Des déchets utiles
2018-03-09parGeLijun
par Ge Lijun
Les experts agricoles chinois développent la technique de production du biogaz à Sao Tomé-et-Principe
Il y a quelques mois à peine, Barisco Alfonso ne connaissait rien du biogaz.Aujourd’hui, c’est une partie essentielle de son travail en tant que technicien dans la Direction de l’agriculture de Sao Tomé-et-Principe.
Tout commence le 9 mai 2017, avec l’arrivée d’un groupe d’experts chinois à Sao Tomé-et-Principe, chargé d’aider le pays à développer son agriculture pour une durée d’un an. Lors de la première rencontre avec l’équipe chinoise, Alfonso dit souhaiter en apprendre plus sur le biogaz. Le technicien Liu Xuan, un expert dans le domaine, lui lance aussitôt : « Si vous voulez, je peux tout vous apprendre sur ça. »
Alfonso accepte tout de go, sans se douter de tous les dé fi s que cette mission allait comporter, pour lui-même comme pour l’expert Liu.
Les déchets deviennent utiles
Le 26 décembre 2016, la Chine et Sao Tomé-et-Principe renouent leurs relations diplomatiques. Vingt jours plus tard, un projet de coopération agricole est mis sur pied entre les deux pays et la Chine prend la décision d’envoyer une équipe de huit membres à Sao Tomé-et-Principe, dont M.Liu, un expert en biogaz.
Au cours des deux premiers mois,Liu et Alfonso mènent des recherches approfondies partout au pays avec l’aide du gouvernement local dans le but de choisir un endroit convenable pour la construction des réservoirs de biogaz. Finalement, ils arrêtent leur choix sur deux endroits.
Arlindo Gé est un fabricant de vin opérant dans le district de Lobata. Son usine, dont le processus de distillation est alimenté par bois, a été choisie pour faire une démonstration de l’utilité du biogaz. Lui, qui n’avait jamais entendu parler de ce biogaz, se montrait sceptique au départ. Même chose chez Eufemeo da Graça, qui élève 20 cochons et qui était peu enthousiaste à l’idée d’utiliser le biogaz. Les deux hommes fi nissent tout de même par se laisser convaincre et approuvent la construction de réservoirs de biogaz.
Les deux endroits étant choisis, l’apprentissage commence. En fait, Alfonso n’était pas le seul à apprendre. Au total, 90 personnes suivaient une formation le matin et s’exerçaient en pratiquant l’après-midi.Pendant la formation théorique, Liu leur explique le principe de production des biogaz.Dans l’après-midi, Liu et ses « apprentis »construisent le réservoir ensemble. D’une taille de 15 m3, un seul réservoir est capable d’alimenter en biogaz environ dix personnes.
Au fur et à mesure que la construction avance, M. Eufemeo est de plus en plus convaincu de l’utilité du projet. Auparavant,le fumier de ses cochons était perdu. Maintenant, il est recueilli dans le réservoir de biogaz pour produire du gaz qui sert à alimenter sa cuisine. Le fumier ainsi utilisé peut également servir d’engrais pour la croissance des légumes.
« Le technique des biogaz n’existait pas ici et beaucoup d’habitants ne croyaient pas que l’on puisse développer cette technique.Il fallait donc faire une démonstration a fi n de leur montrer des résultats concrets »,a dit Liu à CHINAFRIQUE.
Selon lui, l’utilisation des biogaz a aussi un effet positif sur l’environnement. Beaucoup d’éleveurs n’ont pas de porcherie close chez eux, et le fumier se répand partout sous l’effet de la pluie. « Ce n’est pas sain, car ça attire des moustiques et des mouches qui causent des maladies contagieuses,comme le paludisme », explique Liu. Ces déchets sont désormais utilisés, ce qui assainit l’environnement.
Le 7 janvier 2018, l’heure de vérité arrive.Le Premier ministre Patrice Trovoada visite le village. Devant une cuisinière toute neuve, il appuie sur l’interrupteur et une fl amme–alimentée par le biogaz–s’allume aussitôt, sous le couvert d’applaudissements chaleureux.
Surmonter des difficultés
En Chine, la construction d’un réservoir de biogaz demande environ dix jours, mais à Sao Tomé-et-Principe, il faut au moins trente jours. « Parce qu’il existe une pénurie des matériaux, tels que le ciment et l’acier », explique Liu.
Cependant, la plus grande difficulté se trouve dans la porcherie, une pièce critique du processus. « On remarque un étrange phénomène : ceux qui élèvent des cochons n’ont souvent pas de porcherie, alors que ceux qui ont des porcheries n’élèvent pas de cochons », explique Liu. En effet, les habitants locaux ont l’habitude d’élever des cochons en plein air, ce qui empêche la collection du fumier. D’autre part, le coût de la construction d’une porcherie est élevé.Souvent, après la construction, il ne reste plus d’argent supplémentaire pour acheter des cochons.
« Notre coopération agricole se fonde sur la transmission des savoir-faire »,explique-t-il, en ajoutant que les habitudes des habitants locaux vont changer au fur et à mesure de la coopération. Liu va rentrer en Chine en avril 2018, lorsque la deuxième équipe d’experts agricoles prendra la relève. Après des mois de formation avec Liu,Alfonso maîtrise maintenant le processus de construction des réservoirs de biogaz et comprend les théories concernées.
« Ce que nous voulons faire, c’est former plus de techniciens comme Alfonso. Leur maîtrise de la technique des biogaz est un mode de coopération durable. Lorsque je quitterai le pays, ils seront en mesure de construire leurs propres réservoirs de biogaz et de maîtriser le système d’agriculture écologique. Ça, c’est la vraie réussite de notre coopération », conclut Liu. CA
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