Une saveur grandissante
2022-09-06ReportageduRwandaparALAFATIMUGABO
Reportage du Rwanda par ALAFATI MUGABO
La gastronomie chinoise gagne en popularité à Kigali et devient un vecteur d’échanges culturels
Yin Qingri, 51 ans, originaire de Shenzhen, dans la province du Guangdong dans le sud de la Chine, tient un restaurant chinois offrant une variété de plats à Kigali, capitale du Rwanda.
« La cuisine parle la meilleure langue pour partager sa culture avec d’autres », a plaisanté M. Yin lors d’une interview avecCHINAFRIQUEdans son restaurant situé à Gishushu, dans le district de Gasabo, au Rwanda.
Parlant de l’importance de la cuisine, Sun Chenguang,un responsable chinois travaillant à l’ambassade de Chine au Rwanda, croit qu’il s’agit d’une bonne tendance,parce que les liens entre les Rwandais et les Chinois prennent de l’ampleur. « Les peuples devraient en apprendre davantage sur la culture et les habitudes de chacun », a-t-il partagé. « La cuisine peut le permettre. »
Il souhaite que la cuisine chinoise soit une autre option alimentaire pour le peuple rwandais et laisse une bonne impression.
Demande croissante
Baptisé Alink, l’établissement de M. Yin est considéré comme l’un des restaurants chinois les plus anciens et les plus authentiques de Kigali.
Il dispose d’une salle à manger principale et de deux salles privées offrant un confort supplémentaire aux clients ayant besoin d’intimité. Le restaurant possède également un café-bar, une bibliothèque chinoise et un supermarché vendant des produits chinois.
« En découvrant que Kigali n’avait que trois restaurants [chinois] malgré la demande croissante des expatriés chinois, ma famille et moi avons décidé d’en ouvrir un ici il y a 14 ans », a-t-il déclaré.
Le restaurant de M. Yin sert environ 200 plats chinois,dont des nouilles fraîches, un barbecue chinois, du bœuf tranché poché à l’huile de piment, du pouletkung paoet du poisson frit, entre autres. Au moment où il a ouvert le restaurant, peu de chefs savaient cuisiner des plats chinois. Ils ont dû être formés par des maîtres cuisiniers chinois à partir de zéro, de la coupe des légumes et de la viande à l’utilisation habile des assaisonnements.
« Nous avons formé des dizaines de chefs rwandais ces dernières années, dont certains ont travaillé dans mon établissement. D’autres cuisinent désormais dans des hôtels étoilés ou d’autres restaurants chinois », a indiqué M. Yin.
En raison de la demande à Kigali pour la cuisine chinoise, de plus en plus de restaurants ont vu le jour ces dernières années dans les grandes villes duRwanda.
« Auparavant, nous n’avions que des clients chinois et quelques Rwandais, peut-être ceux qui avaient voyagé en Chine et avaient goûté aux spécialités locales. Mais aujourd’hui, beaucoup de nos clients ne sont pas chinois », a-t-il ajouté.
Scovia Kabutare, cheffe rwandaise chez Alink, confie que, depuis dix ans, elle utilise la cuisine chinoise comme moyen de communication avec les visiteurs chinois dans le pays. « Nous pouvons dire quels plats plairont à nos clients chinois en fonction des provinces d’où ils viennent et de leurs habitudes alimentaires »,a-t-elle expliqué. Mme Kabutare a été formée par des chefs chinois dans le même restaurant il y a 12 ans de cela.
Elle affirme que la cuisine chinoise gagne en popularité parmi les Rwandais. « Environ 60 % de nos clients sont des étrangers et des Rwandais locaux, tandis que les Chinois constituent le reste. »
Selon elle, Alink est bien connu parmi les locaux en raison de ses saveurs authentiques. Le restaurant sert des dizaines de milliers de convives rwandais chaque année, dont de nombreux responsables et célébrités.
Mme Kabutare, mentionnant le bœuf grésillant, le bœuf au brocoli, la soupe de raviolis chinois, le tofu épicé, le ragoût de poisson et la soupe chaude et aigre,atteste que certains Rwandais sont tombés amoureux de la cuisine chinoise. « Il y a une mère et ses trois filles obsédées par la fondue chinoise et le petit pain farci à la vapeur. Elles viennent dans notre restaurant au moins une fois par semaine, voire deux », a-t-elle raconté.
Mme Kabutare est douée pour le bœuf au brocoli,le bœuf épicé bouilli, le filet de poisson épicé bouilli et tous les types de riz frit. Avec son expérience, elle est capable de cuisiner n’importe quel plat chinois.
L’établissement favori de M. Sun est le restaurant chinois Dmall, situé à Kigali, à 500 mètres du Conseil de développement du Rwanda et du Haut-commissariat de Tanzanie. Il y a essayé la fondue chinoise qui, selon lui, est aussi bonne que celle qu’on trouve en Chine.
Les peuples devraient en apprendre davantage sur la culture et les habitudes de chacun.La cuisine peut le permettre.
SUN CHENGUANG Un responsable chinois travaillant à l’ambassade de Chine au Rwanda
Une empreinte croissante
En raison de la demande à Kigali pour la cuisine chinoise, de plus en plus de restaurants ont vu le jour ces dernières années dans les grandes villes du Rwanda,telles que Rubavu, Huye et Musanze. En 2017, il n’y avait que sept restaurants chinois au Rwanda. Mais à ce jour, il en existe une trentaine.
James Mutabazi, un client rwandais friand de mets chinois, soutient que ses plats préférés sont trop nombreux, allant de la fondue au plat de tofu. « C’est une norme pour notre famille de sortir et de manger de la cuisine chinoise dans l’un des restaurants de la ville tous les week-ends », a avancé M. Mutabazi, 38 ans,père de trois enfants.
Jane Mutima est une autre Rwandaise récemment tombée amoureuse de la gastronomie chinoise. « C’est la première fois que je goûte des plats chinois, et contrairement à mes idées reçues, je les trouve très savoureux », a-t-elle fait part en dégustant du bœuf au brocoli avec son petit ami chez Dmall.
Elle raconte en plaisantant que si vous voulez impressionner quelqu’un que vous appréciez, vous devez l’emmener dans un restaurant chinois pour une expérience culinaire.
Avec le nombre croissant de Rwandais appréciant la cuisine chinoise, les restaurants locaux commencent également à proposer des plats chinois à leur menu,même s’il est difficile pour eux de cuisiner des plats authentiques.
Les étrangers et les locaux qui ont une expérience à l’étranger sont les principaux clients de la cuisine chinoise.
La cuisine chinoise gagne également en popularité dans le secteur de l’hôtellerie au Rwanda. Alors que le pays s’efforce de devenir une destination touristique de premier plan en Afrique, de nombreux hôtels à Kigali proposent une cuisine chinoise avec des chefs expérimentés capables de préparer de nombreuses variétés de plats. CA