Comment la démocratie peut servir toute la population

par PAUL TEMBE

L’auteur est sinologue sud-africain et fondateur de SELE Encounters.

La bonne gouvernance avec des prestations de services efficaces est le cheval de bataille de la Chine dans la réalisation de sa démocratie populaire sur l’ensemble du processus

Trois députés répondent aux questions lors de la 5e session de la XIIIe Assemblée populaire nationale à Beijing, le 8 mars.

Dans son discours de commémoration du centenaire de la fondation du Parti communiste chinois (PCC)du 1erjuillet 2021, le Président Xi Jinping a mentionné et expliqué en détail ce qu’il appelait « la démocratie populaire chinoise sur l’ensemble du processus ».

Comme le PCC l’a démontré en pratique, la démocratie n’est pas le domaine exclusif des pays occidentaux. Au contraire de ce qui se passe aux États-Unis, où la gouvernance est exclusivement dominée par une élite et une classe fortunée, qui s’est transformée en un système servant les intérêts restreints des groupes de pression, d’entreprises et du complexe militaro-industriel, la version chinoise de la démocratie donne un vrai sens à la gouvernance dans ce pays.

La démocratie chinoise est nettement différente de celle des pays occidentaux. Le Président Xi la définit comme un ensemble orienté vers « la sauvegarde de l’équité sociale et de la justice, et la résolution des déséquilibres, des insuffisances en matière de développement,ainsi que des difficultés et des problèmes les plus urgents qui préoccupent énormément le peuple ».

La bonne gouvernance

Par-dessus toute chose, la démocratie chinoise est associée dans son ensemble à la bonne gouvernance, c’est-à-dire à des prestations et distributions de services et de biens publics efficaces. Le gouvernement chinois s’est sans ambiguïté focalisé sur la distribution des biens publics pour la majorité de la population.

Un exemple remarquable de cette démocratie est certainement représenté par l’intégration de la population même dans le processus de prises de décisions collectives via les différents niveaux d’organes de consultation. Dans le cadre de projets de lois, les opinions publiques sont sollicitées, afin de donner un caractère démocratique à une prise de décision.

La Chine est intransigeante sur le principe selon lequel les dirigeants publics doivent servir et donner la priorité aux intérêts nationaux, au-delà de tout intérêt personnel. La responsabilité même des institutions de l’État chinois est de répondre aux besoins et aux préoccupations des citoyens de façon sérieuse et réactive, à tous les niveaux.

Par ailleurs, dans son rapport sur la fonction publique mondiale de 2015,l’ONU a fait référence au pilotage pour définir le terme « gouvernance » :« Diriger un navire ne consiste pas seulement à le maintenir à flot dans des mouvements vers l’avant, vers l’arrière ou sur les côtés, mais plus important encore, il faut savoir où l’on va et s’assurer que ledit navire soit constamment sur la bonne voie de cette direction choisie. »

S’assurer que le navire soit sur la bonne voie a permis au PCC de concrétiser des réalisations historiques pour ses citoyens. Ce n’est pas surprenant puisque le PCC, surtout depuis 1978 et dans sa trajectoire actuelle sous le Président Xi, a compris l’importance des liens entre le développement politique,les réformes économiques et la stabilité sociale.

Deux professionnels de santé congratulent un patient de 4 ans qui vient de subir un traitement à Zaozhuang (Shandong), le 1er janvier.

Le pragmatisme en actes

Cette démocratie chinoise n’est pas apparue par hasard. C’est le fruit de l’étude de ce qui fonctionne en Chine.L’accent a été mis sur le pragmatisme par opposition au fondamentalisme idéologique ; cela a été le cadre directeur des processus d’études, à travers la formulation et la mise en œuvre de politiques,par le biais de programmes de tests et de détection d’erreurs.

Ces processus ont permis au PCC de sélectionner sans précipitation, parmi des systèmes d’autres pays, ce qui fonctionne le mieux pour la Chine. Cette sélection a permis de mieux s’adapter à ses conditions nationales. Par conséquent, le rôle de l’économie de marché n’a pas été laissé à sa propre conception de recherche pure et simple du profit. L’intervention de l’État est donc nécessaire pour équilibrer la répartition des richesses et réduire les inégalités de revenus que l’économie de marché produit inévitablement.

Il en va de même en ce qui concerne la démocratie. Elle a été reconfigurée pour être directement applicable aux circonstances structurelles de la Chine. Contrairement à d’autres pays où la volonté du peuple n’a d’importance que durant les périodes électorales, en Chine, les intérêts du peuple règnent en maître tout au long du mandat des fonctionnaires.

La démocratie populaire sur l’ensemble du processus sous-entend qu’il faut servir l’intérêt commun. Elle a permis à la Chine de construire le plus grand système de sécurité sociale au monde et d’offrir une couverture médicale de base qui touche plus de 95 % de la population. À cela s’ajoute l’éradication de la pauvreté absolue. Le PCC a atteint avec dix années d’avance l’objectif de développement durable de l’ONU visant à « mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes ».

Alors que le monde lutte contre la pandémie de COVID-19, la Chine a montré la voie avec sa démocratie, tout au long de la gestion de la pandémie, en maintenant la croissance économique et en répondant aux besoins socioéconomiques fondamentaux de la population. Par conséquent, la démocratie chinoise mérite d’être reconnue pour sa bonne gouvernance qui a fait progresser les prestations de services de base.

Ce n’est pas un hasard si le Président Xi a déclaré : « La démocratie n’est pas un ornement à utiliser pour la décoration ;elle doit servir à trouver des solutions aux problèmes que les peuples veulent résoudre. » Il est important de rappeler qu’entre 2016 et 2020, le PCC a créé environ 60 millions d’emplois décents. Il s’agit d’un signe évident de l’action de la démocratie chinoise, du lien entre l’accomplissement des droits socio-économiques,de la cohésion sociale ainsi qu’avec l’édification de la nation. La déclaration du Président Xi selon laquelle la Chine est une société modérément prospère est liée à la démocratie populaire sur l’ensemble du processus.

Contrairement à d’autres pays où la volonté du peuple n’a d’importance que durant les périodes électorales, en Chine, les intérêts du peuple règnent en maître tout au long du mandat des fonctionnaires.

Expériences pour l’Afrique du Sud

Quelles sont les expériences qui pourraient être reprises de la démocratie chinoise pour l’Afrique du Sud ? Tout d’abord, l’exécutif doit jouer un rôle clé pour donner un sens à la démocratie et favoriser le développement social.Lorsque les dirigeants se contentent de la proclamation de politiques sans mettre l’accent sur leurs mises en œuvre, cela risque de porter atteinte à la durabilité du projet démocratique et du programme d’édification de la nation.

De plus, les poursuites judiciaires engagées contre les personnes qui ont été reconnues par les autorités compétentes comme impliquées dans des actes de corruption et de mauvaise administration, ne devraient pas être sujettes à négociation.

Enfin, les systèmes politiques devraient s’adapter aux conditions réelles d’un pays.Il n’est pas utile de proclamer fièrement que notre démocratie constitutionnelle est la plus « progressiste » au monde lorsque les besoins fondamentaux de la population ne sont pas satisfaits. Le manque de prestations de services efficaces est la raison pour laquelle il y a tant de manifestations publiques en Afrique du Sud.Comme le dit un proverbe chinois, « un homme de sagesse s’adapte aux changements ; un homme de connaissance agit en fonction des circonstances ». CA