Le style du stylo
2017-07-05WANGWENJIEmembredeladaction
WANG WENJIE, membre de la rédaction
Le style du stylo
WANG WENJIE, membre de la rédaction
Le véritable art consiste à se concentrer sur son œuvre sans rechercher la célébrité ni la richesse, jusqu’à ce que celles-ci viennent d’elles-même. Portrait d’un artiste du stylobille qui veut créer et partager la beauté.
L’art au stylo, dont le trait est invariablement fin, nécessite une extrême attention de l’auteur.
La majorité des gens voient dans le stylo-bille un simple outil destiné à écrire. Pour Liu Kai, il est le moyen de dessiner un merveilleux monde bleu. Peu connues dans les milieux artistiques, ses œuvres jouissent pourtant d’une certaine popularité parmi les internautes.
Depuis deux ans, quelques apparitions sur des médias en ligne très suivis comme la CCTV et le Quotidien du peuple ont fait que ses peintures au stylo-bille représentant des bâtiments à l’architecture traditionnelle chinoise sont reproduites sur de nombreux blogs et retransmises de manière virale sur les réseaux sociaux chinois. La Grande Muraille, le Palais d’été, l’ancienne résidence de la famille Qiao, le lion en bronze de la Cité interdite... Ultra-réalistes, certaines de ses œuvres ressemblent à des photos passées sous filtre bleu !
Un développement naturel
Liu Kai est né en 1992 dans le village de Zhuge dans le Sud-Ouest du Shanxi. C’est par sa passion pour la peinture qu’on le connaît dans son village. Peu intéressé par les études, il a quitté le système scolaire dès la fin du lycée en 2009. Parti travailler en ville, il profitait de son temps libre pour dessiner, jusqu’en 2013, l’année où il a décidé de rentrer dans son village natal pour se consacrer corps et âme à son art.
Il a repris le dessin au stylo-bille qu’il affectionnait alors qu’il était lycéen. « En réalité, je ne peux pas vous raconter une histoire fascinante ni une opportunité incroyable qui aurait déterminé ma carrière de peintre. Tout s’est passé de manière naturelle », raconte-t-il, modeste. Au début, il reproduisait des paysages dès qu’il se trouvait hors des salles de classe. Sa technique s’est perfectionnée et il s’est mis à dessiner à partir de photos prises par lui, d’illustrations dans les livres et d’images trouvées en ligne. Autodidacte, il n’a pas suivi de cours professionnels mais il a dévoré une quantité d’ouvrages consacrés aux beaux-arts et à la peinture traditionnelle chinoise.
La province du Shanxi, berceau de la civilisation chinoise, s’enorgueillit de son riche patrimoine culturel. Exposé dès l’enfance à ces ambiances chargées d’histoire, Liu Kai s’est beaucoup intéressé aux constructions antiques et c’est pour exprimer son admiration pour leur architecture qu’il a décidé de les coucher sur le papier. « Je voudrais célébrer la beauté d’un art par un autre art et présenter à tous les paysages pittoresques de mon lieu de naissance », explique-t-il.
Une popularité aussi soudaine qu’inattendue
Liu Kai prend l’habitude de mettre en ligne les œuvres dont il était satisfait pour les montrer à ses collègues et partager sa joie avec des internautes. Fin 2015, le Quotidien du peuple a publié sur son Weibo (microblog) neuf peintures de LiuKai, avec ce commentaire : « Tout cela est réalisé au stylo à bille. » Un article de microblog qui a valu à Liu Kai une popularité en ligne inattendue. Depuis, ses œuvres sont connues d’un nombre sans cesse croissant d’internautes.
Un bouddha exposé dans la Cité interdite reproduit au stylo par Liu Kai
« J’en suis très heureux, et je suis particulièrement reconnaissant du soutient des médias, affirme Liu Kai. Pendant toute l’année 2014, je suis resté à la maison pour dessiner. J’avais l’intention de ne partir travailler qu’après avoir épuisé toutes mes économies. Mais grâce à cette soudaine popularité de mes œuvres, je gagne désormais ma vie en vendant mes peintures. Plus besoin de chercher un emploi alimentaire ! Ce revenu que m’apporte la peinture me suffit pour faire face à mes dépenses quotidiennes, et je peux désormais m’adonner corps et âme à la création. » Il ne réalise que des œuvres uniques et par conséquent le rythme de sa production est très lent : il lui faut près d’un mois en moyenne pour parfaire un tableau.
« Je me rends bien compte que de nombreux reportages des médias sur mes œuvres ont connu une certaine évolution. Au début, on ne parlait que de mes œuvres, mais par la suite les reportages se sont mis à insister sur mon parcours scolaire et sur mon origine rurale. Même si je n’éprouve pas de sentiment d’infériorité en raison de ces deux étiquettes, je préférerais que les gens considèrent mes œuvres sans se focaliser sur ces aspects biographiques », nuance Liu Kai.
Un style qui se transforme
La peinture intitulée Un coin de l’histoire fait partie des tableaux de Liu Kai les plus admirés. C’est aussi une de ses préférées. Celle-ci représente la cour célèbre de l’intérieur de l’ancienne résidence de la famille Qiao, construite en 1756, qui se situe dans le village de Qiaojiapu dans le Shanxi. Les lignes bleues du stylo-bille exaltent une atmosphère solennelle et triste, où des lanternes rouges contrebalancent une certaine impression de froid qui rayonne à travers le papier.
Si Liu Kai a acquis la célébrité par ses peintures au stylo bleu, il préfère actuellement travailler au stylo noir, qui d’après lui refl ète mieux les vicissitudes de l’histoire. « À mes yeux, la couleur bleue est belle et romantique, tandis que la couleur noire est plus calme et élégante, explique Liu Kai. Certains y verront peut-être une transformation. Pourtant, cela ne représente pas un abandon de la création au stylo. J’aime les deux styles et je choisis ma couleur suivant le thème qui s’offre à moi. »
Son thème de création principal s’est lui aussi diversifi é. Liu Kai s’intéresse maintenant aux objets traditionnels. Récemment, il a visité de nombreux monastères et temples taoïstes qui l’ont beaucoup inspiré. « Il y a trop d’incertitudes dans la vie, et je suis très attaché à ces jours où je peux dessiner sans contrainte. Mes ambitions ne sont pas démesurées, je veux simplement progresser dans ma création et réaliser le plus possible d’œuvres réussies », conclut-il.
Le parc Jingshan à Beijing reproduit au stylo par Liu Kai
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