De l’eau pour les villes
2018-03-09parLiXiaoyu
par Li Xiaoyu
Les pénuries d’eau pèsent aussi sur les grandes villes, et notamment Beijing, la capitale du pays le plus peuplé au monde… À l’occasion de la 26eJournée mondiale de l’eau, le 22 mars, penchons-nous sur les solutions imaginées par la Chine pour y remédier
100 m3d’eau par an et par personne contre 1 000 m3, pour le seuil d’alerte au niveau mondial… Ces dernières années, plus de 21 millions d’habitants de Beijing ont été confrontés, dans une certaine mesure, à la pénurie d’eau.
Une situation qui ne concerne pas uniquement la capitale. Selon les statistiques du ministère chinois des Ressources en eau, plus de la motié des villes du pays sont confrontées à un approvisionnement insuffisant en eau.
Cependant, à l’approche de la 26eJournée mondiale de l’eau, Pan Kemin, responsable du réservoir de Miyun, est plutôt soulagé. Construit en 1960, le réservoir est la principale source d’eau de surface de Beijing. Depuis 1999, plusieurs années de sécheresse se sont enchaînées,si bien qu’en novembre 2014, le volume d’eau du réservoir n’était plus que de 880 millions de m3, contre une capacité prévue de 4,3 milliards de m3. Mais à la fi n de l’année passée, Pan Kemin a pu constater que l’eau stockée dans le réservoir de Miyun avait atteint 2 milliards de m3, battant un record vieux de 17 ans. La raison ? Des mesures au long cours mises en place par le gouvernement chinois.
Acheminer l’eau, un enjeu vital
La répartition géographique de l’eau en Chine est extrêmement déséquilibrée : la plaine de Huang-Huai-Hai (c’est-à-dire la vaste plaine alluviale des fl euves Jaune, Huaihe et Haihe)regroupe 35 % de la population du pays pour seulement 7 % de ses ressources en eau. La région est toutefois stratégique, car c’est ici que se trouve la capitale, mais aussi Tianjin, grand foyer industriel et port maritime. Des travaux ont donc été entrepris pour dériver les eaux du Yangtsé, au sud, vers le nord, menacé par la sécheresse.
En septembre 2017, la conduite centrale du« projet d’adduction d’eau du Sud vers le Nord »avait permis d’acheminer 9,6 milliards de m3d’eau depuis sa mise en service fi n 2014, béné fi ciant à plus de 50 millions de personnes.Aujourd’hui, environ 70 % de l’approvisionnement en eau de la capitale provient du projet.
Dans le même temps, le gouvernement a mis l’accent sur la restauration écologique. « La sécheresse qui sévit depuis longtemps dans le nord de la Chine, a causé un tel dé fi cit écologique que les écosystèmes sont devenus extrêmement fragiles », explique Xu Xinyi, doyen de la Faculté des sciences de l’eau de l’Université normale de Beijing. Les ressources en eaux souterraines, par exemple, sont confrontées à la surexploitation et à la dégradation de leur qualité. 7 milliards de m3d’eau en trop sont ainsi prélevés chaque année dans le nord du pays,entraînant une baisse généralisée du niveau des principales nappes phréatiques de la région.
Mais la mise en service du projet peut réduire de manière efficace la surexploitation des eaux souterraines, et rembourser progressivement la dette écologique cumulée pendant des années. Selon les données du Bureau municipal des ressources en eau de Beijing, depuis fi n 2014, les usines de traitement ont commencé à utiliser « l’eau du sud » pour remplacer celle du réservoir de Miyun, permettant d’économiser plus de 500 millions de m3d’eau issue du réservoir chaque année. En parallèle, le niveau des nappes phréatiques de la capitale a atteint 25 mètres de profondeur en août 2017, soit une hausse de 0,24 mètre sur un an.
Économiser le précieux liquide
Si les ressources en eau par habitant sont passées de 100 à 150 m3à Beijing, grâce à l’eau acheminée depuis le sud, la pénurie reste une préoccupation majeure pour la ville, écologiquement très endettée et menacée par le changement climatique.
E Jingping, qui est en charge des travaux d’adduction de l’eau du Sud vers le Nord, a fait savoir qu’économiser l’eau jouait un rôle décisif dans le succès du projet. « Si les zones béné fi ciaires n’arrivent pas à exploiter localement le potentiel de leurs ressources en eau, ni à contrôler leur consommation excessive, le projet ne remédiera jamais à leurs problèmes. »
Dans cette optique, la Chine cherche à promouvoir une utilisation responsable et optimisée des ressources en eau dans toute la société, à travers des technologies, des équipements et des installations économes. À Beijing, en 2016,plus de 90 % des lieux publics et des ménages étaient ainsi équipés d’économiseurs d’eau. Sur la période 2012-2017, la capitale a par ailleurs économisé en moyenne 100 millions de m3d’eau par an.
Grâce aux mesures déployées, la consommation annuelle d’eau de la capitale n’a fi nalement augmenté que de 0,6 % entre 2010 et 2016, alors que son PIB a affiché une croissance moyenne annuelle de 10,5 % et que sa population a connu une hausse annuelle de 1,5 % durant la même période.
Économies d’eau:sept gestes simples
* Favorisez Ies douches
pIutôt que Ies bains!Une baignoire contient en moyenne 150 à 200 Iitres d’eau, tandis que seuIs 30 à 100 Iitres sont nécessaires pour une douche.
* Lorsque vous vous
brossez Ies dents ou
que vous vous Iavez Ies mains, pensez à fermer Ie robinet.
* L’eau aussi se
recycIe ! Vous pouvez par exempIe utiIiser I’eau de nettoyage des Iégumes pour arroser vos pIantes.
* Arrosez toujours vos
pIantes et votre potager Ie soir : Ies pertes dues à I’évaporation seront réduites de 5 à 10%.* Lavez votre voiture
dans une station de Iavage pIutôt qu’avec Ie tuyau du jardin, vous économiserez environ
150 Iitres d’eau.
* Réparez Ies fuites,
même petites! À raison d’une goutte par seconde, vous gaspiIIerez 200 à 500 Iitres d’eau en
seuIement une journée.* En isoIant Ie chauffe
eau et Ies canaIisations,I’eau chaude arrive pIus rapidement ; vous consommez donc moins d’eau avant d’atteindre Ia température désirée.
Cycle naturel
En 2013, déjà, le Président chinois Xi Jinping avait évoqué le fait de « s’adapter à la nature et restaurer le cycle naturel de l’eau ». Une démarche qui coïncide avec le thème choisi pour la Journée mondiale de l’eau 2018 (voir encadré),qui préconise des solutions naturelles pour résoudre la crise de l’eau. Il avait ainsi été proposé de lancer la construction de « villes-éponges »(voir encadré), dotées d’espaces verts, de revêtements absorbants pour les sols, ou encore de zones humides. En Chine, l’un des objectifs de la construction de « villes-éponges » consiste à pro fi ter des eaux de pluie pour alimenter les nappes souterraines urbaines, mais aussi à promouvoir le recyclage des ressources pour restaurer les écosystèmes.
À ce titre, Beijing a été l’une des premières villes chinoises à recycler les eaux pluviales.Depuis 2016, plus de 70 projets de drainage ont été achevés dans la zone de Beijing, avec une capacité de rétention de 500 000 m3.
Plus de 2 milliards de personnes dans le monde sont touchées par les pénuries d’eau.La communauté internationale est de plus en plus consciente du rôle de la protection et de la restauration des écosystèmes dans ce domaine.En 2012, au cours de la réunion Rio +20 des Nations unies, les dirigeants du monde entier s’étaient retrouvés au Brésil pour prendre des engagements sur le développement durable.Dans les conclusions de la conférence, il avait été ainsi stipulé que « compte tenu du rôle-clé de la nature dans l’approvisionnement en eau et le maintien de la qualité de l’eau, nous nous engageons à soutenir la protection et la gestion soutenue des écosystèmes. »
*Pour vos commentaires :Iixiaoyu@chinafrica.cn