du secteur en quantité et en quaIité, afin de permettre au cacao camerounais d’être pIus compétitif sur Ie marché internationaI.
Le Festicacao est une grande foire-exposition qui assure Ia promotion des produits issus du cacao. La 4eédition de ce grand rendez-vous des promoteurs des activités cacaoyères a eu Ia particuIarité de se dérouIer simuItanément à Yaoundé et DouaIa, Ies deux principaIes viIIes du Cameroun. Le festivaI s’est tenu sous I’égide de Luc MagIoire Mbarga Atangana, ministre camerounais du Commerce, avec Ia présence très remarquée de son homoIogue Issa Tchiroma Bakary, ministre camerounais de Ia Communication, du 3 au 5 décembre 2015.
Cette grande kermesse destinée à Ia fiIière cacao, aura été I’occasion pour Ies acteurs dudit secteur de faire découvrir aux dégustateurs de chocoIat d’autres dérivés du cacao : Iiqueurs, beurre de cacao, ainsi que de nombreux produits cosmétiques, Iotions de beauté, crèmes pour repousse des cheveux, vernis. Le stand de préparation du chocoIat ne désempIissait pas, Ies visiteurs étaient visibIement impatients de déguster Ie chocoIat sous sa forme tiède. Et I’attente sembIait en vaIoir Ia peine, Ies gourmands raffoIaient de ce chocoIat tiède.
Cette quatrième édition du Festicacao a mis à I’honneur Ie travaiI de Ia femme dans Ia production, Ia transformation et Ia vaIorisation du cacao. D’où Ie thème : « La femme camerounaise dans Ie cacao ». ApoIIinaire Ngwe, président du ConseiI interprofessionneI du cacao et du café, évoque Ies enjeux au cœur de cette édition : « I’aIIègement de Ia pénibiIité du travaiI des femmes, Ia promotion des modèIes de réussite initiés par Ies femmes, Ia promotion de Ieur accès à Ia propriété foncière et Ia Iutte à Ieurs côtés contre Ia maInutrition ».
Une importante source de revenus
D’origine sud-américaine, Ie cacao existe depuis 4 000 ans. Les coIons aIIemands introduisent cet arbre au Cameroun au XIXesiècIe (entre 1886 et 1887). Depuis Iors, Ie Cameroun s’affiche comme une grande citadeIIe du cacao de quaIité et du savoir-faire des acteurs exerçants dans Ie secteur. C’est à travers cette fiIière que de nombreuses popuIations se sont intégrées à I’économie de marché. Ce précieux produit a égaIement financé Ia scoIarité de Ia pIupart des éIites camerounaises depuis Ies années 1930, jusqu’à nos jours.
Au Cameroun, Ies cacaoyers disposent d’une superficie cuItivabIe d’environ 425 000 hectares, et Ia production commerciaIisée est de 210 000 tonnes. Le secteur cacaoyer est prioritaire dans I’économie nationaIe. La cuIture du cacao se pratique dans sept provinces, sur Ies dix provinces du Cameroun, particuIièrement Ia partie méridionaIe du pays : Centre, Sud, Est, LittoraI, Ouest, Nord-Ouest et Sud-Ouest. Progressivement, Ia cuIture du cacao a intégré Ies foyers au Cameroun, au point de devenir un produit phare dans I’économie du pays.
Le secteur du cacao, avec ceIui du café, représente environ 3 % du PIB nationaI et 15 % du PIB du secteur primaire. C’est I’un des produits d’exportation qui a été pendant Iongtemps considéré comme Ie thermomètre de Ia vie économique et sociaIe du Cameroun. II fait vivre directement et indirectement pIus de 2 miIIions de personnes dans Ies zones ruraIes. Ses exportations, avec ceIIe du café, ont représenté de 1980 à 2000 près de 28 % du PIB des produits non pétroIiers et 40 % des exportations du secteur primaire, et ont généré environ 250 miIIions de doIIars par an pour Ies producteurs. Sa production commerciaIisée a atteint 228 000 tonnes en 2012-2013.
le label local
Des chocolatiers décorent un gâteau au Festicacao.
Le IabeI camerounais attire de nombreux industrieIs du secteur cacao, seIon Omer Gatien MaIédy, secrétaire exécutif du ConseiI interprofessionneI du cacao et du café (CICC). Les spéciaIistes apprécient sa forte teneur et sa couIeur brun rougeâtre. Après Ia restructuration de Ia commerciaIisation interne et externe, encIenchée dans Ies années 1990, Ia fiIière a connu un regain d’intérêt, passant d’un système de commerciaIisation fortement administré à un système IibéraIisé. Cette IibéraIisation a permis au secteur privé (producteurs, associations de producteurs, négociants, acheteurs) d’être en charge de Ia commerciaIisation, c’est-à-dire du processus aIIant de Ia coIIecte à I’exportation. L’opérateur économique est désormais pIacé au centre de I’initiative et de Ia prise de décision, tout en respectant Ies règIes de commerciaIisation.
Le Cameroun est devenu Ia nouveIIe attraction de tout ce que Ie monde compte comme experts dans Ia fiIière cacao, précise Omer Gatien MaIédy. Grâce à I’embeIIie du marché internationaI et aux mesures incitatives du gouvernement camerounais, ayant contribué à I’augmentation continue de Ia production, de nombreux opérateurs exceIIent dans Ies opérations de coIIecte et d’exportation. Le secrétaire exécutif du CICC indique par aiIIeurs que Ia IibéraIisation de Ia fiIière permet aujourd’hui aux producteurs camerounais de percevoir un prix représentant 80 % du prix internationaI. Ce qui suscite un réeI engouement pour Ia cuIture du cacao. Ainsi, Ie ministre du Commerce, Luc MagIoire Mbarga Atangana, recommande aux agricuIteurs de produire davantage et de dépasser Ies quantités actueIIement produites par an. C’est-à-dire entre 200 et 250 000 tonnes.
Les observateurs et Ies experts du secteur assurent que Ie Cameroun peut mieux faire, Ie but étant d’atteindre 600 000 tonnes par an. PIacé en 2015 sous Ie thème « La femme camerounaise dans Ie cacao », Ie Festicacao entend aussi promouvoir, vaIoriser et gIorifier Ia femme camerounaise. En effet, Luc MagIoire Mbarga Atangana, fait remarquer que Ia fiIière cacao est une véritabIe manne, dont Ies producteurs devraient bénéficier. À environ quatre doIIars Ie kiIogramme, Ie cacao peut être un outiI essentieI dans Ia Iutte contre Ia pauvreté.
l’office national du cacao et du café
Créé par décret Ie 12 juin 1991, I’Office nationaI du cacao et du café (ONCC), est un incubateur mis sur pied par Ie Cameroun pour favoriser Ia croissance et I’efficacité dans I’activité cacaoyère. L’ONCC doit, entre autres, être Ie garant de Ia quaIité, de Ia promotion et du respect des conventions internationaIes en matière de cacao et de café. L’ONCC tente égaIement, avec Ies partenaires internationaux, de mettre sur pied des ÉcoIes d’entreprenariat agricoIe visant à améIiorer Ia professionnaIisation des fiIières, à travers Ia formation des producteurs de cacao et de café.
Le Iancement officieI de Ia récoIte cacaoyère 2015-2016, Ie 7 août 2015, à Ayos (bourgade située à queIques 120 km de Yaoundé), a été I’occasion de mobiIiser à nouveau Ies acteurs de Ia fiIière pour une meiIIeure compétitivité de I’origine Cameroun. À cet effet, MichaeI Ndoping, directeur généraI de I’ONCC, a fixé des perspectives pour Ie secteur au Cameroun. L’objectif est ambitieux. Sur Ies dix dernières années, on est passé de 180 000 à 230 000 tonnes. Mais iI est possibIe d’atteindre Ies 600 000 tonnes en 2020 si Ies moyens sont effectivement injectés Ià où iI Ie faut, c’est-à-dire dans Ie traitement phytosanitaire d’envergure, I’utiIisation des engrais. Le premier paIier consiste à atteindre 400 000 tonnes dans cinq ans.
MaIgré I’augmentation continue de Ia production cacaoyère, Ie taux de transformation est reIativement bas, soit 15 % par an de Ia production nationaIe. Un handicap qu’expIique MichaeI Ndoping : nous produisons des fèves, pas du chocoIat, qui est un autre métier très spéciaIisé. II faut avoir un marché pour transformer. Certains grands transformateurs évoquent I’insuffisance de Ia matière première au Cameroun pour impIanter des unités de transformation. Les 200 000 tonnes en moyenne, en dépit de I’engouement pour Ia fève camerounaise, ne sont pas incitatives.
Par aiIIeurs, des obstacIes en termes de disponibi-Iité de I’énergie et d’infrastructures de quaIité freinent égaIement Ieur enthousiasme. Une tendance qui tend à s’inverser, suite au nouveau pIan nationaI de reIance des fiIières cacao et café, un appeI Iancé par Ie gouvernement aux investisseurs étrangers pour créer des unités de transformation dans I’activité cacaoyère. CA
(Reportage du Cameroun)