Il est temps d’agir
2018-03-09parDonaldCogSenanuAgumenu
par Donald Cog Senanu Agumenu
r ésoudre les problèmes d’eau et d’assainissement en Afrique est la clé du développement socioéconomique
La croissance socio-économique et le développement en Afrique ne peuvent être mis en relief alors que le continent évolue vers l’avenir. Au cours de la dernière décennie, l’Afrique est devenue l’une des régions les plus fl orissantes et les plus attractives au monde, avec une économie de 1960 milliards de dollars qui croît à environ 6 %. Mais il y a aussi des dé fi s indéniablement insurmontables auxquels le continent est confronté. Ceux-ci sont particulièrement remarquables dans les domaines de l’industrialisation, de l’eau et de l’assainissement, du progrès technologique,des con fl its et de la sécurité alimentaire.
La croissance a donc appelé à un besoin crucial pour le continent d’élaborer une stratégie pour aborder la situation de manière holistique.
L’Institut mondial McKinsey, la branche de recherche d’affaires et d’économie de la société globale de Conseil de gestion McKinsey & Co., dans une étude appelée l’Afrique au travail, a résumé le potentiel économique impressionnant et les perspectives de l’Afrique en notant que le continent « est positionné pour récolter un dividende démographique. » Il est triste de noter, cependant, que dans ce processus de croissance, l’eau reste une zone critique encore inexploitée et sans surveillance.Le continent est tourmenté par la menace d’une crise de l’eau et la situation va s’aggraver si des mesures proactives ne sont pas prises pour atténuer la crise.
Plus de la moitié de la population de l’Afrique est âgée de moins de 25 ans et,en 2050, la population de l’Afrique devrait doubler, atteignant 2 milliards, selon le Bureau de référence de la population (PRB)basé aux États-Unis. Au cours de cette décennie, l’Afrique ajoutera 122 millions de personnes à sa main-d’œuvre.
Cette révélation appelle à la construction d’une solide infrastructure socio-économique, vitale pour soutenir le boom de la population et les besoins critiques et les exigences auxquels le continent est confronté.L’eau reste en haut de la liste pour servir de catalyseur nécessaire pour défendre la croissance socio-économique, industrielle, politique et technologique projetée du continent.
Demande croissante en eau
La population croissante de l’Afrique conduit la demande en eau et accélère la dégradation des ressources en eau dans de nombreux pays.
Une fi llette récupère de l'eau depuis un robinet à Mogadiscio (Somalie) en mars 2017.
L’Afrique subsaharienne a un approvisionnement relativement abondant en eau de pluie, avec une précipitation annuelle moyenne estimée à 815 mm, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, mais elle est très saisonnière et inégalement répartie dans toute la région, et les inondations et les sécheresses sont fréquentes. Le plus grand nombre de précipitations se produit le long de l’Équateur, en particulier dans la région du delta du Niger jusqu’au bassin du fl euve Congo.Le désert du Sahara n’a pratiquement pas de précipitations. En Afrique de l’Ouest et du Centre, les précipitations sont exceptionnellement variables et imprévisibles.
Le problème de l’eau au Nigéria a atteint le point de crise. À Lagos, environ 90 % des résidents n’ont pas accès quotidiennement à de l’eau propre et salubre. Les recherches montrent que pour une famille moyenne de quatre personnes à Lagos, une partie importante de leur revenu est utilisée pour répondre aux besoins en eau.
Pour aborder adéquatement la question de la pénurie d’eau en Afrique, la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique souligne la nécessité d’investir dans le développement des ressources hydriques potentielles de l’Afrique pour réduire les souffrances inutiles, assurer la sécurité alimentaire, et protéger les gains économiques en gérant efficacement les sécheresses, les inondations et la déserti fication. Les efforts en cours pour y parvenir mettent l’accent sur la mise en œuvre des infrastructures et l’amélioration des puits,des systèmes de captage des eaux pluviales et des réservoirs de stockage d’eau propre.En outre, un domaine où il y a beaucoup à gagner dans la résolution de la crise de l’eau est l’utilisation de la technologie. Avec le nombre croissant d’utilisateurs mobiles sur le continent, il y a beaucoup à gagner par la technologie, des systèmes de facturation à la distribution d’eau et toute la chaîne de valeur.
Interventions clés
L’Afrique, depuis toutes ces années, a béné fi cié de prêts et de subventions d’organismes de développement, d’autres pays et d’organismes donateurs en vue de fournir une eau potable salubre et propre. En dépit de cela, plus d’investissements sont nécessaires pour que ce secteur réponde à la croissance exponentielle d’autres secteurs à travers l’économie. Les contributions de l’Union africaine, de la Banque mondiale,de l’ONU, de la Banque africaine de développement (Installation Hydrique), de la Chine, des États-Unis, entre autres, ne peuvent pas être minimisées. Les organisations corporatives et les ONG ont également joué un rôle critique dans la lutte contre la menace de l’eau.
La situation de l’eau en Afrique ne peut être atténuée que si toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur peuvent élaborer une feuille de route stratégique avec les investissements nécessaires et la dé fi nition de priorités, en s’attaquant à ce problème de sécurité mondiale pour l’humanité.
Les principaux domaines d’intérêt devraient comprendre, sans s’y limiter, les éléments suivants :
• Réévaluation des ressources en eau disponibles, à la fois superficielles et souterraines ;
• Mise en place d’un système efficace et efficient de gestion de l’eau ;
• Analyse de l’ensemble de la démographie et les facteurs nécessaires à la croissance,notamment dans le domaine du logement,de l’attitude des consommateurs, de l’industrialisation et de la culture ;
• Encourager l’avancement technologique– le recyclage de l’eau, l’osmose inverse et la technologie de dessalement ;
• Amélioration de la technologie d’exploitation de l’eau ;
• Renforcement du traitement de l’eau et du contrôle de qualité ;
• Mettre la surveillance et l’évaluation au centre de l’actualisation des plans gouvernementaux ;
• Augmentation des budgets gouvernementaux à cet égard ;
• Mise en œuvre d’un projet adéquat d’établissement des coûts de l’eau et de l’assainissement, en l’accolant à la croissance prévue des activités industrielles et démographiques ;
• Forage et réparation de forages, mise en place de systèmes de restriction de l’eau,campagnes de sensibilisation et facilitation du fi nancement des catastrophes.
Conclusion
Dans les ré fl exions ci-dessus, le problème de l’Afrique n’est pas l’indisponibilité de l’eau, mais plutôt l’indisponibilité d’eau potable. Pour résoudre le problème, un bon leadership est important. À cet égard, la mise en place d’un système de gouvernance efficace et efficient permettrait d’exploiter les ressources en eau et d’apporter une valeur ajoutée non seulement à la dignité humaine, mais aussi à l’ensemble du système écologique.
Il est donc nécessaire d’encadrer les meilleures pratiques en matière de contrôle de la qualité, de gestion de l’eau, de conservation de l’eau et de cadres stratégiques et d’orientations pour régler ce problème.L’investissement dans ce secteur devrait demeurer une priorité absolue dans tous les aspects de la vie.
Par-dessus tout, des mesures rigoureuses sont nécessaires pour réduire drastiquement et combattre la corruption dans la chaîne de valeur de l’eau. La corruption demeure l’une des plus grandes variables sous-jacentes qui annulent l’accès à l’eau potable. Si cela est bien géré, de nombreux africains auraient accès à de l’eau potable,ce qui est une condition essentielle pour la santé humaine, et le dé fi cit dans ce secteur sera considérablement réduit. CA
*L’auteur est président de Water for RuraI Africa, une ONG au Ghana.