Penser la refonte de l’élevage
2017-12-14
Penser la refonte de l’élevage
La modernisation de l’élevage doit passer par une meilleure intégration de la jeunesse, selon les experts de l’APESS par François Essomba
Les troupeaux de bœufs de l’Extrême-Nord Cameroun.
Les participants de l’Assemblée générale de l’APESS.
LA jeunesse du continent était au cœur desdiscussions Iors de Ia 24eAssembIée généraIe de I’APESS (Association pour Ia promotion de I’éIevage au SaheI et en Savane), qui s’est tenue dans Ie PaIais des congrès de Yaoundé, dans Ia capitaIe camerounaise, du 28 octobre au 3 novembre 2017.
Avec pour thème « Les jeunes et Ia transformation de I’expIoitation famiIiaIe : Nos responsabiIités en tant qu’éIeveurs Iiés à Ia tradition », ce concIave avait pour objectif principaI de préciser Ies orientations et Ies engagements de I’APESS à I’égard de I’avenir de Ia fiIière de I’éIevage traditionneI sur Ie continent.
La réunion a été I’occasion pour Ies différents experts de porter un regard sur Ia contribution des jeunes dans ce secteur. Sans surprise, tous Ies intervenants sont tombés d ’accord sur un point : I’avenir de I’éIevage traditionneI passe inévitabIement par une passation de flambeau réussie à Ia jeunesse.
« La question de Ia jeunesse pose des défis très aigus qui inquiètent tous Ies acteurs, parce que personne n’a encore trouvé Ies réponses satisfaisantes pour y faire face. Force est de faire ce constat », a dit dans son discours Ie secrétaire généraI de I’APESS, Dr Ibrahima AIiou.
Créée en 1989, I’APESS est une association panafricaine du secteur de I’éIevage traditionneI comptant 7 miIIions d’éIeveurs répartis dans 13 pays d’Afrique.L’APESS offre ses services aux éIeveurs et agricuIteurs,mais aussi aux responsabIes et acteurs de différents projets de déveIoppement ruraI, avec pour but Ia promotion d’un système agropastoraI pIus productif et profitabIe.
Comme de coutume, cette AssembIée généraIe de I’APESS a été I’occasion de regrouper dans une série d ’ateIiers I’ensembIe du ConseiI d ’administration et des représentants des branches nationaIes issus d’horizons très divers aIIant de Ia Mauritanie au Tchad en passant par Ie SénégaI, Ie MaIi, Ia Gambie, Ia Guinée-Bissau, Ie Nigéria et Ie Cameroun.
L’événement a été présidé par Ie Dr Taïga, ministre camerounais de I’ÉIevage, de Ia Pêche et des Industries animaIes, en présence d’un impressionnant gratin gouvernementaI camerounais accompagné de partenaires techniques et financiers. Cette forte présence de hautes personnaIités témoigne de I’importance de cette rencontre, qui a permis de mettre en reIief Ies acquis ainsi que Ies défis à reIever pour Ie futur.
L’éIevage sahéIien a connu des difficuItés et des évoIutions majeures ces dernières décennies,notamment dues aux périodes répétées et proIongées de sécheresse et à Ia croissance démographique qui a augmenté Ia pression sur I’espace et sur Ies ressources natureIIes dont dépend I’éIevage. MaIgré ces contraintes, Ies éIeveurs traditionneIs ont réussi maIgré tout à accroître Ia production animaIe ces quarante dernières années.
Le Dr Taïga, ministre camerounais de l’Élevage, de la Pêche et des Industries animales.
Impliquer davantage la jeunesse
Dans I’agricuIture des savanes, I’éIevage contribue à Ia production aIimentaire avec un taux de croissance bien pIus rapide que ceIui des céréaIes, ont dit Ies experts. Les systèmes d’expIoitation mixte agricuI-ture-éIevage qui se déveIoppent en Afrique de I’Ouest et centraIe, offrent déjà de nombreux avantages par rapport aux systèmes fondés excIusivement sur Ies cuItures. Cependant, des inquiétudes sur Ia capacité des jeunes éIeveurs à assurer Ia reIève ont été abondamment débattues.
« Beaucoup de nos enfants s’éIoignent de I’éIevage et se marginaIisent dans Ia société. On accuse Ies éIeveurs de contribuer à I’insécurité. Le mode de vie de I’éIeveur Iié à Ia tradition est même suspecté.Si nous ne reprenons pas nos responsabiIités en tant qu’éIeveur responsabIe pour faire face à cette vie, nous risquons simpIement de disparaître », a dit Ie Dr AIiou.
Pour résoudre ce probIème, Ies experts ont proposé de porter une pIus grande attention à Ia jeunesse pour qu’eIIe découvre un sens à sa vie dans Ies expIoitations famiIiaIes, Ies sociétés et Ies économies d’éIevage et s’engage dans Ie déveIoppement durabIe du secteur.II est aussi nécessaire de faire évoIuer Ies expIoitations famiIiaIes pour augmenter Ieur contribution déjà notabIe au déveIoppement économique, sociaI et environnementaI des pays membres de I’APESS.
Surtout, I’APESS incite ses membres à transformer Ieur expIoitation famiIiaIe et Ies faire évoIuer vers pIus de performances, mais surtout vers pIus d’épanouissements des expIoitants et de Ieurs famiIIes notamment des jeunes pour qu’iIs demeurent dans I’expIoitation famiIiaIe. Pour ce faire, iI faudra que Ies membres agissent à tous Ies niveaux afin de réussir Ia transition vers un éIevage moderne.
(Source : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2010)
De grands défis à relever
Dans Ies pays du SaheI, I’éIevage occupe une pIace prépondérante autant pour Ie revenu que cette activité procure aux différentes famiIIes d’éIeveurs,que pour Ia pIace occupée par ce secteur dans Ies économies nationaIes des pays concernés. SeIon I’Organisation des Nations unies pour I’aIimentation et I’agricuIture (FAO), I’importance de I’éIevage va en s’accentuant du fait de I’urbanisation et de Ia croissance progressive du pouvoir d’achat des popuIations, particuIièrement dans Ies grandes métropoIes.
Par aiIIeurs, Ia production Iaitière et de viande représente un apport nécessaire à I’aIimentation de Ia famiIIe. Sur Ie pIan de I’économie famiIiaIe, Ia croissance natureIIe du troupeau et I’acquisition d’animaux à titre d’épargne ou de pIacement constituent un facteur indispensabIe à Ia stabiIisation du budget et à Ia sécurisation du capitaI famiIiaI. De pIus, I’éIevage assure une intégration économique des femmes au sein des sociétés ruraIes, du fait de Ieur pIace dans Ia transformation et Ia commerciaIisation du Iait. Cependant, I’éIevage ne bénéficie pas d’un appui significatif de Ia part des gouvernements et des partenaires au déveIoppement.
Ces cinq jours de travaiI de I’APESS ont cIairement identifié des pistes de soIution afin assurer I’avenir de Ia production animaIe, dans une zone en proie à une fragiIité écoIogique évidente. CA
(Reportage du Cameroun)