L'ONU et le nouvel ordre mondial

L'ONU et le nouvel ordre mondial

GARDER L'HISTOIRE EN MÉMOIRE

par Garth Shelton

LE monde traverse aujourd'hui de grands changements， alors que les économies émergentes montent en importance et deviennent des participants actifs dans le système international. Le déf clé est de construire un nouvel ordre international inclusif qui promeuve le développement et la prospérité de tous， sur la base du respect mutuel， des intérêts communs et de la responsabilité partagée.

Les questions de sécurité internationale doivent aussi être résolues， grâce à une structure ouverte， juste et inclusive qui permette la sécurité régionale et internationale， afn d'éviter une nouvelle guerre froide， la formation d'alliances， l'équilibre des puissances， les courses à l'armement et la dissuasion.

Afn d'œuvrer pour un nouvel ordre mondial， les Nations unies（ONU） devraient chercher à construire des partenariats basés sur le respect de la souveraineté et le développement de relations mutuellement bénéfques， plutôt que les associations à somme zéro basées sur le confit， les dissensions et les interventions militaires.

Les relations entre les grandes puissances devraient être basées sur un dialogue accru， sur la promotion de la confance mutuelle et sur la coopération étendue，afn de résoudre les désaccords. La coopération internationale devrait se fonder sur l'idée que la mondialisation a créé un monde interdépendant.

L'interdépendance complexe qui caractérise les relations entre la Chine et les États-Unis nécessite une coopération accrue pour résoudre les désaccords， car une escalade dans le confit serait mutuellement dévastatrice.

Le changement international nécessite que l'ONU propose un projet créatif et innovant pour construire un nouveau système institutionnel de gouvernance internationale et de gestion des confits. Avec maintenant 193 membres， la structure originelle de l'ONU， basée sur moins de 50 pays membres， doit être revue et modernisée. L'ONU a un besoin urgent de réformes qui refètent les réalités du système international actuel， tandis que les procédures pour gérer les relations internationales nécessitent des améliorations et une plus grande démocratisation.

Le chemin vers un nouvel ordre mondial positif et constructif devrait progresser grâce à des relations basées sur l'égalité， le respect mutuel et la coopération mutuellement bénéfque.

Des casques bleus chinois s'apprêtent à partir en mission au Soudan du Sud

De telles relations bénéfcieront aux citoyens du monde entier et permettront de promouvoir la paix et la stabilité internationales. L'ONU devrait prendre l'initiative de renforcer les aspects positifs de l'interaction entre États， pour promouvoir un meilleur dialogue international. Un Conseil de sécurité plus inclusif et plus représentatif，basé sur des prises de décision au Moyen-Orient， marquant la première participation de l'Armée Populaire de Libération de Chine aux opérations de maintien de la paix de l'ONU. Depuis 1990 jusqu'à aujourd'hui， la Chine a déployé 3 000 militaires et civils dans 15 opérations de maintien de la paix de l'Organisation en Afrique. Des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU， la Chine est le premier contributeur en termes de personnel militaire engagé dans ces opérations. Par ailleurs， en 2011-2012，elle a contribué pour 3，93 % au budget des opérations de maintien de la paix des Nations unies， devenant le septième pays contributeur.

Avec l'accélération de la piraterie autour de la corne de l'Afrique， fn 2008， le gouvernement chinois， avec l'autorisation des Nations unies， a envoyé sa première fotte d'escorte dans le golfe d'Aden et au large de la Somalie pour garantir la sécurité des navires transportant du matériel humanitaire du Programme alimentaire mondial （PAM） des Nations unies et d'autres organisations internationales. Depuis le 26 décembre 2008， la marine chinoise a escorté plus de 3 400 navires chinois et étrangers et a secouru 22 fois 33 navires chinois et étrangers attaqués par les pirates， contribuant à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie.

En outre， sur le plan multilatéral， la Chine a envoyé un ambassadeur auprès de l'UA et a entrepris des actions de coopération avec celle-ci en matière de maintien de la paix et de la sécurité. À titre d'exemple，en 2011， elle a offert à l'UA 900 000 dollars et 600 000 dollars en espèces pour soutenir respectivement sa construction des capacités et ses opérations de maintien de la paix en Somalie.

contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement économique en Afrique

Au cours des 70 dernières années， grâce à ses institutions spécialisées comme le PAM， l'OMS et l'ONUAA，

l'ONU a entrepris divers programmes en Afrique en matière de réduction de la pauvreté et de développement économique， et a obtenu des résultats fructueux en la matière.

à l'occasion du 70èmeanniversaire des Nations unies， il faut que tous les membres de l'Organisation travaillent conjointement pour concrétiser le Programme du développement pour l'après 2015.

En septembre 2000， les dirigeants mondiaux ont convenu de s'efforcer de réaliser d'ici 2015 huit objectifs recouvrant de grands enjeux humanitaires ： la réduction de l'extrême pauvreté et de la mortalité infantile，la lutte contre plusieurs épidémies dont le SlDA， l'accès à l'éducation， l'égalité des sexes， et l'application du développement durable. Les OMD sont défnis à partir de cet engagement. ll s'agit du premier programme conjointement élaboré par les pays membres de l'ONU pour le développement. Aujourd'hui， l'ONU travaille avec les gouvernements， la société civile et différents partenaires pour exploiter la dynamique dégagée par les OMD et poursuivre le Programme de développement pour l'après-2015， centré sur le développement durable et inclusif et composé de 17 objectifs de développement.

Ces dix dernières années， les pays sub-sahariens ont enregistré une croissance annuelle d'environ 6 %，devenant l'une des régions connaissant le taux de croissance le plus élevé du monde. La Chine， grâce à ses échanges commerciaux， ses investissements， ses projets sous contrat forfaitaire et ses aides vis-à-vis des pays africains， a joué un rôle essentiel dans cette croissance. Avec le renforcement des relations économiques et commerciales sino-africaines， les pays africains ont vu leurs capacités à choisir leur propre voie de développement se consolider， leur création d'emplois et leurs recettes fscales s'accroître， leurs travailleurs qualifés se multiplier et leur technologie se développer. Comme l'indique un expert connu pour ses recherches en matière de relations sino-africaines， M. Martyn Davies， le développement africain et l'intensité de l'engagement chinois envers l'Afrique présentent une corrélation positive et une relation symbiotique.

Dans son discours prononcé lors du Forum économique mondial sur l'Afrique tenu en mai 2014， le Premier ministre chinois Li Keqiang a affrmé que le renforcement de la coopération sino-africaine contribuait à l'augmentation du bien-être des deux peuples et à la croissance équilibrée de l'économie mondiale. À travers la coopération ouverte et mutuellement bénéfque avec l'Afrique， la Chine a aidé environ un tiers de la population mondiale à bénéfcier de la croissance économique et à améliorer leurs conditions de vie， ce qui contribue énormément à la croissance équilibrée de l'économie mondiale et aux progrès de la communauté internationale. Cela montre également que la Chine， le plus grand pays en voie de développement， est une puissance « responsable ».

À l'occasion du 70eanniversaire de l'ONU， il faut non seulement que tous les pays membres de l'Organisation travaillent conjointement pour concrétiser le Programme de développement pour l'après-2015，mais aussi que les pays émergents comme la Chine partagent leur expérience de développement avec les pays africains afn de contribuer au développement du continent. cA

（L'auteure de cet article est chercheuse à l'Institut Charhar et directrice de l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique relevant de l'Académie chinoise des sciences sociales）

SUITE DE LA P15 L'ONU ET LE NOUVEL ORDRE MONDIAL

consensuelles， plus que sur le droit de véto， serait un pas vers une meilleure stabilité du système international.

Un environnement international positif qui faciliterait l'ouverture du commerce et de l'investissement reste une priorité pour tous les États. Un commerce et un investissement sains devraient constituer un objectif majeur pour tous les pays en voie de développement pendant les prochaines décennies， afn de compléter le travail de modernisation et d'élimination de la pauvreté. L'ONU devrait décourager activement les barrières commerciales et les formations politiques qui nuisent aux interactions internationales et à la coopération.

La promotion de partenariats économiques constructifs devrait être une priorité， ainsi que la démocratisation des organisations internationales comme la Banque mondiale， le FMl et l'OMC. Étant donné la présence importante de l'Afrique dans l'Assemblée générale de l'ONU， une représentation africaine accrue dans toutes les institutions internationales de gouvernance， en particulier au Conseil de sécurité de l'ONU，devrait également être une priorité urgente.

L'ONU a la responsabilité de prendre l'initiative dans la création d'un cadre pour un nouvel ordre international qui refète les réalités internationales actuelles， plutôt que des institutions dépassées qui datent de la fn de la Seconde Guerre mondiale， il y a 70 ans. cA

（L'auteur est professeur de relations internationales à l'Université de Witwatersrand）