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Gaz naturel, finalité verte

2022-02-19parGELIJUN

中国与非洲(法文版) 2022年2期

par GE LIJUN

Le gaz naturel liquéfié neutre en carbone va-t-il prendre de l’ampleur en Chine ?

Stand de la CNOOC lors de la 19e Conférence internationale sur le GNL 2019 à Shanghai.

Il s’agit d’une première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) neutre en carbone acheminée vers la Région administrative spéciale de Hong Kong (Chine), par l’entreprise Chinese National Offshore Oil Corporation (CNOOC). Le chargement a été livré le 29 septembre 2021 au terminal de Dapeng, au Guangdong. La particularité tient au fait que les émissions de carbone liées à l’ensemble de la chaîne de valeur de la cargaison ont été compensées. Comment ? Notamment par le financement d’un projet de puits de carbone forestier, situé dans la province du Jiangxi en Chine et d’autres projets. C’est ce qu’explique Zhong Xiang, directeur adjoint de l’entreprise commerciale de la société Gas Power, rattachée à la CNOOC.

De fait, le gaz naturel est reconnu comme une énergie fossile à faible émission de carbone. Il produit moitié moins de gaz à effet de serre (GES), et moins d’un dixième des émissions de polluants atmosphériques, lors de la production d’électricité, en comparaison du charbon. Le nouveau type de GNL, à forte valeur écologique, contribue davantage à contenir le changement climatique. « La tendance mondiale est à la neutralité carbone. Du côté de la demande, une acceptation croissante se traduira sur le marché », indique Zhu Zihan àCHINAFRIQUE, chercheur à l’Institut de recherche de la Beijing Gas Group Company.

Nouvelle solution pour le secteur

Concrètement, les entreprises doivent acheter des « crédits carbone » pour compenser les émissions de GES sur l’intégralité de la chaîne de valeur (incluant la production, la liquéfaction, le transport maritime, la regazéification, et l’usage final). Cela s’effectue à travers des projets de réduction d’émissions certifiés VCS (Verified Carbon Standards), tels que la production d’énergie renouvelable, le reboisement, la conservation de l’énergie, etc. Avec un volume d’importations de gaz naturel se chiffrant à 101,92 millions de tonnes en 2020, la Chine est devenue le premier importateur mondial de GNL.

Gas Power, le plus grand importateur chinois de GNL, avait acheté deux cargaisons à Shell en juin 2020. Il s’agissait alors de la première transaction du genre dans la partie continentale de la Chine. Grâce aux crédits carbone issus des projets axés sur la nature, qui ont été menés dans la province du Qinghai et dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, les deux entreprises ont pu atteindre la neutralité carbone sur l’ensemble de la chaîne industrielle. La compensation des émissions de carbone a donc été réalisée par la plantation d’arbres.

Les grandes entreprises du secteur, comme Shell, TotalEnergies et BP, avaient annoncé leur intention d’atteindre une neutralité carbone d’ici 2050. Elles jouent donc un rôle important sur le marché mondial. Le 29 septembre 2020, TotalEnergies avait livré sa première cargaison de GNL neutre en carbone à la CNOOC. Selon l’entreprise française, l’empreinte carbone du chargement avait été compensée par des certificats d’émissions VCS finançant deux projets-clés. Le premier concerne le projet éolien de Guyuan, au Hebei, qui vise à réduire les émissions générées par la production électrique émanant du charbon dans le nord de la Chine. Le second est le projet Kariba REDD+, qui concerne la protection des forêts du Zimbabwe.

Actuellement, les VCS constituent la principale norme internationale destinée aux projets et programmes de réduction d’émissions et d’absorption de GES. Le 18 octobre 2021, un méthanier a amarré au terminal de la CNOOC au Zhejiang, pour y décharger la première cargaison de GNL neutre en carbone à être compensée par un « standard national » : la CCER (Chinese Certified Emission Reduction). Afin de le promouvoir davantage en Chine, la CNOOC et Shell ont décidé d’utiliser la norme chinoise pour compenser les émissions de GES, ce qui est propice à la mondialisation des normes de crédit carbone à la chinoise. « Aujourd’hui, la neutralité carbone s’est hissée au rang de stratégie nationale. Le GNL neutre en carbone fait partie d’une solution importante pour la sécurité énergétique du pays », souligne M. Zhu.

Un fort potentiel

Le concept de GNL neutre en carbone n’est pas nouveau dans le monde. Il y a plus de deux ans, les premiers accords mondiaux ont été conclus entre Shell, Tokyo Gas et GS Energy. Depuis lors, les accords de ce genre se multiplient, principalement à destination des pays asiatiques tels que le Japon, la République de Corée, Singapour, l’Inde et la Chine.

Le terminal de GNL de la CNOOC en construction à Yancheng au Jiangsu.

D’ailleurs, M. Zhu estime que le GNL neutre en carbone, qui représente un atout pour le climat, devra surmonter plusieurs obstacles. « Son achat par les entreprises est un choix volontaire. Son acceptation est donc actuellement limitée sur le marché national », explique M. Zhu. Si une entreprise en achète, cela signifie qu’elle assume aussi une responsabilité sociale, au lieu de la seule recherche de bénéfices. De plus, le segment le plus important des émissions de carbone provient de l’utilisation du gaz naturel, qui représente au moins deux tiers des émissions sur l’ensemble du cycle. Malgré une forte sensibilisation aux modes de vie écologiques et à faible émission de carbone en Chine, le nouveau type de GNL reste encore méconnu pour de nombreux consommateurs.

Le GNL neutre en carbone doit donc faire l’objet d’une attention particulière, d’après le chercheur. Par exemple, un parc de démonstration peut être créé en s’appuyant sur ce concept, et dont les résultats peuvent pousser au changement. « Le Japon dispose d’une coalition d’acheteurs leur permettant de disposer d’un plus grand poids dans la négociation avec les fournisseurs internationaux. Voilà une expérience dont on peut s’inspirer », précise M. Zhu. « Dans le contexte de développement vert du pays, le GNL neutre en carbone a un fort potentiel, et il s’agit également d’un signal positif à destination des décideurs, en matière de neutralité dans le secteur du gaz naturel », résume-t-il enfin pourCHINAFRIQUE.CA

Crédit carbone

Un crédit carbone est une unité correspondant à l’émission d’une tonne de CO2. Ce nouveau système de crédit a été développé dans le protocole de Kyoto, et a pour rôle d’orienter les entreprises vers la lutte contre le réchauffement climatique. Chaque entreprise se voit attribuer un certain nombre de crédits carbone, qui lui sont propres et qui correspondent à ce qu’elle peut émettre en termes de CO2. Si l’entreprise possède un excédent de crédits après avoir réduit ses émissions, elle peut les mettre en vente sur le marché. Le crédit carbone a été mis en place pour aider les pays engagés dans le protocole de Kyoto à tenir leurs promesses. Les industries concernées par la pollution proposent leurs projets pour réduire les émissions de GES, et disposent de deux options : le système réglementé (CER) et le système volontaire (VER).

SOURCE :WWW.NOVETHIC.FR