Une vocation historique
2022-09-06parXIAYUANYUAN
par XIA YUANYUAN
Un érudit permet au peuple chinois d’en connaître davantage sur la véritable Afrique
En 1405, une vaste flotte de 208 navires appareille dans l’océan. Le commandant de cette flotte était Zheng He, un célèbre amiral chinois.Transportant de la porcelaine, de la soie, du thé et de nombreux trésors de Chine, la flotte a traversé la mer de Chine méridionale, le détroit de Malacca et l’océan Indien, et a accosté dans de nombreux pays en cours de route.
Au cours des 28 années qui suivirent, Zheng He conduisit ses flottes à six reprises. Il accosta quatre fois sur le continent africain, visitant de nombreux pays le long de la côte est-africaine et ouvrant des canaux pour les échanges entre la Chine et l’Afrique.
Cependant, si l’on considère les recherches du siècle dernier, peu d’études traitent de ce sujet. Li Xinfeng,écrivain, président exécutif et chercheur principal de l’Institut Chine-Afrique, y a remédié.
Lorsqu’il était correspondant en chef duQuotidien du Peupleen Afrique du Sud de 1998 à 2005, M. Li a parcouru la partie sud du continent africain à la recherche de traces de la flotte de Zheng He qui se trouvait en ces lieux quelque six siècles plus tôt. Il en a résulté une histoire fascinante,A Reporter’s Exploration: Following Zheng He’s Footsteps in Africa, qui est également le premier livre chinois sur le voyage de Zheng He en Afrique.
Aujourd’hui, en tant qu’érudit étudiant l’Afrique, ses recherches et travaux ont activement fait progresser les liens entre les peuples, ainsi que les échanges culturels entre la Chine et l’Afrique.
Une multitude d’échanges
M. Li se qualifie d’explorateur. En 1999, alors qu’il était journaliste en Afrique du Sud, il a lu un reportage selon lequel certains descendants des marins de la flotte de Zheng He vivaient encore sur l’île de Pate au Kenya.« J’ai appris cela avec enthousiasme. Je me suis dit qu’il fallait trouver la vérité », a confié M. Li àCHINAFRIQUE.
Pour ses recherches, il a visité l’île de Pate seul à quatre reprises. Il a également parcouru la partie sud du continent africain pour rechercher des traces de la flotte de Zheng He et l’origine des liens sino-africains.
En huit ans, M. Li a accumulé une grande quantité de documents grâce à ses recherches de terrain. « J’ai observé que même après plus de 600 ans - près de 20 générations - l’héritage culturel chinois est toujours présent. La force intangible de la culture, si subtile mais si forte, a imperceptiblement influencé les peuples et la société », a-t-il affirmé.
Au cours de ces huit années, il a publié de nombreux récits sur son exploration qui ont eu un grand impact sur les lecteurs chinois et étrangers. En 2008, le livreA Reporter’s Exploration: Following Zheng He’s Footsteps in Africaa été publié. Selon Lu Ting’en, président honoraire de la Société chinoise d’études historiques africaines,le livre est le premier travail d’enquête et de recherche de la Chine sur les voyages de Zheng He en Afrique.
Li Xinfeng préside la 11e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks à Beijing, le 20 juillet.
Aujourd’hui,la Chine et l’Afrique construisent une communauté de destin sinoafricaine plus proche sur la base du déve loppement de haute qualité de l’initiative« la Ceinture et la Route ».
LI XINFENG Président exécutif de l’Institut Chine-Afrique
Présenter une vraie Afrique
« Bien que les échanges sino-africains aient eu lieu bien avant les contacts euro-africains, nous n’avons pas eu beaucoup de communication directe pendant une période de 600 ans. Nous avons appris à nous connaître principalement à travers l’Occident », a expliqué M. Li. En tant que tierce partie, le message envoyé par l’Occident impliquait parfois ses propres points de vue. La compréhension de la Chine sur l’Afrique n’est toujours pas complète et globale.
« Je pense que la meilleure façon de comprendre l’Afrique est d’y aller et d’échanger avec la population locale. Mes huit années là-bas ont changé ce que j’imaginais de l’Afrique et mes opinions sur certaines questions », a-t-il exprimé. « J’espère que j’ai ouvert une voie aux Chinois. »
Li Xinfeng et des journalistes africains posent devant la caméra avec l’ancien Président sud-africain Nelson Mandela,le 1er juin 2004 à Johannesburg, en Afrique du Sud.
M. Li estime que pour donner aux lecteurs chinois une image réelle et complète de l’Afrique, les correspondants doivent l’observer à travers leurs propres yeux, parler aux Africains et découvrir leur mode de vie.
« En huit ans, j’ai voyagé à travers le continent et visité plus de 20 pays africains. Pour acquérir une compréhension plus précise de l’Afrique, j’ai voyagé dans d’autres régions de chaque pays en dehors de sa capitale », a-t-il fait part àCHINAFRIQUE. « Pour mieux comprendre un pays, il faut non seulement visiter ses villes, mais aussi ses zones rurales. Il faut prêter attention à la vie quotidienne des gens ordinaires. »
Étudier l’Afrique
À son retour en Chine, M. Li a décidé de changer de carrière et est devenu un chercheur étudiant l’Afrique.« Je suis une personne très studieuse. J’ai accumulé beaucoup de matériaux en Afrique, et je ne veux pas les gaspiller, tout comme mon expérience personnelle.Être un chercheur me permet de me concentrer à la recherche et j’espère présenter ces documents aux lecteurs chinois », a-t-il déclaré.
En 2008, M. Li a commencé à travailler à l’Académie chinoise des sciences sociales pour se spécialiser dans les études africaines. Il a publié un certain nombre d’ouvrages, dontZheng He and AfricaetDarfur Issue under the Global Perspective, qui ont élargi la profondeur et l’étendue des études chinoises sur l’Afrique.
Actuellement, M. Li est président exécutif et chercheur principal à l’Institut Chine-Afrique. Créé le 9 avril 2019,l’institut vise à jouer un rôle positif dans le renforcement des liens humains, culturels et politiques entre la Chine et l’Afrique.
Au cours des trois dernières années, l’institut a encouragé les échanges de groupes de réflexion. Pour rendre les échanges universitaires plus ciblés et pragmatiques,l’institut a mis en place 50 projets de recherche conjoints Chine-Afrique en 2019, qui ont vu participer des experts et des universitaires de Chine et d’Afrique. Les sujets couvrent la protection écologique, le développement industriel, la gouvernance d’entreprise, la réduction de la pauvreté, le développement des jeunes, le transport intelligent, entre autres.
« Les voyages de Zheng He en Afrique de l’Est équivalaient à un voyage de paix et favorisaient les échanges culturels entre la Chine et l’Afrique. Les relations sino-africaines sont profondément enracinées et ont été amicales de génération en génération », a fait valoir M. Li.
« Aujourd’hui, la Chine et l’Afrique construisent une communauté de destin sino-africaine plus proche sur la base du développement de haute qualité de l’initiative “la Ceinture et la Route”. Les relations sino-africaines sont dans la meilleure période de l’histoire et la coopération apporte des avantages tangibles aux peuples chinois et africains », a-t-il partagé.
À l’avenir, les échanges non gouvernementaux entre la Chine et l’Afrique devraient élargir davantage les échanges humains et culturels, afin que les relations sino-africaines puissent continuer à s’approfondir,a-t-il conclu. CA