Les merveilles d’une plante polyvalente

Reportage de Zambie par DERRICK SILIMINA

Un membre de l’Association ougandaise du bambou prépare des semis prêts à être transplantés.

Le bambou devient progressivement une nouvelle force économique qui aide à générer des revenus, à créer des emplois et à protéger l’environnement en Ouganda

Le bambou, l’herbe géante, est la plante à la croissance la plus rapide et en raison de son taux de productivité élevé, il est une source précieuse pour un grand nombre de produits durables et est donc un revenu annuel durable.L’Organisation internationale du bambou et du rotin, une organisation intergouvernementale enregistrée auprès des Nations unies qui promeut la culture du bambou, affirme que l’économie mondiale du bambou est maintenant évaluée à plus de 60 milliards de dollars et qu’elle est un générateur potentiel de revenus pour les communautés rurales.

Mais ce n’est que récemment que la commercialisation généralisée du bambou a vraiment commencé en Ouganda et sur le continent africain dans son ensemble,suscitant l’espoir de générer des revenus et de créer des emplois pour les pauvres vivant dans les zones rurales.

Lorsque Flavia Munaaba Nabugere, alors ministre ougandaise de l’Eau et de l’Environnement, s’est rendue en Chine pour assister à un séminaire ministériel sur le bambou en 2011 et sur l’ingénieuse innovation chinoise en la matière, celui-ci a été pour elle une source d’inspiration et lui a ouvert les yeux sur le potentiel abondant de la plante.

Pour exploiter cette ressource verte lucrative,Mme Nabugere, contre toute attente, a pris la décision audacieuse de se lancer dans la foresterie par la production de pépinières de bambou dans le but d’ajouter de la valeur aux plantes.

Depuis la fin de son mandat ministériel en 2016,des experts chinois de la production de bambou ont dispensé des formations sur la construction, la fabrication de meubles et la gestion des zones humides.

Exposition deproduits en bambou à la Harvest Money Expo 2022,à Kampala,en Ouganda.

« J’estime que le transfert de connaissances de la Chine vers l’Ouganda est crucial pour stimuler l’intérêt pour le bambou, vecteur de promotion de l’économie verte. Actuellement, je fais de la production de semis et je fournis des semis aux agriculteurs. Je plante également du bambou et j’encourage les peuples à en planter et à rejoindre l’Association ougandaise du bambou », a-t-elle précisé.

Une économie verte

L’augmentation potentielle des profits a poussé de nombreux agriculteurs à cultiver du bambou, ce qui a accru le rôle de ce dernier dans l’atténuation du changement climatique. Le bambou offre la possibilité d’augmenter les revenus grâce aux crédits carbone.

L’Association ougandaise du bambou compte plus de 400 entreprises engagées de différentes manières dans l’économie du bambou. L’ancienne ministre, qui est également secrétaire générale de l’association,possède six hectares de bambou mature et engage ses membres à restaurer plus de 500 hectares de forêt dégradée, avec la culture du bambou.

Mme Nabugere incube des entreprises de bambou par le biais d’une formation en valeur ajoutée et en fournissant des matières premières de bambou, notamment les bâtons, les plants et les pousses.

« Le bambou a l’air simple, mais il est compliqué à cultiver. Mon expérience et ma formation quotidienne m’ont petit à petit appris à savoir quels semis peuvent survivre, comment gérer le bambou et quand il est prêt à être utilisé », a-t-elle expliqué.

Selon la stratégie et le plan d’action nationaux de l’Ouganda sur le bambou (2019-2029), le gouvernement vise à l’utiliser pour réhabiliter 375 000 hectares de terres dégradées d’ici 2029, pour un coût estimé à près de 45,8 millions de dollars, afin de protéger l’environnement et de fournir des revenus aux communautés rurales.

Une ressource vitale de revenus

La stratégie sur le bambou sert à l’amélioration des moyens de subsistance des Ougandais, en particulier ceux qui vivent dans les zones rurales, grâce à la création d’emplois et au renforcement de la contribution des forêts de bambou au développement économique national. Elle vise à stimuler le développement de l’économie verte et à atteindre les objectifs de développement du gouvernement ougandais.

Le marché mondial du bambou se développe. Avec la demande croissante de produits durables en Occident,les entreprises de bambou en Ouganda ont introduit divers produits pour les marchés locaux, notamment des cure-dents, des chaises, des tables, des ornements,ainsi que des pilons.

« En plus de cultiver des plantes de bambou, nos membres fabriquent et vendent des produits et de l’artisanat réalisés comme des meubles, des bijoux,des fournitures de bureau, des boîtes, des sucriers,des boîtes et des jouets », a précisé Precious Kavubu,administrateur de l’Association ougandaise du bambou.

Edwin Mwesigwa, l’un des exposants de la Harvest Money Expo 2022, la plus grande exposition agricole d’Ouganda qui vient de se tenir à Kampala, indique que de nombreux visiteurs dans son stand d’exposition sont restés impressionnés par la gamme des produits fabriqués à partir de bambou.

« J’aime être créatif, et à partir du bambou que j’achète aux agriculteurs, je peux fabriquer divers produits.C’est ce qui soutient ma famille. À l’avenir, j’envisage de planter du bambou », a-t-il souligné, après avoir présenté divers produits en bambou à l’exposition,notamment des vases, des chaises, des tables et des ornements, entre autres.

Interrogée sur la façon dont la formation chinoise dans la chaîne de valeur du bambou contribue à la croissance des membres de l’association, Mme Nabugere a déclaré que l’expérience de son association avait été à la fois passionnante et stimulante. CA