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Carpe Diem

2018-03-09parCyrilBoat

中国与非洲(法文版) 2018年3期

par Cyril Boat

Un nouveau monde rempIi d’occasions s’ouvre pour Ies africains étudiant en chine

Je vis à Beijing depuis trois ans, et il est impossible de ne pas remarquer le grand nombre d’étudiants africains qui étudient en Chine, dont je fais partie. Nous vivons à une époque intéressante pour les étudiants africains qui cherchent des occasions de faire leurs études supérieures en dehors du continent.

En 2000, il y avait environ 2 000 étudiants africains en Chine. En 2015, ce nombre était déjà passé à 50 000. C’est plus que le nombre d’étudiants africains aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais pourquoi les étudiants africains vont-ils en Chine ? La réponse la plus banale veut que la Chine offre des bourses gouvernementales pour attirer les étudiants et courtiser leurs gouvernements. Mais que diriez-vous si je vous disais que la plupart des étudiants africains en Chine ne disposent d’aucune bourse ?

Et même s’ils étaient tous boursiers, la Chine offre des bourses aux étudiants africains depuis les années 1950.Donc, clairement, il y a d’autres raisons qui expliquent l’aラux de tant d’étudiants africains en Chine. En lisant des articles et des enquêtes informelles sur ce sujet, voici quelques-unes des raisons que j’ai trouvées. Tout d’abord, les étudiants africains trouvent des avantages uniques dans la possibilité de se scolariser en Chine, une superpuissance montante. Deuxièmement,ils peuvent éviter les régimes de visas parfois oppressifs de pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni, tout en accédant à des installations de classe mondiale dans les universités chinoises. Troisièmement, les étudiants africains considèrent qu’ils peuvent combiner l’exploration des opportunités d’affaires avec leurs études. Finalement,les entreprises chinoises offrent des opportunités d’emploi en Afrique aux étudiants africains qui parlent le mandarin.

Certains étudiants africains démarrent aussi des entreprises qui créent des emplois en Chine et en Afrique. Cette idée est stimulante, car la Chine est dans une situation où les entrepreneurs chinois ont les moyens fi nanciers d’investir sur d’autres continents. Inversement, les économies africaines ont beaucoup de jeunes, formant un bassin de travailleurs quali fi és et un marché potentiel. Une combinaison de ces deux facteurs forme un terrain fertile pour les entreprises mondiales futures.Ce qui manque, c’est ce pont crucial entre les investisseurs chinois et la réalité sur le terrain en Afrique. Les étudiants africains parlant le mandarin et ayant une connaissance pratique de la culture chinoise pourraient combler ce vide. Déjà, des pays comme l’Éthiopie, le Sénégal, le Rwanda et le Nigéria ont mis en place d’énormes parcs industriels pour attirer des investisseurs chinois. Ces nouvelles entreprises auront besoin de fournisseurs et d’entreprises sur le terrain pour gérer les services de base.

Cela est d’autant plus vrai quand on considère le fait que la plupart des étudiants africains à Beijing ont un esprit entrepreneurial, même si la majorité d’entre eux étudient en ingénierie et en sciences. Lors de plusieurs événements, j’ai eu la chance d’interagir avec d’anciens étudiants qui se sont déjà aventurés dans cette voie entrepreneuriale. Leur zèle et leur enthousiasme sont phénoménaux.Et avant d’entamer un débat sur l’« exode des cerveaux », notez que contrairement aux États-Unis et à l’Europe, la plupart des étudiants africains rentrent en Afrique après leurs études.

La question qui me préoccupe toujours est de savoir si cette tendance des étudiants africains en Chine changera radicalement la trajectoire de développement du continent. Ou, au contraire,le continent restera-t-il toujours plongé dans un besoin urgent de main-d’œuvre, pendant que ses meilleurs cerveaux partent vers d’autres pays ? CA

*I’écrivain est un étudiant ghanéen vivant à Beijing.