CPI:audience ajournée ?
2017-01-25
CPI:audience ajournée ?
QUAND l’Union africaine (UA) a annoncé une stratégie de retrait collectif de ses États membres de la Cour pénale internationale (CPI) lors du sommet annuel des chefs d’État à Addis-Abeba en janvier, l’appel a eu des répercussions dans le monde entier. À la tête de ce retrait, l’Afrique du Sud, la Gambie et le Burundi, même si la Gambie a fait savoir qu’elle prévoyait d’y adhérer de nouveau.
La CPI a été établie pour poursuivre et juger les personnes responsables de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre. Elle est entrée en vigueur en 2002 avec l’adoption du Statut de Rome et a été ratif i ée par 124 pays, dont 34 pays africains, avec l’absence remarquée de la Chine, de la Russie et des États-Unis.
La plupart des critiques liées au mécontentement de l’Afrique à l’égard de la CPI tournent autour des accusations de saper la souveraineté nationale, de cibler injustement les Africains et les dirigeants africains et d’être un instrument occidental biaisé contre l’Afrique.
Pour sa part, la CPI a rejeté ces allégations, en maintenant qu’elle suit le cours de la justice pour les victimes de crimes de guerre commis sur le continent. Elle a aussi l’obligation de garantir que tout préjugé perçu ou réel lié à son activité contre les
dirigeants sur le continent africain soit éliminé.
Le porte-parole de la CPl Fadi El Abdallah a déclaré que pour restaurer la conf i ance de l’Afrique dans son autorité, il fallait continuer à assurer la justice et des procédures équitables qui respectent le droit des victimes et des accusés. Il a aussi souligné que la CPI était ouverte pour discuter de toute autre préoccupation concernant une meilleure explication de certaines décisions que la cour a prises.
Tous en Afrique ne sont cependant pour le retrait de la CPI.
Le ministre des Affaires étrangères du Nigéria Geoffrey Onyeama estime que la
cour joue « un rôle important pour que les dirigeants puissent rendre compte » et
que « le Nigéria n’est pas la seule voix qui s’élève contre le retrait ; en fait, le Sénégal a exprimé vivement son désaccord, et le Cap-Vert et d’autres pays sont aussi contre ».
Beaucoup d’observateurs se demandent ce qui pourrait remplacer la CPI en
Afrique. Une option possible est la Cour africaine des droits de l’homme et des
peuples, établie par l’UA en 2004, qui a adopté le Protocole de Malabo en 2014 et
étend le mandat de la cour pour inclure le code pénal international. Pour que le protocole entre en vigueur, il doit néanmoins être signé et ratif i é par au moins 15 pays, ce qui n’a pas encore eu lieu. Elle accorde aussi l’immunité aux chefs d’État en exercice, à la différence de la CPI. Cela crée des problèmes de légitimité dans de nombreuses parties d’Afrique.
En fi n de compte, personne n’est au-dessus de la loi, peu importe le statut off i ciel. Tant que la CPI respecte son mandat, à savoir de présenter devant une cour les responsables d’atrocités – un mandat donné par les pays signataires – elle occupe alors une place de choix dans la société.
LE RÉDACTEUR EN CHEF