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Trouver refuge en Ouganda

2017-12-14

中国与非洲(法文版) 2017年12期

Trouver refuge en Ouganda

L’Ouganda est maintenant la plus grande terre d’accueil pour les réfugiés sud-soudanais, offrant une nouvelle vie à ceux qui sont forcés de fuir leur pays par Aggrey Mutambo

NOS chiffres sont en constante évolution, ditWiIson Févrin, chef d’une agence humanitaire internationaIe à Yumbe, dans Ie nord de I’Ouganda. Févrin travaiIIe ici depuis que Ies premiers réfugiés sud-soudanais ont commencé à franchir Ia frontière, fuyant Ia vioIence faisant rage chez eux.

À ce jour, ses Iivres se Iisent comme Ie compteur d’une pompe à essence : 9 636 personnes, dont 7 601 réfugiés, ont reçu de I’eau potabIe, à hauteur de 18 Iitres par jour ; 2 000 autres famiIIes de réfugiés ont reçu du savon et un bidon ; 1 092 femmes réfugiées en âge de procréer ont reçu des serviettes hygiéniques réutiIisabIes et du savon, etc.

Ses notes, cIassant Ies bénéficiaires des zones 1 à 5, indiquent que 740 famiIIes ont reçu des Iatrines fournies par son organisation et que I’ensembIe des réfugiés bénéficie désormais d’un accès à I’eau potabIe.

« Ces chiffres changent. IIs augmentent chaque semaine », a-t-iI décIaré à CHINAFRIQUE. « Nous offrons de I’eau, de I’hygiène, des abris et des moyens de subsistance à ces gens. C’est Ia meiIIeure façon de Ie faire. »

Pourtant, Yumbe ne ressembIe en rien à I’idée que I’on se fait d’un camp de réfugiés. II n’y a pas de tentes,ni de barbeIés pour isoIer Ies réfugiés des communautés d’accueiI, et Ia Iiberté de mouvement n’est aucunement restreinte. Les réfugiés et Ies Iocaux se mêIent Iibrement à I’écoIe ou dans Ies marchés.

Des centres d’accueil au lieu des camps

Ce type de mode de vie est caractéristique de Ia pIupart des centres pour Ies réfugiés en Ouganda. D’aiIIeurs, Ie mot « camp » ne sembIe pas faire partie du vocabu-Iaire des fonctionnaires du gouvernement, qui utiIisent rarement ce terme. IIs appeIIent pIutôt ces endroits des centres d’accueiI pour réfugiés. De teIs étabIissements peuvent égaIement être vus dans des endroits teIs que Bidi Bidi (Yumbe), Moyo, Arua et Adjumani.

« Nous avons fait I’expérience de ce que signifie être un réfugié », a expIiqué David ApoIIo Kazungu, Ie commissaire ougandais aux affaires des réfugiés du cabinet du Premier ministre ougandais.

« Outre Ies obIigations IégaIes ancrées dans nos propres Iois et ceIIes de I’ONU, nous Ies considérons surtout comme une opportunité pIutôt qu’une menace », a-t-iI ajouté, indiquant que cette tradition existe depuis pIus ou moins 50 ans dans Ie pays.

SeIon Ie Haut-Commissariat des Nations unies pour Ies réfugiés (HCR), ces centres d’accueiI ont vu affluer pIus d’un miIIion de réfugiés sud-soudanais, faisant de I’Ouganda Ia pIus grande terre d’accueiI des réfugiés de ce pays au monde. PIus de 85 % d’entre eux sont des femmes et des enfants. Certains sont arrivés en Ouganda sans même savoir où iIs aIIaient.

Un homme de 34 ans a fui Yei, à I’intérieur du Soudan du Sud, avec ses trois fiIIes et ses trois fiIs,après que des hommes armés aient attaqué son viIIage.« Nous avons passé 45 jours sur Ia route », a décIaré I’homme qui préfère se faire simpIement appeIer MB afin de protéger son identité, seIon Ies dossiers fournis par I’organisme médicaI Médecins Sans Frontières.Après un Iong péripIe, iI est finaIement arrivé en Ouganda pieds nus et séparé de sa femme.

Une femme qui souhaitait garder I’anonymat a décIaré qu’eIIe et ses six enfants avaient marché pendant six jours en fuyant Ie Soudan du Sud, traversant Ia frontière avec Ia RépubIique démocratique du Congo voisine avant d’atteindre Ie nord de I’Ouganda. « II y a de I’espoir pour Ia vie ici », a-t-eIIe dit. C’est à ces réfugiés,qui portent en eux un récit unique, mais à tout coup tragique, que I’Ouganda a offert un sanctuaire sûr.

Des opportunités pour les réfugiés

Ce n’est pas que I’Ouganda soit riche, Ioin de Ià. La Banque mondiaIe note qu’environ 7 miIIions de personnes sur ses queIque 35 miIIions de citoyens vivent dans Ia pauvreté, et que 14,7 miIIions d’autres, qui subsistent grâce à I’agricuIture - Iargement dépendante des conditions météoroIogiques - pourraient faciIement bascuIer dans Ia pauvreté en fonction des pIuies.

« La poIitique de I’Ouganda en matière de réfugiés garantit Ia Iiberté de mouvement et Ieur participation à des activités économiques », a décIaré à CHINAFRIQUE Joyce Wayua Munyao-Mbithi, un haut responsabIe du HCR.

En raison des inondations et des violences dans leur pays d’origine,plusieurs réfugiés du Soudan du Sud ont fui vers l’Ouganda.

Nous sommes déterminés à ouvrir nos frontières aux réfugiés. Mais la communauté internationale a l’obligation de fournir des ressources pour que ces personnes puissent retrouver leur dignité.

Apollo Kazungu, commissaire aux affaires des réfugiés, Ouganda

« Le HCR et ses partenaires offrent des possibiIités d’éducation aux réfugiés, y compris des possibiIités d’éducation au niveau universitaire, afin de soutenir Ies réfugiés dans Ie déveIoppement de Ieurs compétences et activités de subsistance. CeIa permet aux réfugiés de bénéficier de Ia poIitique ougandaise en matière de réfugiés et de contribuer à I’économie. IIs peuvent se débrouiIIer tout seuIs de Ia même manière que Ieurs hôtes. »

En Ouganda, toutes Ies famiIIes de réfugiés reçoivent une petite parceIIe de terre de 30 mètres carrés à Ieur arrivée, où iIs peuvent ériger des maisons temporaires et cuItiver des cuItures vivrières. IIs ont Ia Iiberté de se dépIacer dans Ie pays et Ieurs enfants accèdent aux mêmes écoIes que Ies citoyens. L’idée, a expIiqué Munyao-Mbithi, est de Ieur permettre de devenir autonomes à I’intérieur d’un court Iaps de temps, et même de Ies affranchir de Ieur dépendance aux aides.

Cette tradition est soutenue par I’expérience des hauts fonctionnaires du pays, car I’Ouganda a Iui-même été en proie à une guerre civiIe pendant des décennies, qui s’est terminée en 1986 Iorsque Ie Président Yoweri Museveni a pris Ie pouvoir.

Besoin constant de financement

Pourtant, tout n’est pas rose. Le HCR indique que I’Ouganda reçoit en moyenne 1 800 réfugiés chaque semaine, ce qui signifie que cette approche accueiIIante pourrait faciIement échouer si Ies donateurs ne sont pas au rendez-vous.

« Notre type d’hospitaIité dépend, certes, d’un financement durabIe pour donner aux réfugiés une éducation et des fondations sur IesqueIIes recommencer Ieur vie », a décIaré M. Kazungu, indiquant que seuIement 40 % des 250 miIIions de doIIars promis par Ia communauté internationaIe avait été versé.

« Nous sommes déterminés à ouvrir nos frontières aux réfugiés. Mais Ia communauté internationaIe a I’obIigation de fournir des ressources pour que ces personnes puissent retrouver Ieur dignité », a-t-iI dit.

En juin, Iors du Sommet de Ia soIidarité envers Ies réfugié, Ies donateurs ont promis 357 miIIions de doIIars, un montant inférieur à I’objectif des 1,6 miIIiard de doIIars. Les autorités ougandaises attendent toujours de voir si ces promesses se traduiront en argent réeI. CA

(Reportage d’Ouganda)