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Pour la paix du continent

2018-03-09parFranoisEssomba

中国与非洲(法文版) 2018年3期

par François Essomba

La Base logistique continentale de la f orce africaine en attente est désormais opérationnelle au Cameroun

En plus d’être la capitale économique du Cameroun, la ville de Douala peut désormais se targuer d’être le fer de lance de la paix sur le continent.

L’ouverture de la Base logistique continentale de la Force africaine en attente (FAA), le 5 janvier 2018, a marqué la mise en service officielle de cette infrastructure destinée au maintien de la paix en Afrique. Cette base logistique servira de point de stockage et de distribution du matériel mobilisé par l’Union africaine (UA), pour intervenir efficacement dans le maintien de la paix sur le continent.

La cérémonie d’inauguration de cet instrument essentiel a été présidée à Douala par le Premier ministre camerounais Philémon Yang, devant un impressionnant parterre de personnalités parmi lesquelles Roger Kodo Dang, président du Parlement panafricain, Smail Chergui, commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité, et Joseph Beti Assomo, ministre camerounais de la Défense.

Une longue attente

La FAA a été mise en place par l’UA pour faire face à la recrudescence des con fl its armés en Afrique. Elle consiste en un corps multidisciplinaire constitué de contingents militaires, policiers et civils fournis par les États membres, avec pour mission de réaliser, sur ordre de l’UA, des missions de paix en Afrique.

Proposée par l’UA en 2002, il a fallu huit ans pour que la décision d’établir la FAA soit prise par les ministres africains de la Défense, lors de la quatrième réunion ordinaire du Comité technique spécialisé de l’UA pour la défense et la sécurité, à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2010.

En fait, la FAA avait été prévue dès la constitution de l’UA en 1999, dont elle devait être le bras militaire pour intervenir en cas de con fl its. Cependant, le lancement de cette base logistique a été à plusieurs reprises repoussé, faute de fi nancement.

Rappelons qu’en 2015, un premier exercice d’entrainement de soldats d’une douzaine de pays africains avait eu lieu en Afrique

du Sud, laissant planer l’espoir d’une mise en place rapide de la Force panafricaine,mais qui n’a pas eu de suite.

Selon les observateurs, l’ouverture de la Base logistique continentale de la FAA représente une étape clé qui permettra à l’Afrique de jouir d’une plus grande autonomie et d’une meilleure efficacité dans ses opérations militaires. Selon les experts de l’UA, les con fl its en Afrique sont largement reconnus comme l’un des principaux obstacles au développement global du continent.

M. Smail Chergui (droite), commissaire de l’UA pour la paix et la sécurité, et Joseph Beti Assomo, ministre camerounais de la Défense,signent les documents de l’entente après l’inauguration.

Un outil déterminant

La Base logistique continentale couvre deux sites de 10 et 15 hectares et comprend 32 bureaux administratifs, une salle de réunion,un bâtiment d’escadron et d’autres équipements militaires. « Cette infrastructure devra soutenir les militaires africains en attente de déploiement rapide dans une zone précise en temps de crise », a précisé M. Philémon Yang, lors de la cérémonie d’inauguration.

La Base logistique continentale réduira la dépendance de l’UA vis-à-vis de l’ONU dans ses interventions humanitaires ou de protection des civils en cas de catastrophe.Elle couvrira l’ensemble de l’Afrique et assurera la logistique des cinq forces de réserves régionales de la FAA.

Bien que la base se trouve au Cameroun,où tout le support logistique de la FAA est stocké, elle reste la propriété de l’UA. Des troupes de tout le continent se rassembleront à Douala, et seront ensuite déployées vers les cinq bases régionales du continent.

Rappelons que plusieurs villes africaines avaient manifesté leurs candidatures pour abriter le siège de la FAA, notamment Mombasa (Kenya) et Alger (Algérie). Selon Joseph Vincent Ntuda Ebode, chercheur à l’Université de Yaoundé II, le choix de Douala s’explique par le fait que la ville répondait à tous les critères requis.

« La ville possède un port à conteneurs,un aéroport international, des installations hydrauliques, un bon réseau de télécommunications. De plus, la stabilité sociopolitique du Cameroun joue son rôle. Il faut ajouter à cela, le statut de pays bilingue dont jouit le pays, car l’anglais et le français sont les deux langues les plus parlées en Afrique.La position géographique du Cameroun et singulièrement de la ville de Douala (située au cœur du golfe de Guinée), permettra aussi de se projeter aisément d’un bout à l’autre du continent », a-t-il expliqué à CHINAFRIQUE.

Un effectif important

Dans sa phase opérationnelle, la FAA sera composée de cinq brigades, disposant chacune de son propre commandement,correspondant aux cinq blocs politicoéconomiques du continent. À cet effet, la FAA sera à même de mobiliser entre 25 000 et 30 000 hommes sur l’ensemble du continent. Joseph Beti Assomo, le ministre camerounais de la Défense, a expliqué à CHINAFRIQUE que la FAA dispose d’un d’entrepôt pour du matériel militaire, permettant « un accès immédiat à l’équipement et au matériel requis pour le déploiement rapide lors des opérations de soutien à la paix de l’UA ».

Pour le président du Parlement panafricain M. Roger Kodo Dang, l’importance d’une telle structure pour le continent ne peut pas être sous-estimée : « L’Afrique traverse des moments difficiles. Il faut effectivement une force en attente pour pouvoir faire face aux différentes attaques terroristes et autres con fl its. C’est une très grande réalisation dans le cadre de la mise en place de l’architecture africaine de gouvernance. » CA

*r eportage réaIisé à DouaIa,au Cameroun