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Cinéma : un potentiel gigantesque

2022-02-19parBENARDAYIEKOconomisteconsultantetcommentateurgionalsurlecommerceetinvestissementbasNairobiauKenya

中国与非洲(法文版) 2022年2期

par BENARD AYIEKO, économiste, consultant et commentateur régional sur le commerce et l’investissement basé à Nairobi, au Kenya

L’industrie cinématographique africaine a toutes les cartes en main pour entrer dans un âge d’or

Deux réalisateurs chinois (au centre) présents à la cérémonie de remise des prix du 41e Festival international du film du Caire, en Égypte, le 30 novembre 2019. (XINHUA)

Comme la plupart des autres secteurs, l’industrie cinématographique a pris un coup dur au cours des deux dernières années en raison de la pandémie de COVID-19 et des salles de cinéma limitées au public. Forme d’art créatif principalement utilisée pour l’info-divertissement, l’industrie cinématographique et audiovisuelle en Afrique compte dans ses rangs cinq millions de personnes et représente cinq milliards de dollars de PIB, selon les estimations. Cela démontre le rôle clé que joue le secteur dans la création d’emplois et la lutte contre la pauvreté.

La Cinquième aspiration de l’Agenda 2063 de l’UA souligne la nécessité pour le continent de construire une identité culturelle forte, un patrimoine commun, des valeurs et une éthique. En 2017, les membres de l’UA ont approuvé un projet de statut de la Commission africaine de l’audiovisuel et du cinéma (CAAC), destiné à promouvoir le développement de l’industrie audiovisuelle et cinématographique en Afrique.

La CAAC serait également responsable de la création de structures aux niveaux continental, régional et national pour favoriser la coopération dans le domaine de l’audiovisuel et du cinéma en Afrique. Cela vise à promouvoir l’utilisation de l’audiovisuel et des films pour raconter la véritable histoire africaine. Une histoire qui s’écrit à travers la création d’emplois, l’intégration, la solidarité, le respect des valeurs et de l’éthique, et une compréhension mutuelle pour atteindre la paix, mais aussi l’image d’une Afrique dépourvue de conflits et de guerres. Selon la Fédération panafricaine des cinéastes, une industrie cinématographique et audiovisuelle florissante sur le continent a le potentiel de créer plus de 20 millions d’emplois et de contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au PIB annuel du continent.

Potentiel de croissance

Le développement de l’industrie cinématographique africaine a été phénoménal. La plupart des pays ont réalisé des films à faible coût, dans les langues locales, pour stimuler les talents, mettre les réalisateurs en avant et stimuler le public sur place.

Le secteur cinématographique nigérian, le célèbre Nollywood, est l’industrie cinématographique la plus développée d’Afrique. Elle est progressivement passée de la VHS au VCD (Video Compact Disc), puis au DVD, qui a presque totalement disparu aujourd’hui. Pour souligner l’importance de la production locale, le gouvernement a créé une agence d’État : la Nigerian Film Coop.

La plupart des films de Nollywood ont trouvé leur place sur les plateformes de streaming populaires, telles que Netflix, car ils sont riches en contenu. Avec 96,1 % de pénétration Internet, la plus élevée en Afrique, le Nigeria s’appuie sur ces plateformes numériques pour populariser ses films au niveau national et international. La plupart des productions de Nollywood sont autofinancées, les entrepreneurs obtenant de nouvelles sources de financement de la part du gouvernement fédéral, d’organisations internationales et d’investisseurs privés. Ce système de financement a permis aux cinéastes de produire des films de haute qualité, qui rivalisent avec les films hollywoodiens en termes de box-office.

L’Afrique du Sud possède ainsi le plus grand marché télévisuel du continent, avec une augmentation significative de l’offre par contournement, de la télévision IP, et de la vidéo à la demande. Autant d’éléments qui soutiennent la demande de contenu. Selon un rapport publié par l’UNESCO, intituléL’Industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance, l’Afrique du Sud a un taux de pénétration des abonnements de téléphonie mobile de 153,2 % et 56,2 % d’internautes, pour une population totale de 57,8 millions d’habitants. Et cela représente une rampe de lancement pour la vulgarisation des contenus sur les plateformes numériques.

Partenariats et défis

L’Afrique reste un terrain propice pour le tournage de films qui portent des thèmes socio-économiques et politiques mondiaux, et qui disposent de productions comparables à celles d’Hollywood et de Bollywood. Cela est dû en partie à la beauté des lieux, des cultures, à la richesse du contenu créatif et à des taux de change monétaires favorables aux cinéastes étrangers. Le continent compte également des cinéastes célèbres comme Lupita Nyong’o, David Oyelowo, Sophie Okonedo, Philipe Lacôte, entre autres. Autant d’artistes qui ont laissé une marque indélébile dans l’industrie cinématographique mondiale.

Certains des films hollywoodiens qui ont été tournés en Afrique incluentMad Max(Namibie),Beasts of No Nation(Ghana),Gladiator(Maroc), etThe Last King of Scotland(Ouganda). C’est la raison pour laquelle les cinéastes africains trouvent de plus en plus de partenaires dans la réalisation de films en provenance de France, de Chine, du Royaume-Uni, de Belgique, d’Allemagne, du Portugal, de l’UE et des États-Unis.

Les entreprises privées américaines et chinoises ont pris l’initiative d’investir dans l’industrie cinématographique africaine. Des compagnies américaines comme Netflix et Disney+ se sont associées à des créateurs de contenu africains sur divers projets. Huahua Media, une société chinoise, travaille sur un film commun avec le studio nigérian FilmOne Entertainment. La croissance de StarTimes (fournisseur chinois de télévision par satellite), CCTV Africa et Huawei (qui offre câbles optiques et technologie 5G) est un indicateur clair que le marché africain attire plus de prétendants qu’avant.

Toutefois, ces progrès ont été ralentis par la pandémie de COVID-19, qui a vu de nombreuses salles de cinéma fermées et la production de films suspendue sans date de reprise précise. Les confinements et les couvre-feux au plus fort de la pandémie ont entraîné une baisse du nombre de spectateurs dans les salles obscures, entraînant des pertes d’emplois et de revenus, et plongeant de nombreuses économies dans la récession.

Parmi les autres défis auxquels le secteur est confronté, figurent l’échec des décideurs politiques à protéger et à investir dans les industries audiovisuelles, le problème du piratage - qui siphonne un énorme pourcentage des revenus - la faiblesse des infrastructures cinématographiques et numériques, la mauvaise connectivité Internet, le manque de réseaux professionnels organisés, et le manque de financement du secteur privé, de soutien gouvernemental et de commissions nationales du film.

Mais tout n’est pas perdu. L’avenir de l’industrie cinématographique reste la poule aux œufs d’or pour l’économie africaine. Pour soutenir sa croissance, il est nécessaire de renforcer la coopération internationale avec d’autres cinéastes, afin de développer une industrie culturelle et créative viable et compétitive. Il est également nécessaire d’embrasser la révolution numérique, afin de s’éloigner du modèle physique où le contenu est transmis via des périphériques de stockage, pour s’orienter vers le streaming dans le confort du salon.

Les créateurs de contenu doivent passer à des plateformes numériques abordables et accessibles pour les consommateurs. Des plateformes comme YouTube, Netflix, Hulu, HBO Max, Showtime, entre autres, offrent de nouvelles façons de distribuer et de monétiser le contenu en direct. Cela permettra de créer des emplois et générera des revenus pour l’industrie cinématographique, contribuant ainsi à réduire le taux de chômage et à promouvoir la lutte contre la pauvreté en Afrique. CA