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Relever le dé fi

2018-03-09parEmefaAblaAdjei

中国与非洲(法文版) 2018年3期

par Emefa Abla Adjei

Le gouvernement ghanéen et la société civile se réunissent pour faire face aux pénuries d’eau

Comme tous les autres pays en développement qui font face à des dé fi s chroniques dans la gestion et la fourniture de commodités de base, le Ghana continue de s’efforcer d’améliorer l’accès à l’eau potable pour ses 28 millions d’habitants. Safe Water Network, une ONG internationale disposant d’un bureau au Ghana,estime que plus de 10 millions de personnes dans le pays n’ont pas accès à l’eau potable. Pourtant,malgré ce chiffre, les initiatives et les stratégies mises en œuvre par le gouvernement, les parties prenantes, les organismes donateurs et les partenaires du développement,sont difficiles à déployer pour pousser le Ghana à atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies (ODD), avec l’objectif n°6 : assurer l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous.

Alors que la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de l’eau le 22 mars, Steve Manteaw, analyste des politiques du Centre de développement social intégré au Ghana, une ONG de recherche et de défense des politiques publiques, et membre du Comité d’intérêt public et de responsabilisation du gouvernement,explique que le Ghana n’est pas dans une situation désespérée en ce qui concerne l’eau. Cependant,il faut un cadre politique clair pour protéger ses ressources en eau et gérer les activités humaines qui les affectent.

Concernant la pénurie d’eau,Manteaw précise que le changement climatique affecte l’approvisionnement en eau. La déserti fi cation de la zone de savane du Ghana modi fi e les con fi gurations de précipitations, causant ainsi la rareté de l’eau, particulièrement pendant la saison sèche, nécessitant le rationnement de l’eau.

La faute au manque d’accessibilité à l’eau de surface, qui est la forme la plus facile pour récolter l’eau pour le traitement et la consommation.Le manque d’approvisionnement en eau de surface est également dû à des activités humaines–l’exploitation illégale et la pollution des voies navigables, qui a conduit au processus de sédimentation.

Ressources en eau souterraine

Manteaw affirme que le Ghana n’est pas dans une situation désespérée puisqu’il y a une abondance d’eau souterraine qui n’a pas été exploitée.Il dit que si les systèmes de forage sont des sources alternatives fi ables pour l’usage humain, il n’y a pas encore une politique d’État spéci fi que pour exploiter l’eau souterraine.

En décembre 2015, le gouvernement chinois, dans le cadre d’un prêt de nature concessionnel, a signé un contrat pour construire 1 000 forages dans six régions du Ghana. Selon l’Agence communautaire de l’eau et de l’assainissement (ACEA), une organisation du secteur public au Ghana,le contrat, qui est évalué à 138,3 millions de yuans (22 millions de dollars), devrait courir sur trois ans,où 330 forages de pompe à main ont été construits dès la première et la deuxième année, et 340 forages dans la dernière année.

Avec la construction de ces forages et d’autres initiatives par les intervenants du secteur de l’eau,Emmanuel T. Gaze, directeur des services techniques de l’ACEA, a déclaré à CHINAFRIQUE que 64 %des Ghanéens ruraux ont accès à de l’eau potable. Selon Gaze, l’accès à l’eau signi fi e qu’une personne peut disposer 20 litres d’eau de qualité par jour et ne doit pas marcher plus de 500 mètres pour obtenir cette eau.

S’exprimant sur la façon dont l’eau est essentielle à la réalisation des ODD, Donald Agumenu, président et fondateur de l’ONG Water for Rural Africa (WRA), basée au Ghana, a déclaré à CHINAFRIQUE que la situation actuelle de l’eau appelle à des investissements fi nanciers plus importants dans le secteur de l’eau par le gouvernement.

En tant que partenaire du développement dans le secteur de l’eau,WRA s’engage à transformer les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées d’Afrique en améliorant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement salubres et propres.

Grâce aux donateurs, WRA envisage de construire 1 000 forages dans un délai de deux ans à travers l’Afrique pour les habitants ruraux a fi n de leur permettre d’accéder à l’eau potable. En outre, WRA s’emploie à fournir un soutien stratégique dans la formulation des politiques et le conseil, la recherche,l’éducation et la sensibilisation,entre autres.

S’attaquant aux défis affectant le secteur de l’eau en ce qui concerne la durabilité de l’eau propre, Agumenu a déclaré que le fléau de l’exploitation illégale,connue au Ghana comme « galamsey », a pollué de nombreux plans d’eau dans le pays.

Ces activités ont affecté en grande partie les ruraux qui dépendent des ruisseaux, des rivières et d’autres points d’eau avec des complications de maladies liées à l’eau.

En décembre 2017, Barbara Oteng-Gyasi, vice-ministre ghanéenne des Terres et des Ressources naturelles, a exhorté les mineurs illégaux à pro fi ter du projet minier intégré multilatéral du gouvernement (PMIM), qui offre des moyens de subsistance alternatifs aux mineurs et combat les mines illégales. Un exemple de projet réussi est l’acquisition de terres et de semis gratuits pour faire pousser des palmiers pour gagner leur vie. « Des moulins à huile seront construits dans le cadre du PMIM pour la transformation de l’huile de palme destinée à l’exportation », a déclaré Oteng-Gyasi.

Signes encourageants

Ben Ampomah, Secrétaire exécutif de la Commission des ressources hydriques, a déclaré que son organisation s’apprête à créer d’autres instruments législatifs pour rendre les gens plus responsables dans le secteur de l’eau.

« La Commission des ressources hydriques est chargée de réglementer et de gérer les ressources en eau du Ghana et de coordonner les politiques gouvernementales en la matière », a-t-il déclaré.

Safe Water Network a également appelé à l’intensi fi cation des petites entreprises de l’eau (PEE). Il s’agit de systèmes d’eau communautaires hors réseau, de stations ou de kiosques (certains ayant des liens avec les ménages) exploités comme des entreprises locales qui fournissent aux consommateurs une source fi able d’eau salubre et abordable. «Avec une empreinte opérationnelle d’environ 100 PEE dans 10 régions du Ghana, les PEE ont démontré la capacité d’offrir un accès abordable et fi able en eau salubre dans les zones rurales, y compris les petites villes et les zones péri-urbaines », dit le Safe Water Network.

La politique nationale de l’eau du Ghana, lancée en 2007, a con fi é la responsabilité de l’approvisionnement en eau urbaine à la Ghana Water Co. Ltd. et l’approvisionnement en eau des collectivités rurales et des petites villes aux autorités locales (assemblées de district)avec l’appui de l’ACEA. Bien que la politique soutienne la participation des PEE et du secteur privé, il reste des obstacles à la croissance des PEE comme les prix et les tarifs,le financement, la segmentation du marché et les accords de couverture, l’exclusivité et le manque de règlement.

L’annonce d’un nouveau ministère de l’Assainissement et des Ressources en eau par le nouveau gouvernement ghanéen l’an dernier a été saluée par toutes les parties prenantes qui estiment que les services d’eau et d’assainissement peuvent maintenant recevoir l’attention qu’ils méritent.

« Les populations les plus pauvres sont dépendantes de façon disproportionnée des ressources naturelles pour leur subsistance et sont les plus durement touchées par le manque d’accès aux services d’eau et d’assainissement »,a déclaré M. Agumenu. « Investir dans la santé des personnes, des écosystèmes et une utilisation plus efficace de l’eau est un investissement qui non seulement procure des avantages économiques immédiats, mais qui garantit également des gains économiques futurs.Cela mène à plus de business, à de meilleures capacités d’adaptation à la variabilité climatique et à des services éco systémiques améliorés. » CA

*Reportage du Ghana