Synergies sino-africaines de développement
2017-01-04
Synergies sino-africaines de développement
He Wenping
Les législateurs chinois ont approuvé le plan directeur de développement socioéconomique pour la période 2016-2020, lors de la session annuelle de l’Assemblée populaire nationale de Chine (APN) en mars.He Wenpingestime que le nouveau plan quinquennal chinois entre en synergie avec la stratégie africaine de développement. La Chine va maintenir un rythme de croissance économique supérieur à 6,5 % durant le XIIIePlan quinquennal, réaliser l’objectif d’édification d’une société modérément prospère et doubler le PIB et le revenu par habitant par rapport à 2010. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang dans le Rapport d’activité du gouvernement, présenté lors de l’ouverture de la 4esession de la XIIeAPN le 5 mars.
"Les projets d’infrastructures transnationaux et transrégionaux ainsi que les projets visant à stimuler le secteur manufacturier de l’Afrique seront le fer de lance de la coopération sino-africaine.
He Wenping, chercheuse à l’institut charhar et à l’institut d'études africaines et ouest-asiatiques de l’Académie des sciences sociales de chine
PoURgarantir que ce XIIIePIan quinquennaI parte du bon pied, M. Li a proposé huit grandes missions pour cette année, notamment I’accéIération de Ia mise en œuvre de I’initiative « une Ceinture et une Route », I’éIargissement de Ia coopération internationaIe en matière de capacités de production et Ie soutien aux exportations de biens d’équipement, de technoIogies, de normes et de services chinois. Pendant cette période, I’accent sera mis sur I’ouverture, I’innovation ainsi que sur Ie déveIoppement coordonné vert et partagé. ParaIIèIement, Ia réforme structureIIe de I’offre et Ies stratégies de promotion de I’agricuIture moderne ainsi que I’économie de I’Internet vont injecter une nouveIIe vita-Iité et apporter de nouveIIes opportunités à Ia coopération sino-africaine.
Alliés dans le développement de l’Afrique
La Chine a fait de I’initiative « une Ceinture et une Route » une composante de son PIan quinquennaI pour créer un modèIe d’ouverture destiné à Ia fois à I’Orient et à I’Occident pour Ies rattacher par Ia voie terrestre et maritime. Cette initiative pour Ia coopération économique internationaIe et Ie déveIoppement mutueI vise à consoIider Ie déveIoppement économique en Asie, en Europe ainsi qu’en Afrique. La Route maritime de Ia Soie du XXIesiècIe va connecter Ies trois continents par Ia mer et ensuite être intégrée à Ia Ceinture économique de Ia Route de Ia Soie, une version améIiorée de I’ancienne route commerciaIe terrestre qui Ies reIiait.
La Chine veut promouvoir Ia connectivité des transports et parvenir à I’intégration dans deux domaines : d’un côté, intégrer Ia restructuration industrieIIe de Ia Chine avec I’industriaIisation de I’Afrique, et de I’autre, synchroniser I’initiative « une Ceinture et une Route » avec Ies stratégies de déveIoppement de I’Afrique. Depuis queIques années, pIusieurs pas ont été faits en ce sens : Ies accords de coopération concIus quand Ie Président chinois Xi Jinping a effectué des visites d’État en Tanzanie, en Afrique du Sud et en RépubIique du Congo en 2013 ; I’engagement à aider I’Afrique à construire des réseaux ferrés, autoroutiers ou aériens du Premier ministre chinois Li Keqiang Iors de sa visite en Afrique en 2014 ; ou encore Ies 10 projets majeurs destinés à stimuIer Ia coopération sino-africaine proposés par M. Xi Iors de sa participation au Sommet de Johannesburg du Forum sur Ia Coopération sino-africaine (FCSA) fin 2015. L’aide à I’Afrique pour Ia construction d’infrastructures et Ia promotion de Ia connectivité des transports crée Ies conditions propices à I’intégration dans ces deux domaines. La pénurie d’infrastructures a raIenti Ie déve-Ioppement des économies africaines. Les probIèmes comme I’insuffisance d’instaIIations de transports ou Ies coupures d’éIectricité n’ont pas seuIement un coût éIevé pour Ie commerce intérieur ou régionaI, iIs ont aussi un effet dissuasif sur Ies investissements étrangers.
Tout comme Ies Chinois avec Ie « rêve chinois » de renaissance nationaIe, Ies Africains chérissent Ie « rêve africain » de réduction de Ia pauvreté et de déveIoppement autonome. Une meiIIeure connectivité et I’industriaIisation sont des conditions impératives pour y parvenir, Ie seuI moyen. Pour que Ie XXIesiècIe soit une période de déveIoppement rapide de I’Afrique par I’industriaIisation et I’intégration économiqueet régionaIe, I’Union africaine (UA) a adopté une série de pIans et de programmes. À commencer par Ie Nouveau partenariat pour Ie déveIoppement de I’Afrique en 2001, iIs comprennent Ie PIan d’action de déveIoppement industrieI accéIéré pour I’Afrique en 2008, et en 2013, Ie Programme pour Ie déveIoppement des infrastructures en Afrique et I’Agenda 2063. Dans cette optique, I’initiative « une Ceinture et une Route » de Ia Chine se fait I’écho des stratégies de déveIoppement de I’Afrique au XXIesiècIe en donnant une nouveIIe impuIsion au déveIoppement durabIe des reIations sino-africaines et en expIorant un nouveau modèIe de coopération Sud-Sud.
En fait, I’intégration dans ces deux domaines n’a pas seuIement reçu des réponses positives des pays africains, mais iI est aussi déjà opérationneI. Le Président égyptien AbdeI Fattah aI-Sissi a affiché son soutien à I’initiative « une Ceinture et une Route » ainsi que sa voIonté de faire progresser Ia coopération biIatéraIe dans tous Ies secteurs avec Ia Chine, Iors de sa visite dans Ie pays fin 2014. II a noté que pour surmonter Ies défis économiques auqueIs Ie pays fait face, Ia priorité était de déve-Iopper Ies infrastructures. En janvier 2016, Iors de Ia visite du Président Xi en Égypte, Ies deux parties ont signé un mémorandum de compréhension pour promouvoir conjointement I’édification de I’initiative « une Ceinture et une Route » et signé des contrats pour stimuIer Ia coopération dans Ies domaines de I’approvisionnement énergétique, de Ia construction d’infrastructures, du commerce, de I’énergie, de Ia finance, de I’aéronautique, de Ia cuIture, des médias, des technoIogies et du changement cIimatique. À commencer par Ia coopération dans Ia construction d’infrastructures et Ia capacité industrieIIe, Ia Chine va aider I’Égypte à devenir un pays cIé Ie Iong de Ia Ceinture économique de Ia Route de Ia Soie.
Par aiIIeurs, I’UA et Ia Chine ont signé un mémorandum de compréhension Ie 27 janvier 2015 pour coopérer dans Ies grands réseaux d’infrastructures et I’industriaIisation de I’Afrique. En vertu de cet accord, Ia Chine va renforcer Ia coopération avec I’Afrique dans Ies chemins de fer, Ies autoroutes, I’aéronautique et I’industriaIisation en vue d’accéIérer I’intégration du continent dans Ie cadre de I’Agenda 2063. Les entreprises chinoises construisent déjà des voies ferrées, des aéroports, des parcs industrieIs et des ports dans des pays comme I’Éthiopie, Djibouti, Ie Kenya et Ie Nigéria.
Approfondir les relations sinoafricaines
Après trente années de croissance à un rythme effréné, I’économie chinoise est entrée dans une nouveIIe phase, appeIée « nouveIIe normaIité ». EIIe est caractérisée par une croissance moyenne-éIevée qui s’accompagne des objectifs principaux de restructuration économique et de résoIution des questions de secteur en surcapacité. Ainsi, avant Ie Sommet de Johannesburg du FCSA en décembre dernier, Ies pessimistes au sein de Ia communauté internationaIe avaient prédit que Ia Chine ne pourrait probabIement pas s’engager à aider I’Afrique de manière substantieIIe au vu de son propre raIentissement économique. Les détracteurs estimaient que Ies contrats concIus seraient aussi affectés. La Chine a cependant proposé 10 grands projets pour stimuIer Ia coopération sino-africaine, s’engageant à fournir des financements à hauteur de 60 miIIiards de doIIars. CeIa montre non seuIement Ia détermination de Ia Chine à encourager Ie déveIoppement de I’Afrique, mais répond aussi aux besoins des reIations commerciaIes sino-africaines pour Ia nouveIIe période.
Durant Ia période du XIIIePIan quinquennaI, Ia Chine va poursuivre sa poIitique de coopération gagnant-gagnant et d’ouverture, participer à Ia gouvernance économique gIobaIe et fournir des approvisionnements en biens pubIics. PIus particu-Iièrement, Ia Chine va renforcer ses efforts pour accéIérer Ia coopération internationaIe dans Ia capacité industrieIIe et Ia production d’équipements, ainsi que stimuIer Ies investissements outre-mer et Ies échanges cuItureIs sous I’égide de I’initiative « une Ceinture et une Route ». Dans Ie même temps, Ia Chine va assumer activement Ies responsabiIités et Ies obIigations qui Iui incombent pour accroître I’aide à I’étranger et en améIiorer Ies modaIités. Le pays fournira davantage de formations gratuites dans Ie domaine des ressources humaines ainsi que des conseiIs au niveau des stratégies de déveIoppement et des poIitiques économiques. La Chine va accroître I’assistance en matière de technoIogies, d’éducation, de soins médicaux, de gestion des catastrophes, de protection de I’environnement et de Ia faune sauvage ainsi que de Ia réduction de Ia pauvreté. Les pays africains en bénéficieront concrètement.
De toute évidence, Ies projets d’infrastructures transnationaux et transrégionaux ainsi que Ies projets visant à stimuIer Ie secteur manufacturier de I’Afrique seront Ie fer de Iance de Ia coopération sino-africaine. Mis à part Ies entreprises d’État chinoises, de pIus en pIus d’entreprises chinoises du secteur privé vont se joindre à Ia coopération industrieIIe, grâce à Ieur riche expérience et Ieurs technoIogies avancées dans Ies industries Iégères.
La coopération industrieIIe sino-africaine a déjà obtenu des résuItats fructueux. Par exempIe, Ia Tanzanie a signé un projet de contrat avec Ia Commission nationaIe du déveIoppement et de Ia réforme de Chine Ie 28 avriI 2015 pour accroître Ia coopération dans Ia capacité industrieIIe, devenant ainsi I’un des premiers pays africains à répondre à I’initiative de Ia Chine pour renforcer Ia coopération industrieIIe internationaIe. L’industriaIisation est aussi au cœur du pIan quinquennaI actueI tanzanien, ce qui présente de nombreuses opportunités pour Ia Chine. Depuis 2009, Ia Tanzanie construit une zone industrieIIe en vue de Ia transformation des produits destinés à I’exportation et pour stimuIer Ies secteurs tournés vers Ies exportations. L’objectif est aussi d’absorber Ies investissements étrangers, de stimuIer I’empIoi et de reIever Ie niveau en termes de technoIogie et de gestion. À ce jour, 12 entreprises chinoises ont déjà investi dans cette zone, notamment une verrerie de Ia province du Hebei, avec un projet de production annueIIe estimée à 600 000 récipients en verre à Dodoma qui devra être opérationneI cette année.
Dans un contexte de profonde refonte de I’ordre économique internationaI, I’économie chinoise et Ia coopération commerciaIe sino-africaine sont confrontées à des défis importants, notamment Ie besoin de remise à niveau structureIIe et d’améIioration de I’efficacité. Ce n’est qu’en surmontant ces défis que Ies reIations biIatéraIes pourront être approfondies et se voir injecter une nouveIIe vitaIité. CA