Renforcer la communication et la coopération pour développer davantage les relations sino-américaines
2017-07-05HONGLEI
HONG LEI*
Renforcer la communication et la coopération pour développer davantage les relations sino-américaines
HONG LEI*
En 1979, la Chine et les États-Unis ont établi des relations diplomatiques, mais leurs contacts officiels n ’étaient alors qu’infimes. Aujourd’hui, les deux pays multiplient les échanges de haut niveau, les deux gouvernements maintiennent un dialogue institutionnel sur un large éventail de questions. En effet, il existe, entre la Chine et les États-Unis, des mécanismes de dialogue stratégique, des plates-formes d’échanges de peuple à peuple. Au total, une centaine de mécanismes de dialogue et de consultation intergouvernementaux entre les deux pays ont été mis sur pied, couvrant les domaines politique, économique, sécuritaire, culturel, scientifique et technique. À ce jour, 47 accords de jumelage ont été noués entre provinces chinoises et États américains, et 215 villes chinoises possèdent une ville jumelle américaine.
Le maire de Houston a désigné le 2 février 2017 comme « journée Yao Ming ». En récompense à sa contribution aux échanges culturels et sportifs entre la Chine et les États-Unis, l’ancienne star de la NBA a également été nommée ambassadeur de la ville.
Des relations bilatérales de plus en plus étroites
En 1979, le commerce bilatéral sino-américain n’atteignait que 2,45 milliards de dollars et les investissements directs entre les deux parties étaient inexistants. En comparaison, en 2016, le volume d’import-export de marchandises entre les deux pays s’élevait à 578,59 milliards. En 2016, le stock des investissements dans les deux sens totalisait 170 milliards de dollars. Les investissements directs des entreprises chinoises aux États-Unis ont été portés à 45,6 milliards de dollars, soit le double de 2015. En outre, un tiers des avions civils construits par Boeing ont été vendus à la Chine ; tandis que 22 % du coton et 56 % du soja cultivés par les États-Unis ont été exportés vers la Chine.
Quant aux échanges de population, en 1979, ils étaient peu communs et concernaient moins de 10 000 Chinois et Américains. En revanche, en 2016, environ cinq millions de personnes, dont 2,6 millions de Chinois se rendant aux États-Unis, ont traversé l’océan Pacifique pour aller à la rencontre des uns des autres.
Ces profonds changements montrent clairement que les intérêts communs que partagent la Chine et les États-Unis l’emportent largement sur leurs divergences. Leur coopération, en plus d’être favorable à la stabilité et la prospérité dans le monde, répond aux attentes des deux peuples, et même, de la communauté internationale.
Des caractéristiques constantes comme ciment des relations
Après la constitution de la nouvelle administration américaine, bon nombre d’experts des deux parties ont commencé à se préoccuper vivement de la tournure qu’allait prendre la relation sino-américaine. À mon avis, quelle que soit l’évolution de la conjoncture à l’intérieur comme à l’extérieur dupays, quatre caractéristiques resteront inchangées dans la relation sino-américaine, à savoir :
Primo, les vastes intérêts communs des deux pays demeurent inchangés. Du commerce à l’investissement, des échanges en matière d’éducation à ceux de peuple à peuple, en passant par la coordination des politiques macroéconomiques nationales à la gouvernance économique globale, de la lutte contre les maladies à la prévention des catastrophes… Les intérêts communs entre les deux pays vont croissant et touchent des domaines de plus en plus divers, tant sur le plan bilatéral que multilatéral. La Chine et les États-Unis forment désormais une communauté d’intérêts.
Secundo, le fait que le développement d’un des deux pays offre des opportunités à l’autre partie demeure inchangé. L’économie chinoise se fixe pour objectif de maintenir une croissance moyennement rapide. À l’heure actuelle, le PIB chinois progresse de 800 milliards de dollars par an. Selon nos estimations, dans les cinq prochaines années, les importations chinoises se situeront aux alentours de 8 000 milliards de dollars et l’investissement chinois à l’étranger, autour de 750 milliards ; aussi 700 millions de touristes chinois se rendront à l’étranger, ce qui apportera de nouvelles opportunités aux différents pays, dont les États-Unis. De leur côté, les États-Unis promeuvent activement la concrétisation de la mise à niveau de l’industrie manufacturière, l’innovation technologique et la construction d’infrastructures comme stratégies de développement. En Chine comme aux États-Unis, l’économie suit une bonne dynamique de croissance, qui offre un grand espace pour la coopération entre les deux pays.
Tertio, les attentes des divers milieux et de l’opinion publique dans les deux pays pour le développement stable des relations bilatérales restent inchangées. Six années de suite, le gouverneur du Michigan, Rick Snyder, a effectué des visites annuelles en Chine, ce qui a grandement favorisé la coopération multisectorielle entre cet État américain et la Chine. C’est en 1985 que le gouverneur de l’Iowa, Terry Branstad, a rencontré pour la première fois le président chinois Xi Jinping, alors secrétaire au Comité du Parti communiste chinois pour le district de Zhengding (province du Hebei), qui venait dans l’Iowa pour y mener une mission d’étude agricole. À cette occasion, les deux hommes s’étaient liés d’amitié. Les années qui ont suivi, le gouverneur Branstad a visité la Chine à plusieurs reprises. Il précise que l’Iowa et la Chine ont engagé, sur la base du respect et de la confiance mutuelles, de nombreux projets de coopération mutuellement bénéfiques et gagnantgagnant jusqu’à fonder un solide partenariat. Bien entendu, l’Iowa entend poursuivre cette coopération pragmatique tous azimuts avec la Chine.
Hong Lei (2erang au centre), consul général de Chine à Chicago, et des spectateurs du Marathon de Chicago, le 9 octobre 2016
Quarto, la communauté internationale attend toujours de la relation sino-américaine qu’elle joue un rôle constructif dans le maintien de la paix, du développement et de la stabilité dans le monde. En quelques chiffres, la Chine et les États-Unis, ensemble, ce sont un tiers de l’économie mondiale, un quart de la population mondiale et un cinquième du volume commercial mondial. C’est pourquoi la communauté internationale espère que la Chine et les États-Unis jouent un rôle constructif sur des questions comme la promotion de la croissance économique mondiale, la résolution des problèmes mondiaux, l’apaisement des conflits régionaux et le traitement des dossiers brûlants dans le monde d’aujourd’hui.
On peut dire que ces caractéristiques invariables constituent le principal « facteur de certitude » de la relation Chine–États-Unis. Autrement dit, au vu de ces caractéristiques, il convient aux deux pays de choisir l’amitié et la coopération comme orientations du développement de leur relation à venir.
D’ailleurs, comme nous avons pu le voir, le président Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump ont tenu avec succès un entretien téléphonique de haute importance. Les deux parties ont confirmé l’importance que revêt la relation Chine–États-Unis pour les deux pays, comme pour le monde entier. Le président américain Trump a expressément souligné que l’administration américaine continue d’adhérer à la politique d’une seule Chine, une position saluée par le président Xi. Les deux chefs d’État ont convenu d’entretenir des contacts étroits, tout en intensifiant les échanges et la coopération. Ils ont ainsi atteint un consensus décisif à même de sauvegarder les assises politiques des relations bilatérales, de balayer les obstacles politiques entravant le développement de cette relation, d’apaiser les inquiétudes et les doutes dela communauté internationale à cet égard, et enfin, de créer des conditions nécessaires à la coopération entre les deux nations dans différents domaines, sur les plans bilatéral, régional et global.
Comment faire progresser davantage les relations Chine–États-Unis ?
Les avancées susmentionnées sont encourageantes. Les perspectives des relations unissant les deux pays, considérées comme les plus importantes relations bilatérales dans le monde actuel, touchent au destin du monde et à l’avenir de l’humanité. À présent, la tâche la plus urgente consiste à sortir au plus vite de la « période de rodage », de sorte que la relation Chine–États-Unis puisse réaliser de plus grands progrès durant le mandat du président Trump. Alors, comment accomplir cette tâche ? J’aimerais avancer quelques idées qui pourraient servir de base de réflexion.
Premièrement, chacune des parties doit considérer de façon appropriée la visée stratégique de l’autre partie, respecter ses intérêts centraux et ses préoccupations majeures, ainsi que traiter et gérer les divergences d’une manière constructive.
Volume du commerce bilatéral entre la Chine et les États-Unis ces dernières années
En dépit des réalisations remarquables que la Chine a enregistrées dans l’édification de la modernisation socialiste, sous les regards admiratifs du monde entier, il faut noter qu’elle reste un pays en développement densément peuplé. Certes, la Chine s’est hissée au deuxième rang mondial en considération de ses agrégats économiques, mais rapportés à sa population de plus de 1,3 milliard, cela revient à un PIB par habitant d’environ 8 000 dollars, ce qui place le pays au 70erang mondial. Rappelons également que la Chine abrite plus de 40 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, plus de 70 millions de personnes subsistant grâce aux minima sociaux, sans oublier les 80 millions et plus de personnes handicapées. À ceux-ci doivent s’ajouter les 10 millions de nouveaux demandeurs d’emploi qui débarquent chaque année sur le marché du travail.
Par conséquent, des défis majeurs attendent encore la Chine. Le plus grand vœu du pays aujourd’hui est de se concentrer sur son développement, afin de garantir et d’améliorer les conditions de vie du peuple. Pour atteindre cet objectif, la Chine a besoin de coexister en harmonie avec les autres pays et de coopérer avec eux dans le cadre d’une relation bénéfique à tous. Et les États-Unis ne font pas exception.
Deuxièmement, nous devons continuer à suggérer des idées innovantes, à explorer nos potentiels respectifs et à intensifier davantage la coopération gagnant-gagnants dans les secteurs du commerce, de l’investissement, des sciences et technologies, de l’énergie et des infrastructures, pour générer des résultats bénéfiques pour tous.
La coopération économique et commerciale sino-américaine aide, dans une certaine mesure, la Chine à s’intégrer dans le processus de mondialisation. La Chine a considérablement appris auprès des États-Unis dans les sphères de l’industrie et des affaires. D’un autre côté, cette coopération a aussi amplement profité aux États-Unis. Selon un rapport de US-China Business Council, le commerce bilatéral et les investissements dans les deux sens entre la Chine et les États-Unis en 2015 ont permis la création d’environ 2,6 millions d’emplois, pour une contribution à la croissance économique américaine à hauteur de 1,2 % du PIB.
Selon le rapport US State Exports to China (2006-2015), rendu public en 2016 par ce même organisme, au cours de cette période 2006-2015, les exportations américaines vers la Chine ont enregistré une croissance plus forte que celles à destination des principaux autres partenaires commerciaux. À l’heure où l’économie chinoise maintient une croissance marquée par la stabilité, le pouvoird’achat de la population se renforce, ce qui promet l’élargissement graduel du marché de consommation chinois. À l’avenir, les exportations américaines vers la Chine ne manqueront pas de s’accroître de manière visible. Celles-ci pourraient atteindre, toujours selon la même source, 520 milliards de dollars à l’horizon 2050.
Selon les statistiques du ministère chinois du Commerce, les investissements réels américains ont augmenté l’an dernier de 55,4 % en Chine, en glissement annuel. En octobre 2016, un rapport publié par US-China Business Council sur l’environnement d’affaires en Chine affirmait que trois quarts des entreprises américaines implantées en Chine voient d’un œil optimiste les perspectives de l’économie chinoise ; 90 % sont rentables sur le marché chinois et environ la moitié déclare vouloir investir davantage en Chine. Parallèlement, nous espérons que les États-Unis seront prêts à ouvrir leurs portes aux investisseurs chinois pour que les investissements et la coopération commerciale puissent se développer de manière saine dans un environnement plus équitable, plus transparent et plus ouvert.
Troisièmement, nous devons continuer à consolider les fondements des échanges entre les populations, à approfondir la compréhension mutuelle et à consolider l’amitié entre les deux peuples, en élargissant les échanges touristiques, éducatifs, culturels et artistiques.
Le président Xi a profondément été touché par la sincérité et l’hospitalité des habitants locaux lors de sa première visite dans l’État de l’Iowa en 1985. Selon le gouverneur du Kansas, Sam Brownback, les personnes vivant au centre et à l’ouest des États-Unis sont généralement des gens honnêtes, travailleurs et très attachés aux valeurs familiales, présentant ainsi de nombreuses similitudes avec le peuple chinois.
En septembre dernier, j’ai assisté à deux concerts du célèbre pianiste chinois Lang Lang, l’un à Champaign dans l’Illinois et l’autre à Carmel dans l’Indiana. À la fin de chaque concert, les spectateurs de toute la salle étaient debout pour applaudir la performance remarquable de Lang Lang. À ce moment-là, j’ai ressenti au fond de moi-même à quel point les peuples chinois et américains apprécient tous deux les belles représentations artistiques. Ces soirées qui symbolisent l’amitié et la concorde devraient se multiplier dans les deux pays. Ce vœu était certainement partagé par toute l’assistance.
Quatrièmement, la Chine et les États-Unis doivent maintenir une communication et une concertation constantes dans les affaires internationales et régionales. En particulier, les deux pays doivent intensifier la coop ération dans le traitement du dossier nucléaire de la péninsule coréenne, la question afghane, la crise syrienne, la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération, la répression de la criminalité transnationale et d’autres domaines encore, en vue de promouvoir la gouvernance économique mondiale ainsi que de sauvegarder ensemble la paix et la stabilité dans le monde.
La question nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est actuellement au cœur de l’actualité. Beaucoup estiment que la Chine pourrait jouer un plus grand rôle dans ce dossier, en exerçant une pression plus forte sur la RPDC. Depuis le début, la Chine s’en tient toujours au principe de la dénucléarisation de la péninsule coréenne ; au maintien de la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne ; et à la résolution des problèmes par voie de dialogue et de consultation. Nous devons mettre en œuvre consciencieusement les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et prendre des mesures encore plus efficaces pour empêcher la RPDC de développer ses programmes d’armes nucléaires et de missiles. Parallèlement, nous devons, comme toujours, chercher une solution à la question nucléaire de la RPDC à travers le dialogue et des négociations diplomatiques. La clé de cette question réside dans la contradiction entre les États-Unis et la RPDC, parties les plus impliquées dans l’affaire. Ils doivent prendre, dans les plus brefs délais, des décisions politiques pour renouer le dialogue et améliorer leurs relations. La partie chinoise est diposée à jouer un rôle positif dans cet effort.
À l’heure actuelle, la situation économique mondiale, en panne de moteurs de croissance, reste incertaine. Afin de contribuer significativement à la reprise et à la croissance durable de l’économie mondiale, la Chine et les États-Unis doivent intensifier leur dialogue sur la politique macroéconomique et entreprendre une coopération constructive pour faire face à la crise financière internationale. Comme l’attestent les faits, les deux pays ont déjà constitué un modèle de coopération relativement mûr dans un certain nombre de domaines liés à la gouvernance mondiale. Que la Chine et les États-Unis jouent un rôle constructif dans la croissance économique mondiale, la résolution des problèmes mondiaux, l’apaisement des conflits régionaux et le traitement des dossiers brûlants dans le monde d’aujourd’hui, pour qu’ensemble ils contribuent au bien-être de l’humanité : tel est le vœu commun formulé par le monde entier.
La Chine et les États-Unis doivent intensifier leur dialogue sur la politique macroéconomique et entreprendre une coopération constructive pour faire face à la crise financière internationale.
*HONG LEI est consul général de Chine à Chicago, aux États-Unis.
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