Aquaculture au Zimbabwe :la mer à boire ?
2017-11-15EnappuyantsurlestudesdeterrainunexpertagricolechinoisproposedessolutionsadaptesauxconditionslocalesenvuedemobilisertoutlepotentieldeaquacultureduZimbabweparLiXiaoyu
En s’appuyant sur les études de terrain, un expert agricole chinois propose des solutions adaptées aux conditions locales,en vue de mobiliser tout le potentiel de l’aquaculture du Zimbabwe par Li Xiaoyu
Aquaculture au Zimbabwe :la mer à boire ?
En s’appuyant sur les études de terrain, un expert agricole chinois propose des solutions adaptées aux conditions locales,en vue de mobiliser tout le potentiel de l’aquaculture du Zimbabwe par Li Xiaoyu
DU point de vue de l’exploitant agricolezimbabwéen Abel Gurupira, l’aquaculture n’a aucun rapport avec l’élevage bovin. Ainsi, à Milan Wood, sa ferme de 15 hectares dans la province du Mashonaland, les poissons, les bœufs et les volailles sont élevés séparément. Mais l’arrivée de Pan Tingshuang, un expert chinois en aquaculture de 44 ans, a changé la donne.
Après avoir visité la ferme en 2016, M. Pan a proposé une technique surprenante : nourrir les organismes présents dans l’étang, comme le plancton, avec les déjections fermentées des volailles et des bœufs. Pourquoi ? Avec un plan d’eau riche en organismes primaires,la productivité est augmentée car les poissons disposent alors d’une source de nourriture supplémentaire.
Abel Gurupira, lui, se dit inspiré : « Les poissons ne mangent pas de déjections. Mais les faire fermenter pour créer une nouvelle source de nourriture est une excellente idée. Cela permet de créer un cercle vertueux. » Aujourd’hui, ce système rationnalisé où l’aquaculture est associée à l’élevage des bovins et des volailles lui permet de réduire les dépenses, mais aussi de mettre à profit des déchets qui pourraient éventuellement poser un problème environnemental.
Il s’agit de l’un des nombreux exemples dont le docteur Pan se rappelle avec enthousiasme, après deux ans de mission au Zimbabwe. Membre de la quatrième mission agricole chinoise dans le pays, l’expert a une idée fixe dès son arrivée en novembre 2015 : mobiliser les grands potentiels de l’aquaculture locale.
Des fermiers zimbabwéens apprennent de nouvelles techniques aquacoles.
L’expert en aquaculture pan Tingshuang montre fièrement le fruit de son travail au Zimbabwe.
L’aquaculture, un profond potentiel
Selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, si la Chine reste de loin le premier pays aquacole, la pratique se répand ailleurs. Au Nigéria, la production aquacole est 20 fois plus importante que lors des deux dernières décennies et l’ensemble de l’Afrique subsaharienne semble suivre le même rythme. La filière zimbabwéenne, en dépit de ressources halieutiques abondantes, manque encore de dynamisme et ne contribue que pour moins de 10 % à l’économie nationale. De plus, le poisson ne fournit que 2 % de l’ensemble des protéines consommées par les Zimbabwéens. Enfin, chaque année, le pays doit importer depuis l’Afrique du Sud ou le Mozambique,près de 40 000 tonnes de poissons, pour combler le déf icit de l’offre aquacole.
Un phénomène qui conforte l’expert chinois dans sa volonté : « Avec les techniques appropriées, la filière peut être largement développée, ce qui permettrait d’accéder à un immense marché. Je travaille donc à renverser la tendance actuelle. »
Une collaboration de terrain
Avec ses vingt ans d’expérience dans la recherche aquacole, il offre des solutions adaptées à une cinquantaine d ’aquaculteurs et d’exploitants agricoles comme Abel Gurupira, avec qui il est en contact. L’une de leurs préoccupations majeures étant la nourriture des poissons, le docteur Pan se rend compte que le pays ne compte qu’un seul producteur et que la tonne de granulés peut s’élever jusqu’à 1 500 dollars. Avec des coûts de production aussi importants, les aquaculteurs doivent rationner l’alimentation des poissons,sans pouvoir prendre en compte les besoins réels.
Pour résoudre ce problème, M. Pan suggère aux fermes aquacoles de fabriquer elles-mêmes les granulés. Pour ce faire, le gouvernement chinois a fourni les machines nécessaires. « Une mécanisation simple comme celle-ci a une grande portée au Zimbabwe, car elle contribue à baisser les coûts de production. Les consommateurs, eux, peuvent ainsi avoir accès à des poissons bon marché », juge Tim Viilnen, un exploitant agricole local.
En quête de solutions viables
Mais la nourriture des poissons est loin d’être le seul obstacle qui entrave la filière aquacole zimbabwéenne.Au fur et à mesure de ses contacts, M. Pan se rend compte que le tilapia – la principale espèce exploitée sur place – n’est pas totalement adapté aux conditions naturelles de certaines régions. En effet, le tilapia,explique l’agronome, est une espèce tropicale vivant dans des eaux supérieures à 18 degrés. Au centre et au sud du pays, en revanche, les températures peuvent tomber jusqu’à moins de 10 degrés en hiver, nécessitant la construction de serres au-dessus des étangs. « Pourquoi ne pas essayer d’autres espèces plus adaptées,tout simplement ? La carpe possède une excellente résistance au froid et grandit rapidement », assure l’expert. lntroduite au Zimbabwe en 1986, la carpe y est toujours restée à l’état naturel. Cependant, un premier jet de reproduction artificielle est prévu pour l’année prochaine, avec des perspectives d’avenir optimistes. CA
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