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REGARDS CROISÉS

2022-02-19

中国与非洲(法文版) 2022年2期

PERSPECTIVES SUR UN THÈME CHOISI

CSN PHOTO

Surmonter la phobie sociale

Cette rubrique permet d’examiner un sujet à partir de perspectives africaine et chinoise. Ce mois-ci, nous discutons de la façon dont les personnes surmontent la phobie sociale.

S’exposer aide

BAI LU

Chercheuse en informatique, 28 ans, Beijing

Ma compréhension de la phobie sociale a commencé avec l’expression « émotion sociale ». Un concept que j’ai appris dans mes cours de psychologie, et qui fait référence à l’expérience subjective d’un individu dans la communication interpersonnelle. Les personnes atteintes de phobie sociale ont des expériences émotionnelles désagréables, contre nature, stressantes, ou même effrayantes. Ce qu’une personne normale n’aurait pas, en général.

De nos jours, de nombreuses personnes en souffrent, et doivent se tourner vers des psychologues pour trouver un soulagement. Certains ont même besoin de médicaments pour maintenir une vie quotidienne normale. Aux États-Unis, la phobie sociale est considérée comme la troisième plus grande menace pour la santé mentale, après la dépression et l’alcoolisme. Beaucoup de jeunes Chinois pensent qu’ils souffrent de phobie sociale dans une certaine mesure.

De mon point de vue, bien qu’il s’agisse d’un phénomène de plus en plus courant, il est important de trouver des solutions, compte tenu du grand effet qu’elle a sur le développement personnel et la vitalité des individus et de la société en général. Trouver une solution peut être difficile dans des cas extrêmes, pour ceux qui grandissent dans un contexte familial maltraitant ou qui subissent des violences à l’école, par exemple. Les traumas de l’enfance peuvent jeter une ombre sur leurs interactions sociales plus tard. Dans ces situations, lutter contre la phobie sociale peut prendre toute une vie.

Dans la plupart des cas, cependant, la situation est moins grave et la cause tient simplement au manque d’interactions : manque de compagnie pour les enfants uniques, faiblesse des relations interpersonnelles dans les grandes villes, etc. Les facteurs peuvent être nombreux. Beaucoup de jeunes ne se sentent pas anxieux concernant leur vie sociale lorsqu’ils travaillent dans les grandes villes. Toutefois, cette angoisse se manifeste lorsqu’ils retournent dans leur ville natale, là où les relations interpersonnelles avec les membres de la famille et les proches sont fortes.

En tant qu’enfant unique, j’ai été strictement protégée depuis l’enfance, et des comportements basiques, comme se faire des amis, se sont toujours déroulés sous la stricte surveillance de mes parents. Cela me rend mal à l’aise lorsque je socialise avec les autres, car j’ai l’impression que tous les regards sont braqués sur moi. Pour surmonter la phobie sociale, il est utile de s’exposer davantage aux interactions avec les autres. Après tout, les capacités sociales ne sont pas un don inné, mais quelque chose que nous finissons par acquérir par la pratique.

Un soutien est nécessaire

VIOLET AVOID MADZIKANDA

Journaliste et cinéaste zimbabwéenne, 30 ans, Beijing

Différents facteurs expliquent la phobie sociale. Dans la plupart des cas que j’ai pu voir au Zimbabwe, des expériences négatives, ou avoir une apparence ou une maladie qui attirent l’attention, conduisent à la phobie sociale.

Dans le cas de Rudo, mon élève de 15 ans qui ne parlait pas en classe, ne mangeait pas devant les autres, ou n’utilisait même pas les toilettes publiques, j’ai découvert que ses expériences à la maison l’avaient amenée à avoir une estime de soi extrêmement faible. Rudo m’a expliqué qu’elle ne pouvait pas faire la différence entre le bien et le mal. Elle se rabaissait constamment, à cause de ce à quoi elle était exposée à la maison. De fait, il n’y avait aucun moyen pour elle de s’exprimer librement à l’école, puisqu’elle avait été amenée à croire que personne ne l’aimait.

Je pourrais aussi mentionner le cas de Tanaka, un jeune homme albinos de 28 ans que j’ai rencontré lors du tournage d’un documentaire dans la région du Zambèze. S’isoler lui permettait d’échapper à la souffrance d’être dévisagé et insulté à cause de sa peau. Tanaka avait soumis un court article à notre magazine, un article magnifique et unique. Quand nous avons décidé de lui rendre visite, il ne voulait pas nous parler. Plus tard, il a écrit sur son hypersensibilité à la critique : il pensait que nous venions le harceler. Nous avions presque renoncé à prendre contact avec lui lorsqu’il a finalement accepté une interview, où il nous a parlé de ses tentatives de suicide parce qu’il n’avait pas d’amis. Il était seul, mais il avait peur de sortir pour socialiser par crainte d’être jugé.

À partir de là, nous avons décidé de constituer un groupe de soutien pour les personnes atteintes de phobie sociale, et nous les avons encouragées à écrire un journal de bord, à établir des priorités, à organiser soigneusement leur temps et à bien gérer leur énergie, mais aussi à interagir avec les autres membres du groupe.

Il existe de nombreux facteurs qui conduisent à la phobie sociale, mais si j’en crois mon expérience personnelle, il est tout à fait possible de la surmonter. Par ailleurs, il est de la responsabilité de tous de s’assurer que chaque individu est à l’aise dans la société, en ne se moquant pas et en ne jugeant pas les autres. CA