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Une expérience extraordinaire

2015-11-09MessiBala

中国与非洲(法文版) 2015年4期

Une expérience extraordinaire

Pionnière dans l'enseignement du chinois à Douala au Cameroun par Messi Bala

Je suis très émue quand je vois l'enthousiasme avec lequel ces étudiants s'activent à apprendre le chinois.

Zhang Juan, Enseignante de chinois

ZHANG Juan, ancienne professeur d'anglais

dans la province du Henan, s'est installée depuis janvier 2014 à Douala, capitale économique du Cameroun, pour y enseigner le mandarin et la culture chinoise à plus d'un millier d'étudiants.

Dans le campus, elle s'est vite fait une réputation. Dans la masse d'étudiants assis sous une tente pour regarder un match de football, il fuse des Yī, èr, sān, sì, wǔ, liù, qī, bā, jiǔ, shí (1,2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10...) ou plutôt Nǐ hǎo et Nǐ zěnme yàng pour dire « salut, bonjour, comment ça va ? »...

« Quand je vois l'enthousiasme avec lequel ces étudiants s'activent à apprendre le chinois ou à vouloir connaître la Chine, je suis très émue »,avoue, souriante Zhang Juan. Elle explique qu'elle a enseigné l'anglais à Zhengzhou (capitale du Henan) pendant une dizaine d'années, mais qu'elle en est ensuite venue à se poser la question de sa contribution au rêve chinois. « Je suis arrivée à la conclusion que je devais aussi enseigner ma langue et ma culture aux autres peuples. Heureusement, l'lnstitut Confucius a lancé en 2013 un recrutement d'enseignants dans le Henan. J'ai postulé et passé des tests pour enseigner la culture chinoise hors de Chine », raconte-t-elle.

Une fois l'épreuve de sélection réussie, elle apprend que son poste d'affectation est le Cameroun. Elle qui rêvait des États-Unis est tombée sur un pays francophone qu'elle connaît alors très peu. Elle essaye donc de se documenter sur ce pays qui sera sa première expérience à l'étranger. Elle apprend que le Cameroun est un beau pays, que son équipe de football nationale,« Les Lions lndomptables », est meilleure que celle de la Chine, et que sa nourriture est de bonne qualité parce qu'elle est encore produite selon des normes écologiques saines.

Quatre jours après son arrivée, elle se rend à Douala où elle prend ses quartiers dans une résidence mise à sa disposition à Pk8, non loin de son lieu de service. ll lui a ensuite fallu s'adapter à sa nouvelle résidence. Le mobilier est en effet sommaire : pas de machine à laver ni de télévision. Elle a en revanche beaucoup de livres et un ordinateur pour ses recherches.

À 33 ans, Zhang Juan connaît sa première expérience africaine et compte laisser des traces

Zhang Juan

Depuis un an qu'elle vit à Douala, l'emploi du temps de Zhang Juan n'a pas beaucoup changé. Avec son collègue Lu Shuwei, elle a la charge d'enseigner aux étudiants de première année à l'lUG les bases du mandarin et de la culture chinoise.

« Certains de nos étudiants savent chanter des classiques de la chanson traditionnelle chinoise comme Tian Mi Mi », révèle M. Lu. Outre les cours à l'université, où les deux enseignants encadrent près d'un millier d'étudiants, ils donnent aussi des cours du soir à des travailleurs qui souhaitent apprendre le chinois. Figurent également dans l'emploi de temps quatre sessions de cours de préparation au HSK pour les Camerounais désireux d'aller poursuivre leurs études en Chine. En dehors de ses heures de cours, Zhang Juan pratique le taiji, un art martial chinois. Elle a transmis sa passion à un agent de sécurité de l'lUG, Paul Nyobè, qui rêve désormais de perfectionner cet art martial et d'apprendre également le kongfu. « La pratique du taiji avec ce Camerounais m'a permis de mieux comprendre la société dans laquelle je vis, explique Zhang Juan. Les Camerounais sont des gens chaleureux, accueillants et sincères. Riches ou pauvres, la bonne humeur est quotidienne avec eux. Et la musique fait partie intégrante de leur vie ».

Pour davantage être au contactdes populations de son quartier, l'enseignante Zhang Juan n'hésite pas à aller faire ses courses au marché et dans les petits commerces des environs,avec quelques étudiants jouant le rôle de guide. Elle s'habitue déjà à négocier les prix et à marchander en utilisant le Franc CFA (monnaie utilisée au Cameroun et dans 13 autres pays africains d'expression française et en Guinée Equatoriale).

Zhang Juan avec ses étudiants

Cette pionnière de l'enseignement du mandarin à Douala ne craint pas la solitude. Elle a choisi l'expatriation, laissant son enfant de trois ans au Henan auprès de ses parents. Son époux, professeur au secondaire dans la même province, est venu au Cameroun l'année dernière rendre visite à son épouse. À présent, le couple reste en contact par le biais du célèbre réseau social chinois Wechat, et Zhang Juan sait qu'elle doit encore passer dix mois au Cameroun avant de bénéficier de son droit de visite familiale en Chine.

Pourtant, son esprit n'est pas tant préoccupé par la perspective du retour que par l'ambition de laisser des traces dans l'esprit de ses jeunes apprenants. Quand on lui demande quel est son sentiment sur le Cameroun, la réponse est sans détour. « Le Cameroun est un pays de paix, au paysage luxuriant. Je n'ai pas encore eu l'opportunité de bien connaître la population, mais je pense que certains Camerounais gagneraient à être plus diligents. lls devraient être plus motivés et engagés dans leur travail ». CA