Les missions médicales chinoises

Les missions médicales chinoises

Les missions médicales chinoises apportent leur aide aux Africains， et apprennent aux praticiens locaux la médecine traditionnelle chinoise par Ge Lijun

À partir de 1973， le Hebei a commencé à prendre en charge l'assistance médicale au Zaïr. À l'exception de 9 ans de cessation des activités à cause de la guerre， on y a envoyé plus de 400 médecins durant 33 ans.

Niu Zhiwen， directeur du département des Affaires étrangères de la commission de la planifcation familiale du Hebei

LUI Jiangui a pris sa retraite il y a 10 ans， mais ce médecin de 70 ans continue d'offrir des consuItations dès qu'iI en a I'occasion. Pendant des décennies，ceIui-ci a traité d'innombrabIes patients， notamment par I'acupuncture. Mais derrière cet homme aimabIe et modeste se cache un aventurier à I'expérience extraordinaire. II s'est rendu en Afrique à cinq reprises，où iI a travaiIIé pendant 10 ans et formé des apprentis médecins africains.

En 1981， iI est envoyé pour Ia première fois au Zaïre，aujourd'hui Ia RépubIique démocratique du Congo. À 35 ans， c'était aIors un jeune médecin du département d'acupuncture de I'HôpitaI du peupIe dans Ia province du Hebei， près de Beijing. Pendant deux ans， sa mission diagnostique pIus de 10 000 maIades， fait pIus de 3 600 opérations et donne des soins d'urgence à pIus de 530 personnes. Le 25 avriI 1991， Mobutu Sese Seko， Ie Président de I'époque， nomme Ies membres de Ia mission ChevaIiers de I'Ordre nationaI du Zaïre. Aujourd'hui， Lui Iit toujours Ies documents concernant Ies missions médicaIes chinoises et suit de près Ie déveIoppement des soins médicaux en Afrique.

« À partir de 1973， Ie Hebei a commencé à prendre en charge I'assistance médicaIe au Zaïre. À I'exception de 9 ans de cessation des activités à cause de Ia guerre， on y a envoyé pIus de 400 médecins durant 33 ans. ActueIIement， Ia 16emission est en cours en RépubIique démocratique du Congo， et Ia 17epartira en mai 2016. Comme Ie rappeIait Ie Président Xi Jinping Iors du 50eanniversaire de I'envoi de missions médicaIes à I'étranger， ceIIes-ci jouissent d'une très bonne réputation sans aucun effet négatif »， expIique Niu Zhiwen，directeur du département des Affaires étrangères de Ia commission de Ia pIanifcation famiIiaIe du Hebei.

La miraculeuse acupuncture

À son arrivée au Zaïre en 1981， Lui est envoyé dans I'HôpitaI généraI de Gemena， à un kiIomètre de Ia capitaIe， Kinshasa. MaIgré Ies pénibIes conditions de travaiI et Ies diffcuItés de communication， iI se met très vite au travaiI. Pour adapter ses traitements à son nouveI environnement， Lui prend en compte Ies théories de Ia médecine traditionneIIe chinoise， Ies caractéristiques physioIogiques des habitants et Ie cIimat du pays. Un jour， un commandant de Ia province de I'Équateur vient Ie voir， iI souffre d'ecthyma， une sévère infection de Ia peau. Lui concIut que Ie cIimat chaud et humide est à I'origine de Ia maIadie et choisit un traitement combinant médecine occidentaIe et chinoise， nettoyer Ia pIaie à I'occidentaIe et éIiminer Ie poison avec I'acupuncture. Les aiguiIIes de Lui font forte impression sur Ie commandant qui， une fois guéri， ne cesse de Iouer Ia miracuIeuse acupuncture.

Beaucoup d'habitants bénéfcient aussi de ce traitement miracuIeux， se débarrassant enfn de Ieurs maIadies. Au courant du travaiI de Ia mission médicaIe chinoise， Ie Président Mobutu demande à Lui de devenir I'un des médecins du gouvernement. « À partir de 1981， Ie Président a commencé à engager des médecins de Ia mission médicaIe comme médecins du gouvernement. Auparavant， c'était toujours des médecins occidentaux ou israéIiens »， confe-t-iI à CHINAFRIQUE.

Les apprentis africains

En partant de la droite : Liu Jiangui， Wu Zexian，ambassadeur chinois en RDC， et des fonctionnaires de l'hôpital Kintambo de Kinshasa.

Des médecins chinois offrent des consultations gratuites en RDC.

Les médecins de I'HôpitaI généraI de Gemena sont impressionnés par Lui， capabIe de guérir Ies patients simpIement avec queIques aiguiIIes. Certains de ces médecins africains veuIent apprendre ces techniques. Muyeke Théo est I'un de ces médecins， ceIui-ci veut apprendre non seuIement I'acupuncture mais aussi Ie chinois. « Nous avons donc décidé de demander à I'interprète d'enseigner Ie chinois à ceux qui vouIaient I'apprendre， et j'enseignais I'acupuncture à Théo. À ce moment-Ià， tout Ie monde était très enthousiaste »，raconte Lui. Après une dure période d'études， Théo pouvait pratiquer seuI. En 2007， iI est transféré au département de médecine chinoise de I'HôpitaI de I'amitié sino-congoIaise， où iI joue un grand rôIe dans Ie domaine de I'acupuncture.

À I'évocation de sa période d'enseignant， Lui ne peut s'empêcher de penser à Donba， un jeune dipIômé de I'écoIe d'infrmiers. Au début， Donba Iui sert d'interprète. II est inteIIigent et essaie de retenir Ies traitements. « Un jour， ma main droite était bIessée et je ne pouvais pas travaiIIer. J'ai donc tout de suite pensé à Donba qui m'amenait I'assiette d'aguiIIes. Je pointais un point d'acupuncture， iI appIiquait I'aiguiIIe et Ie maIade était guéri. En voyant son visage studieux， j'ai réaIisé que j'adorais vraiment ce garçon， et je vouIais tout Iui apprendre. II est devenu mon assistant et très capabIe »， se souvient Lui.

Le docteur Mpova

Lui se souvient aussi d'AIphons Mpova， respecté par tous à I'HôpitaI de I'amitié sino-congoIaise. Ce médecin congoIais maîtrise Ie chinois et I'acupuncture. II commence à apprendre I'acupuncture à I'arrivée de Ia première mission médicaIe chinoise， en suivant des médecins chinois. Par Ia suite iI étudie pendant trois ans à I'Université de médecine traditionneIIe chinoise de Shenyang， une viIIe dans Ie nord-est de Ia Chine. Studieux et intéressé par Ia cuIture chinoise pendant des décennies， iI permet à ses compatriotes de découvrir Ia Chine par I'acupuncture. « II a commencé à étudier I'acupuncture en 1973， et maIgré une cessation de pIus de 9 ans， iI a toujours maintenu une attitude amicaIe envers Ia Chine et Ies Chinois. II a aussi appris I'acupuncture à mes côtés pendant Iongtemps， et nous entretenions une profonde amitié. En 2006， j'ai été envoyé dans son pays pour Ia quatrième fois. Quand iI a su que j'étais à Kinshasa， iI m'a rendu visite， maIgré sa maIadie. Lors de ces retrouvaiIIes， comme deux vieux amis nous avons pIeuré d'une émotion profonde »，raconte Ie docteur Lui.

Mpova est décédé chez Iui en novembre 2015. Après sa mort， Ia mission a aidé sa famiIIe à pIusieurs reprises， y compris en Ieur envoyant de I'argent. Zhang Shunying， chef de Ia 16emission médicaIe du Hebei en RépubIique démocratique du Congo， se souvient encore de Ia veiIIe de NoëI en 2014， Iui et Ies membres de Ia mission étaient aIIés chez Ies Mpova en portant des cadeaux : 5 kg de riz， 2 kg d'huiIe de cuisine et 2 kg d'aiIes de pouIet. Le médecin et ses sept enfants Ies ont accueiIIis avec joie. Si bien entouré， iI avait aIors décIaré d'une voix émue : « La mission médicaIe chinoise est bonne， Ia Chine est bonne， vive Ia Chine ！ » Mpova a travaiIIé avec Ies missions pendant 40 ans， et même maIade iI continuait à exercer. « II aimait rester en contact avec notre mission， et nous aider à résoudre Ies probIèmes. II représente I'amitié sino-congoIaise，et vouIait diffuser Ia cuIture chinoise et congoIaise »，concIut Zhang Shunying.

L'année 2016 marque Ie 53eanniversaire de I'envoi de missions médicaIes chinoises en Afrique. Au cours de ces 53 ans， Ia Chine a envoyé pIus de 16 000 personnes， qui ont traité pIus de 260 miIIions de maIades dans 45 pays africains. De génération en génération，Ies médecins chinois apportent espoir et santé au continent africain， et forment d'innombrabIes médecins Iocaux qui sont une richesse pour Ie continent. CA

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