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La dent sucrée

2017-08-07parLisaCarducci

中国与非洲(法文版) 2017年6期

par Lisa Carducci

La dent sucrée

par Lisa Carducci

On dit de quelqu’un qui a un faible pour les

desserts, le chocolat et autres douceurs qu’il a la « dent sucrée ».

Ce qui frappe un Occidental nouvellement arrivé en Chine, c’est que tout a un goût sucré, du pain au saucisson, en passant par les yaourts « nature ». On ajoute une cuillerée de sucre dans les légumes sautés comme les carottes et concombres en cubes ; on en couvre généreusement les tomates tranchées « à la neige » ; on en met dans la sauce du poisson – son nom le dit :tangcu(sucre et vinaigre). Les mets aigredoux augmentent à mesure qu’on va vers le sud-est, c’est-à-dire vers la « cuisine du Guangdong ».

Le premier café qu’un Chinois m’ait servi était du soluble « 3 en 1 », qu’il avait fait bouillir longtemps, en y ajoutant deux cuillères de sucre. Puis, dix ans plus tard, un autre ami m’offrait une bouteille de vin blanc qu’il ne boirait pas, car on lui avait dit de ne pas ajouter de sucre dans le vin, et il trouvait le vin trop acide.

Que dire des Starbucks de Chine qui offrent des cappuccino trois fois plus grands que ceux qu’on sert en Italie, ou un americano (qui n’est en fait qu’un espresso servi dans un grand verre), et que les clients sucrent généreusement ?

Un repas chinois ne comprend pas de « dessert » à proprement parler. Par contre, lors d’un banquet classique de vingt-quatre services, les quatre saveurs alternent, soit salé, sucré, piquant, acide. J’étais un jour invitée, à Beijing, par un couple américain bien peu au fait de la culture chinoise. La dame faisait enlever de la table les plats sucrés pour les déposer sur une table à côté, « pour tout à l’heure », critiquant les Chinois qui ignoraient que « le dessert se consomme à la f i n ».

L’an dernier, j’étais enchantée de découvrir dans mon quartier un Paris Baguette au nom bien français. Dans la vitrine, on exposait une trentaine de variétés de pain de style européen. Après avoir lu toutes les étiquettes, j’ai demandé s’il n’y avait pas un pain sans sucre. « Oui, m’a-t-on répondu ; celui-ci, à l’ail ; on y met du miel plutôt que du sucre. » Les Chinois consomment le pain comme un mets, ou une friandise, et non comme base pour un pâté ou un fromage.

On commence à voir un peu partout des comptoirs à desserts (glaces, crèmes, puddings, gâteaux, biscuits, salades de fruits, pâtisseries, etc.). On se croirait à l’étranger, car la disposition, le contenu ou le prix n’ont rien de chinois. Ces douceurs ne sont pas consommées comme un dessert à la f i n d’un repas, mais à la place d’un repas sauté, ou encore lors d’une collation.

Si l’intégration des cultures est un mal nécessaire, elle s’accomplit parfois avec des grincements de dents… CA

L’intégration des cultures.